Oscar Brochu

Gare aux bouchons!

Le chum d’une amie qui habite les lointains hauts cantons piaffe de rire quand elle lui raconte qu’elle n’aime pas magasiner au centre-ville à l’heure de pointe. Pas à Montréal… à Lac-Mégantic! Bon, qu’est-ce que vous avez à vous esclaffer, à votre tour? Les heures de pointe, vous connaissez pas? D’habitude, chez nous, c’est le vendredi… tout l’après-midi. Mais, à l’occasion, ça se vit en semaine aussi.

Prenez l’autre jour. Mon estomac sonnait midi et deux. Par bonheur, le feu de circulation à l’angle des rues Milette et Frontenac m’indique par sa flèche verte que j’ai priorité sur le reste du trafic, déjà congestionné. Je dois ce petit privilège à la grosse vache métallique de locomotive qui semble abandonnée sur la voie ferrée, avec le nez qui empiète sur la route 161… assez pour rendre fous les feux clignotants du passage à niveau.

Un bouchon se prépare des deux côtés de la voie. Donc, virage protégé à droite, direction le Métro avec un grand M.
Je trouve une brèche devant la ruelle et m’engouffre dans le beau grand stationnement, à la recherche de deux cases côte à côte. La voiture immobilisée, le nez vers la cour de chemin de fer, je prends à peine le temps d’admirer l’exposition de graffitis urbains sur les wagons en gare, en devinant les sculptures de ferrailles qui traînent de l’autre côté du Taj Mahal (lire notre belle gare patrimoniale) et me dirige tout droit vers le supermarché. Je devine que, le temps de choisir entre un panini au jambon ou une lasagne, le centre-ville aura eu amplement le temps de se décongestionner. Surtout qu’en sortant, le panini à la main, je vois une caravane de wagons avancer à basse vitesse vers le nord. Bon signe!

Au feu vert, rue Frontenac, je préfère jeter un dernier coup d’œil vers le sud. Sait-on jamais! Y’a toujours quelqu’un qui se risque à griller le feu rouge. Bon voilà, un coup d’œil suffit pour estimer à trois ou quatre minutes le temps d’atteindre la voie ferrée, à l’autre bout de la rue Frontenac où des véhicules de toutes grosseurs ont continué de s’accumuler. UNE minute passe; c’est fou ce qu’on voit le centre-ville d’un autre œil quand on attend patiemment en file. C’est pas comme à l’urgence de l’hôpital après trois ou quatre heures! DEUX minutes… on dirait que la file avance, même si, au loin, on voit le convoi avancer, reculer, avancer, reculer… (récitez trois fois et votre vœu sera exaucé!) TROIS minutes et le mien ne l’est toujours pas. Ça avance, certes, mais c’est juste parce que quelques-uns des conducteurs perdent patience et font machine arrière toute, en se trouvant une quelconque entrée entre deux commerces pour virer de bord ou s’enligner vers le détour par la rue Milette et le chemin des condos.

Avance, recule, avance, recule… QUATRE minutes. Les gens qui entrent dans les magasins te regardent en pensant qu’ils auront tout le temps pour faire leurs emplettes et te saluer à la sortie. CINQ minutes. Finalement, les devantures des commerces ne font pas si pitié! Y’en a des moins belles que d’autres mais, n’est-ce pas toujours comme ça dans la vraie vie? SIX minutes. Mon attention se porte sur un camion de livraison qui a eu la bonne idée, sur l’autre voie, de se garer en double ligne pour sortir du stock. La porte arrière est ouverte et il vient de déposer le diable sur la rue. Il prend tout son temps! Pas stressé, le monsieur! SEPT minutes. Le gars s’est sans doute perdu dans son camion, parce que rien ne se passe et voilà un camion encore plus gros, tout en stainless, avec un nez à faire peur (le camion, pas le chauffeur!), qui s’amène derrière et s’arrête. J’avais pas remarqué que de ce côté-là de la 161, le feu vert a été donné. Mais pas du nôtre. Le chauffeur du bison métallique semble réfléchir, les roues braquées vers la ligne du centre. Avec quatre rangées d’autos, deux en stationnement et deux en arrêt, pourra-t-il trouver quelques centimètres pour se faufiler? HUIT minutes. Ma file à moi s’ébranle… lentement mais sûrement! NEUF minutes et me voilà franchi le passage à niveau. C’est dans un pareil moment que le regretté Freddy Mercury du groupe Queen a dû composer son désormais célèbre We are the champions!

Mais c’est juste TRENTE HEURES plus tard que la révélation m’est venue, au bulletin de nouvelles télévisées. La correspondante de Radio-Canada à Moscou raconte que c’est ce matin que l’astronaute montréalais Robert Thirsk a décollé du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan, à bord d’une fusée Soyouz pour atteindre l’orbite terrestre en même pas HUIT MINUTES! Entre 200 et 250 kilomètres en ligne presque droite! Et là j’ai enfin tout compris. De la voie ferrée à la voie lactée… HUIT maudites minutes, une de moins que de la rue Frontenac à la rue Laval! Et vous me direz, vous autres, qu’il n’y a pas de bouchons de circulation en campagne!

C’est ça le risque à prendre quand une compagnie de chemin de fer occupe tout le centre-ville comme cour de triage, sans respect pour le trafic du monde ordinaire du midi qui veut juste... ALLER DÎNER AU PLUS CRISSE!

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