Oscar Brochu

D'étranges odeurs!

Le monde change. Et cette fois, ce n’est pas la faute à Donald Trump. Plutôt celle de Justin. Retour dans le temps. Il m’arrive de regarder ma photo d’étudiant, le jour de l’entrée au cégep il y a 45 ans, minimum. Les cheveux longs, pas trop peignés, le regard hagard. Nuit blanche la veille de la prise de photo. Des substances illégales qui se fument et d’autres qui se croquent. Bizarres de bruits d’autos qui klaxonnent sur la 1re Avenue, à Québec, sans doute parce que ta gang pis toi ne marchez pas sur le trottoir.

Dans le bon vieux temps, fumer un joint, c’était pas légal mais tout à fait normal. Tellement pas difficile d’en trouver. Dans le pire des cas, t’avais toujours des chums qui en faisaient pousser. C’était le retour à la terre, le «turn on, tune in, drop out». Branche-toi, accorde-toi, lâche tout, la devise des hippies. Le «lâche tout» faisait référence à une certaine révolution des mœurs qui ne dérangeait que les parents. Le monde change. Aujourd’hui, à huit mois de l’entrée en vigueur de la loi légalisant le cannabis au Canada, j’ai toujours pas compris! Ce qui va devenir légal m’apparaît de plus en plus anormal! D’autant plus que c’est le gouvernement fédéral qui se met à turner on, à tuner in et à dropper out! Le monde à l’envers, quoi!

Sommes-nous soudain trop passés date parce qu’on est devenus vieux? Trop inquiets par rapport à cette herbe qui jadis nous enivrait? Justin Trudeau nous confronte avec cette vieille démone qui faisait pourtant du bien, du temps où elle poussait bio dans le jardin.

À l’époque dont je vous parle, les jeunes quittaient la grande ville à la recherche de verts pâturages. Ils dégotaient à la campagne une vieille maison de ferme qu’ils achetaient pour moins de 10 000 piastres. La vie de commune durait ce que durent les roses, avant que la réalité ne les rattrape. Puis, les nouveaux fermiers tiraient au sort pour savoir qui garderait la maison. J’ai vu la GRC débarquer chez des amis cannabiculteurs. Leur faire un peu la remontrance et leur dire qu’ils viendraient arracher les plans… le lendemain. Une centaine de dollars d’amendes tout au plus. Les p’tits gars, faites pas ça, c’est pas légal. D’autres se sont retrouvés avec des casiers judiciaires. Dur à traîner une grosse partie de sa vie.

On se serait attendu à une certaine tolérance au fil du temps. Mais non. Toujours la répression puis, tout d’un coup, fumer son joint deviendra légal. La vente aussi. L’idée de simplement déjudiciariser ne leur est pas venue. L’État n’en tire pas de revenus, alors pas intéressante cette solution.

Qu’en pense la société? La plupart des gens n’ont pas encore compris quelle mouche a pu piquer le parti de Trudeau. Le «pas d’party» est devenu le «pot party». Non, c’est pas normal, comme dans «bad trip»!

Même certains organisateurs libéraux veulent monter au front, en supposant qu’il est encore temps. Leurs arguments sont solides, leur plaidoyer tient la route, comme en fait foi cette lettre d’un bon vieux libéral du coin, Jean-Claude Boutin, au sénateur André Pratte : «Étant un libéral de longue date, je dois vous avouer que je n’ai jamais voté pour que Justin Trudeau fasse adopter cette loi (Loi C-45 sur la légalisation du cannabis). Beaucoup de mes concitoyens ont plutôt voté pour un changement de gouvernement à Ottawa. En tant que militant libéral du comté de Mégantic, j’ai déposé une résolution pour demander au gouvernement fédéral un délai avant de mettre à exécution cette loi.»

Le militant, avocat, a effectivement préparé un texte de résolution qu’il entend présenter au 33e congrès du Parti libéral du Québec ce weekend, à Québec. Le PLQ fête ses 150 ans cette année. Depuis la Confédération, le PLQ a évolué, comme la société. Ce qui n’empêche pas notre militant de rappeler au grand frère d’Ottawa cette citation empruntée à Léonard de Vinci : «De petites impatiences peuvent conduire à une grande imprudence.»

Pourquoi juge-t-il que Trudeau va trop vite? De toute évidence, tous les problèmes reliés au projet de loi C-45 sont pelletés dans les juridictions provinciales. Le fédéral, lui, fait sonner la caisse. Comme s’il ne voulait pas voir les conséquences de sa loi: sur la santé des utilisateurs, sur la sécurité automobile, sur le manque d’experts dans les corps policiers, sur les problèmes dans les milieux de travail entre le respect de la vie privée et la responsabilité de l’employeur, les règles à respecter dans l’espace public, dans les communautés collégiales et universitaires.

Juste au moment où la lutte contre le tabagisme porte fruits, le fédéral ouvre une boîte de Pandore, parce qu’elle est payante! J’aime bien ce commentaire de la Coalition Avenir Québec: «Avec 150 succursales (de la Société québécoise du cannabis) d’ici 2020, il y en aura même plus que de restaurants St-Hubert au Québec».

On met beaucoup d’emphase sur la manne à partager et sur les opportunités d’affaires à créer. Et devinez qui s’affaire déjà à s’enrichir légalement dans les paradis artificiels? D’anciennes figures de la grande famille libérale, entre autres Allan Rock et Martin Cauchon. Ce dernier a du flair en affaires! Le premier a déjà été ministre de la Justice puis de la Santé. Ceux-là se frottent les mains.

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