Le bon sens va-t-il prévaloir?

Mardi, le 11 juin, plus de deux cents citoyens assistaient avec beaucoup d’intérêt à la première rencontre du BAPE environnemental. Ce BAPE était présidé par M. Joseph Zayed, assisté du commissaire Pierre Renaud. Pour débuter, on nous a présenté un résumé de la tragédie, le travail fait depuis et les raisons qui ont motivé la Ville à vouloir une voie de contournement ferroviaire.

Après cet exposé, M. Zayed a demandé aux personnes qui désiraient s’exprimer de s’inscrire. Chaque personne était limitée à deux questions. La période des échanges commence. Plusieurs questions s’adressaient à l’initiateur du projet, la Ville, représentée par M. Conrad Lebrun, ingénieur. Ce fut facile de constater qu’avec l’hésitation et l’impuissance de celui-ci à répondre à la grande majorité des questions, M. Lebrun n’était pas vraiment préparé à affronter le sujet, levant les épaules, se tournant vers les représentants des autres firmes, Aecom et Stantec, aussi impliquées dans le projet. Mais ceux-ci n’en savaient souvent pas plus, à tel point que M. Zayed leur a demandé de faire leurs devoirs pour être en mesure de répondre le lendemain. C’était assez gênant pour M. Lebrun et même pour nous de constater que quelqu’un d’aussi important dans le projet soit aussi peu informé, mais avec un peu de recul, je me pose une question : et si ce n’était pas lui qui, de prime abord, était sensé être là? Voilà que tout cela deviendrait un peu plus compréhensible, mais pas plus excusable.

Dans les rencontres précédentes, c’était toujours Marie-Claude Arguin qui était à l’avant, bien informée, prête à répondre à la population. Mais avec sa récente démission, la Ville a peut-être pris son ingénieur comme un «agneau à sacrifier». L’inquiétude des gens les amenait à questionner sur le tracé actuel qui demeure toujours aussi inacceptable et combien désastreux, et cela, du point A au point Z.

Au cours des trois rencontres, les personnes présentes ont pu constater les manigances de nos dirigeants, entre autres une révélation qui a eu l’effet d’une bombe : en juin 2018, secrètement, Stantec et la Ville ont recommandé à Transports Canada de ne pas étudier les autres tracés alternatifs et aussi de ne pas retenir celui faisant consensus, pour aller de l’avant rapidement. Le président, M. Zayed, n’en revenait tout simplement pas. «Je vous avoue que ceci est une information qui me désarçonne, a-t-il dit. J’ai toujours cru que c’était l’étude d’impact, la science, qui ont fait que l’initiateur du projet a exclu les autres variantes.» Mais ce n’était pas le cas, sur un document de la firme Stantec, chargée du projet pour la ville, on peut lire qu’il est recommandé de poursuivre le projet en utilisant le tracé 2 tel qu’annoncé lors du 1er mai, sans apporter de modification au tracé retenu afin de respecter les échéanciers annoncés. Il est recommandé que la Ville de Lac-Mégantic lance la phase 2 afin d’effectuer les relevés de terre et investigations géothermiques durant la période estivale. Et cela toujours pour que cela se fasse vite, sans égard pour l’environnement. Vite et bien dans ce cas-ci ne vont pas de pair.

Plusieurs interrogations venant de l’assistance concernaient le pourquoi d’un tracé aussi peu réfléchi qui ne contribuera qu’à détruire davantage la ville en l’enclavant. Pourquoi s’acharner à vouloir détruire le reste de la ville, créant ainsi une autre tragédie pour les générations à venir ? Il ne faudrait pas que l’histoire se répète et que le gouvernement ait à présenter ses excuses dans 40 ans, comme il l’a fait pour Mirabel. Ce sera trop tard.

À la séance de mercredi soir, j’ai mentionné que lors d’une rencontre avec le député François Jacques, celui-ci m’avait dit, et je cite : «Faut pas se le cacher, Mme Boulanger, il s’en vient quelque chose de gros à Lac-Mégantic. Il s’envient un train touristique.» Ce à quoi j’ai réagi : «Oh la la, j’en connais qui n’aimeraient pas vous entendre me dire ça !» Car à une rencontre précédente avec Transports Canada, la conseillère Manon Bernard avait nié cette «rumeur». Cette révélation amène M. Zayed à poser des questions à madame la mairesse qui n’a pas d’autre choix que de l’avouer. Mais, se dépêche-t-elle d’ajouter, «Il n’est pas question qu’il passe au centre-ville. Il arrêtera où il voudra mais pas au centre-ville!»

