Année charnière pour la MRC du Granit

La préfet Marielle Fecteau verra le paysage changer dans les prochaines semaines.

La préfet du Granit, Marielle Fecteau, jette un regard par la fenêtre de la salle de conférence, depuis l’ancien établissement hôtelier que la MRC a loué rue Agnès. Devant elle, une vue imprenable sur ce qui reste du centre-ville. Pour l’instant, l’Eau Berge se dresse tel un rempart et masque l’église Sainte-Agnès dont on n’aperçoit que le clocher. Après la démolition, l’église au grand complet sera dévoilée. Et en même temps, la vision d’un champ de ruines entre elle et l’hôtel de ville. «Tout ce qui a été fait l’a été avec la meilleure volonté du monde», soupire-t-elle, en ce début d’une autre année charnière pour l’organisme supramunicipal qu’elle dirige, au moins jusqu’à l’automne, si élection il y a.

Depuis que les anciens locaux de la rue Frontenac ont été incendiées, réduisant en cendres l’ensemble des archives et de ses ressources matérielles, la MRC a mis à peine plus d’un mois après la tragédie à se réinstaller en neuf dans des locaux sous bail de deux ans, avec option sur une troisième année qui la conduira à l’été 2016.

L’automne dernier, elle a essuyé une deuxième épreuve, politique celle-là, avec des coupures du budget affecté au CLD d’environ 230 000$ qui ont eu pour effet de passer quelques postes à la moulinette, dont deux au bureau d’accueil touristique qui a dû revoir à la baisse ses heures d’ouverture. Fini la présence d’un préposé douze mois par année.

Que cela ne tienne, quand le nouveau siège social sera construit, en face de l’hôtel de ville, de l’autre côté de la rue Frontenac, à l’intérieur du bloc 1 aujourd’hui décontaminé, il abritera sur deux étages entre 31 et 34 fonctionnaires de la MRC, du CLD et du bureau d’accueil touristique réunis sous le même toit.
Le personnel de la MRC n’a pas souffert du vent d’austérité soufflé depuis Québec. Entre 20 et 22 personnes ont trouvé refuge dans l’ancien Manoir d’Orsennens devenu vacant. Si tout va bien, ils déménageront leurs pénates au printemps 2016 dans le nouvel édifice à construire à quelques centaines de mètres de là, de l’autre côté de la rivière Chaudière.

«Nous venons de lancer les appels d’offres pour les architectes et les ingénieurs. Nous ouvrirons les soumissions lors de notre assemblée du 18 mars», précise la préfet. Si tout se passe comme prévu, début des travaux à l’automne pour une livraison au printemps 2016. Un appel d’offres lancé sur deux options, la première pour répondre aux besoins d’espaces de la MRC, du CLD et du secteur tourisme, la deuxième ajoutant un autre volet, le Centre magnétique… «si on parvient à obtenir le financement nécessaire», spécifie bien Marielle Fecteau.

Par la force des choses, le CLD est en pleine restructuration. Le commissaire en poste à l’agroforestier n’a pas été remplacé et il a fallu enlever la ressource et la personne responsable de la promotion au bureau d’accueil touristique. Les budgets n’étant plus là, on essaie d’avoir les meilleurs services possibles avec le personnel qu’on a.»

Agréable surprise, le guide touristique 2015 sera livré au même montant recueilli l’an dernier.
L’industrie touristique a été perturbée par l’événement de 2013. «Quelques entreprises ne sont plus là, mais on compose avec celles qui restent. Il faut se montrer optimiste et dire qu’il va en revenir un certain nombre», dit encore Marielle Fecteau.

Entre-temps, le travail continue. Le service de l’évaluation municipale presse le pas dans cette deuxième et dernière année de la rénovation de toutes les fiches d’évaluation des propriétaires établis dans les vingt municipalités du territoire de la MRC. Un travail titanesque qui exige la visite de chacun des immeubles. «Les rôles vont avoir été refaits au complet. Ça va être juste et équitable pour tout le monde.» Mais certains sursauteront en découvrant la nouvelle valeur à leur dossier. À ceux-là elle répond: «Tu ne peux pas avoir une évaluation pour vendre et une autre, plus basse, pour payer tes taxes!»

Fermeture des CRÉ

La disparition annoncée par Québec des conférences régionales des élus, les CRÉ, changera la donne en terme d’aide financière accordée aux projets municipaux et régionaux. «Les effets de cette fermeture on ne les voit pas maintenant. Les projets déjà acceptés vont être finalisés et l’argent non encore redistribué qui va rester dans les livres du CRÉ Estrie va être redonné aux MRC de la région 05 (Cantons-de-l’Est). Combien au juste? Personne ne peut le dire pour l’instant!»

L’impact de ces subventions venait souvent faire la différence entre un projet municipal appelé à se réaliser ou non. Exemple: «L’appel d’offres de 900 000$ laissé sur les tablettes pour la région 05, générait des investissements de 5 millions de dollars. C’est surtout la fin de 2015 (quand la CRÉ-E fermera les livres) qu’on va voir les conséquences.»

Élections à l’automne?

Nommée l’an dernier par ses pairs à la succession de Maurice Bernier, qui a démissionné pour des raisons de santé, Marielle Fecteau termine officiellement à l’automne le mandat prolongé de deux ans déterminé par une loi spéciale sur la tragédie de Lac-Mégantic. Sera-t-elle intéressée à devenir candidate à sa propre succession si des élections au suffrage universel sont réclamées par le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau? «Pourquoi pas?» Avant la tragédie de juillet 2013, alors qu’elle occupait la mairie de Lac-Drolet, Marielle Fecteau avait été la première à se mettre sur les rangs pour succéder à Maurice Bernier qui ne comptait pas solliciter un nouveau mandat aux élections générales.

Malgré les nombreux défis qui se sont ajoutés à sa charge, elle semble prête à poursuivre le travail, avec la même énergie.