Séduire les villageois par le cœur et le ventre!

La boulangère Marie-Josée Parent et son gendre, Wesley, ont à coeur de placer dans leur comptoir les produits frais de Chez Mamie.

Aux antipodes de sa première vie, toute urbaine et frénétique, chronométrée au rythme de la Cité du multimédia, dans le Vieux-Montréal, Marie-Josée Parent pétrit aujourd’hui son pain dans sa maison de campagne de Notre-Dame-des-Bois. Fini le stress. La boulangère du village se souvient de son premier coup de foudre pour le pain artisanal et les pâtisseries. C’était à Montréal, «J’ai trouvé le boulanger du coin très beau!» Et la chaleur du pain très réconfortante. Adieu carrière, à moi la terre!

Comment une coordonnatrice oeuvrant dans une boîte de communications peut vouloir vivre, à l’aube de la quarantaine, la métamorphose du retour aux sources? «L’éloignement, l’attrait de la nature et les randonnées pédestres. Quand je suis arrivée ici, en 2005, je ne connaissais personne et à peine les bases de la fabrication du pain.»

En novembre 2007, elle et son conjoint de l’époque ouvraient une boulangerie, mais en février 2008, elle était déjà de retour à Montréal pour des raisons personnelles.

Mais ce n’était que temporaire puisque le 24 juin 2009, elle ouvrait la boulangerie Chez Mamie, au 24 rue Principale Ouest. Avec l’aide de sa fille, Tahnie, étudiante en herboristerie, et le copain de celle-ci, Wesley, un chef cuisinier de 10 ans d’expérience. «Ce qui m’intéressait le plus, c’était de reprendre le lien avec les gens locaux. Je dois séduire le cœur et le ventre des villageois.» Telle était sa mission.

L’accueil à son retour aura été à la hauteur de ses aspirations. Plusieurs résidants du coin en ont fait leur lieu de rencontre et beaucoup de jeunes de la ville, travailleurs et stagiaires au Parc national du Mont-Mégantic en sont devenus des habitués de la place. La Mamie s’est fait connaître dans les marchés publics, à Lac-Mégantic et à Scotstown.

Marie-Josée Parent est sélective. «Je ne choisis que de très bonnes farines à partir des moulins du Québec. À la Meunerie des Soulanges, à laquelle est associée la Meunerie Milanaise. C’est d’ailleurs directement à Milan qu’elle s’approvisionne quand vient le temps d’une fournée de pains biologiques et ceux faits de grains. Des produits sur demande, parce que l’engouement pour ce type de pains ne s’est pas encore installé au quotidien des tables de la région.

Somme toute, «ce fut un été très dynamique, mais après le long congé de la fête du travail, soudain plus personne n’est venue!» Après la chance de la débutante arrive l’épreuve de la persistance. «Ce sera une première année exploratoire. J’ai décidé que le commerce resterait ouvert cet hiver, d’abord trois jours par semaine, puis, à partir de janvier, seulement deux. Ce qu’elle appelle le down sizing… «j’aime mieux partir petit sur des bases solides. Après, si ça va mieux…!»

Elle fera sa ronde de détaillants, comme les dépanneurs et les petits marchés des villages aux alentours.

Une belle naïveté? «Peut-être, si on prend à la lettre la signification du mot : soit la capacité d’avoir un regard neuf, toujours… et en toutes circonstances!»

Du vendredi au dimanche, ça sent le bon pain dans la cuisine de Chez Mamie. Pains croûtés, pains briochés en six variétés différentes, viennoiseries, croissants pur beurre, fougasses, pains trois fromages (un gros vendeur), chaussons, sandwichs, tartinades, barres avec caramel et pacanes…

Trop petit le marché? «On parle de micro quantités au départ, mais c’est un commencement.» La boulangère croit beaucoup que «l’énergie qu’on retrouve dans la communauté, c’est ça qui nous rend vivant!»