Un autre point, j’émets un commentaire sur la présentation du projet. J’explique que je le trouve biaisé, car on mentionne la destruction de 81 immeubles, mais on ne dit pas qu’il y en a 26, dans ce lot, qui n’étaient pas contaminés et qui ont été détruits inutilement. Encore une fois, M. Zayed n’en revenait pas. C’était la première fois que cette information lui était transmise. Même chose pour une représentante de Transports Canada qui, après la rencontre, est venue me parler pour avoir plus de détails. Elle semblait assez troublée d’une telle découverte.

Nous, les citoyens, on aimerait bien aussi savoir le pourquoi ? Serait-ce un chantage politique et monétaire ? C’était quoi l’enjeu ? Un jour tout se saura!

Le BAPE sera présent à Lac-Mégantic afin d’évaluer l’impact sur l’environnement qu’aura la construction de ce tracé. C’est très important que tous nous fassions connaître notre point de vue. Entre autres, les terrains humides, les érablières, les plantations, les fermes agricoles, etc. Il y a aussi que le tracé passera au-dessus de la rivière Chaudière. Il y a danger de contaminer l’eau de la rivière de Lac-Mégantic à Lévis. Un point qui m’inquiète par-dessus tout, c’est le risque de contamination de la nappe phréatique qui abreuve la ville. Le danger en dynamitant dans le roc et le granit c’est que cela peut causer des fissures. Il ne faut pas oublier qu’avec les pluies torrentielles, la fonte des neiges, l’huile perdure au passage des trains, tout cela ajouté à un canal de plus de 100 pieds en descente, et la possibilité de bibittes mortes tombées dans ce ravin sont un parfait cocktail pour contaminer cette précieuse richesse naturelle d’une grande importance.

Après avoir abordé ce sujet lors de la dernière rencontre, M. Zayed a questionné les représentants de Transports Canada. Les réponses étaient un peu évasives, mais au terme de cette discussion, M. Zayed dit : «Comme ça, les inquiétudes de Mme Boulanger sont fondées ?» Et la réponse fut oui.

À l’émission 24/60 le 11 juin, M. Robert Bellefleur déclarait à Mme (Anne-Marie) Dusseault: «Pour le tracé, on l’accepte tel que présenté ; c’est sûr que ce n’est pas le tracé idéal, etc.» M. Bellefleur, après avoir crié haut et fort que le tracé proposé ne faisait pas l’unanimité et qu’il n’aiderait en rien à la réinsertion sociale, vous changez votre «capot» de bord. Décevant ! Pourvu que le tracé passe en dehors de la ville et que la gare de triage soit dans le parc industriel, ça vous suffit. Moi aussi je la souhaite cette gare de triage dans le parc industriel, parce qu’avec le danger de la pente de Nantes éliminé, il n’y aura plus de raison de faire plus loin. Une économie très appréciable monétairement, mais surtout environnementalement. Car à ce mont-là on éviterait de détruire une maison ancestrale où vit une 4e génération, on évite de passer au-dessus de la rivière Chaudière, on évite le risque de contaminer la nappe phréatique, de passer à moins de 200 pieds de la Maison La Cinquième Saison, de couper radicalement des fermes, érablières, plantations, etc.

Une économie appréciable qui porterait de meilleurs fruits ailleurs, car le projet tel que proposé n’est pas encore commencé que nous avons appris au BAPE qu’il y avait déjà des détails qui n’avaient pas été calculés. Et la facture monte!

La deuxième partie du BAPE se tiendra à partir du 16 juillet, c’est ouvert au public. Nous avons le choix d’émettre nos opinions écrites ou verbales, prévalons-nous en.

Après avoir reçu tous les mémoires, les rapports seront étudiés et remis au plus tard le 9 octobre au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Ensuite, nous verrons jusqu’où va aller le bon sens.

Yolande Boulanger
Lac-Mégantic

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