Oscar Brochu

Apprendre de la leçon de Lac-Mégantic

Apprendre de la leçon de Lac-Mégantic - Rémi Tremblay : Actualités

Daniel Green poursuit son combat pour obtenir des données environnementales de l’après-tragédie. (Photo Pierre Lebeau)

Observateur privilégié de la tragédie de Lac-Mégantic et de ses conséquences sur l’environnement, dès les premières heures qui ont suivi le déversement de pétrole au centre-ville, le militant environnementaliste Daniel Green s’est pointé lundi, au palais de justice de Lac-Mégantic, afin d’assister au dénouement de la procédure judiciaire intentée par le gouvernement fédéral en vertu de la Loi sur les pêches et de la Loi sur la sécurité ferroviaire.

«La loi sur les pêches est une loi des plus fortes en matière de protection de l’environnement. On dit souvent que les poissons sont mieux protégés que les humains au Canada. Ils ont plus de droit à un environnement sain que les humains. Les amendes sont très fortes», a-t-il confié en entrevue à l’Écho.
Contrairement au niveau provincial, quand un pollueur est accusé pour avoir contrevenu à la Loi sur les pêches, l’argent des amendes ne va pas dans le fonds consolidé de l’état, mais dans un compte de défense de l’environnement. Cela permet à des groupes environnementaux et même à des municipalités de demander à puiser dans ces fonds afin de réaliser des projets d’amélioration de l’environnement.

Pour obtenir un jugement favorable, les procureurs fédéraux n’ont qu’à faire la preuve du déversement d’une substance polluante dans l’habitat du poisson, ici la rivière Chaudière et le lac Mégantic, et qu’il y ait eu des conséquences au geste. Dans le dossier de Lac-Mégantic, les accusés ont plaidé coupables devant le tribunal et obtenu leur sentence.

Mais le fonds de la question n’est pas réglé pour autant, selon Daniel Green, qui poursuit ses démarches devant la Commission d’accès à l’information et le Tribunal administratif du Québec afin d’obtenir une réponse à plusieurs questions que soulève notamment le Plan de gestion de contamination résiduelle de la rivière Chaudière mis en place par le gouvernement du Québec et son ministre de l’Environnement de l’époque, Yves-François Blanchet.

«J’avais demandé plein de documents, toutes les analyses d’air dans la zone de déflagration dans les semaines après l’événement, pour voir quelles sont les concentrations auxquelles ont été exposés entre autres les travailleurs de terrain, le bureau du coroner, la Sûreté du Québec. Il y avait une entreprise américaine engagée par la MMA pour faire ces analyses-là. On parle de milliers de pages d’analyse d’air, littéralement à tous les 50 mètres, beaucoup plus élaborés que les postes d’analyse du ministère de l’Environnement.»

Le Tribunal a accepté de lui donner accès au rapport final de l’avis professionnel indépendant réalisé par Émilien Pelletier, professeur à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski, moyennant des frais de photocopie de 1200$. Daniel Green a contesté et finalement eu gain de cause, mais, le rapport qu’il a obtenu a été abondamment caviardé. «Pourtant, on parle ici de contaminants qui risquent d’affecter la santé humaine», insiste-t-il.

Au cours des audiences, Daniel Green a été à même de constater les différends entre le ministère québécois de l’Environnement et son homologue fédéral. «Par exemple, alors que le ministère québécois parle d’un déversement de 100 000 litres de contaminants dans la rivière Chaudière, Environnement Canada parle du double. Les plus hautes concentrations analysées se trouvaient au Citron Vert (la marina) et à la caserne d’incendie. Je ne comprends toujours pas pourquoi le gouvernement du Québec n’a pas rendu publiques ces données. Il y a beaucoup de premiers répondants qui ont été exposés à ces produits-là.»

Dans les échanges de courriels, il a appris notamment que quatre policiers incommodés avaient été pris en charge par les services de santé. «C’est fascinant de lire ça, parce que tu vois comment l’état gère une crise.» Autre incompréhension, pourquoi la Société d’intervention maritime de l’Est du Canada (SIMEC), une compagnie privée qui appartient aux pétrolières et qui a été mandatée par MMA pour s’occuper du déversement au jour 1 de la tragédie, a pu être remerciée de ses services le 24 septembre 2013 pour donner la clé du chantier à l’entreprise Pomerleau.

«Tous les navires qui entrent dans le fleuve St-Laurent sont obligés en vertu de la Loi sur la marine marchande d’avoir un contrat en bonne et due forme avec Simec. «Si Simec, d’après le ministère de l’Environnement, n’a pas été capable de régler un petit déversement dans une rivière, comment elle va faire pour régler 10 tonnes déversées dans le fleuve?»

Encore beaucoup de données, sur des centaines de pages, sont inaccessibles au grand public et ne pourront pas être dévoilées avant 2024. Notamment la correspondance du bureau du Ministre. «On retourne devant le Tribunal en septembre prochain. Non seulement je veux que toutes les données nous soient remises, mais je veux aussi que tout soit accessible sur le site du ministère de l’Environnement», insiste Daniel Green
.
Pourquoi tant d’acharnement? «La rivière Chaudière a été un banc d’essai. C’est le manque de préparation du Ministère qui fait froid aux yeux. On est mieux d’apprendre de cette tragédie pour être plus aptes à intervenir dans la prochaine, parce qu’il va y en avoir une! Que ce soit un pipeline qui pète, un train qui déraille ou un pétrolier qui s’ouvre. Je comprends que ça risque d’ouvrir des cicatrices, mais le service que Mégantic pourrait rendre au reste du Canada est immesurable. Ce qui s’est passé ici, on doit l’utiliser pour que la prochaine fois on puisse intervenir plus rapidement et de façon plus professionnelle.»

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