Oscar Brochu

Où vont les caisses?

En feuilletant les vieux journaux à la recherche d’un premier article qui aurait pu faire mention de la création de la Caisse populaire Ste-Agnès de Lac-Mégantic, il y a 75 ans cette année, j’ai été surpris de constater que la naissance de cette coopérative d’épargne et de crédit s’était faite en toute discrétion. Pas d’annonce dans le journal local, même pas pour l’assemblée de fondation. Et pas d’article non plus. Le silence! Pourtant, c’était la première fois qu’ici, en ville, les gens pouvaient confier leurs avoirs et leur être à un établissement qui leur ressemblait. On raconte que les premières opérations se faisaient au domicile privé du premier gérant. Les premiers sociétaires ne s’en vantaient pas trop, de peur d’être boudés par le gérant de la banque avec lequel ils continuaient de faire affaires.

Les premiers «propriétaires» de leur petite caisse locale n’avaient pourtant pas raison de se promener la tête basse. Dans la plupart des villages qui ont adopté la formule, la caisse locale est rapidement devenue un outil de création de la richesse, «leur» richesse aux gens de la place, pas celle des grandes banques! Leur «fonds des générations» alimenté de pères en fils et de mères en filles.

Malgré les beaux discours corporatifs très actuels, Desjardins est devenu l’«unique» propriétaire de Desjardins, la maison mère. «Les membres sont propriétaires de leur coopérative, qui est la Caisse locale», s’époumonait, en 2000, le président du Mouvement Desjardins de l’époque, Claude Béland.

Encore aujourd’hui, on définit les caisses populaires comme des «entreprises communautaires qui appartiennent à ses membres.» «Chaque sociétaire a une voix», claironnent encore publiquement les petites caisses. «Des institutions financières possédées et contrôlées par les membres», répète-t-on à qui veut les entendre.

Certes, le Mouvement Desjardins occupe aujourd’hui une niche économique et sociale enviable au sein du secteur des services financiers, mais, à quel moment au juste le contrôle et l’avenir des caisses a été soustrait des mains de ses «propriétaires» pour les confier entre celles des économistes de Desjardins qui, de leur tour d’ivoire, ont pour mission de fermer des caisses locales, qu’importe ce qu’en pensent les petits «propriétaires»? Eux, ce qu’ils cherchent, c’est du rendement sur «vos» avoirs!

Une décision grave, prise en cachette plutôt qu’en toute transparence. Alphonse est mort. Qu’il se retourne dans sa tombe ou non, on s’en fout. Parce qu’il n’y a pas eu qu’Alphonse et Dorimène à croire au pouvoir des caisses populaires dans leur milieu. Tous les membres y ont cru et aimeraient y croire encore.

Mais, à la veille des assemblées générales annuelles, où l’on va les gaver de sandwichs pas de croûte et de petits cadeaux, pour mieux les endormir avant la lecture des colonnes de chiffres auxquelles on peut faire dire ce que l’on veut, que les «actionnaires», les «propriétaires», les «membres», les «clients» ou les «sociétaires» des caisses populaires réfléchissent sur ce qu’ils sont vraiment par rapport à Desjardins. Qu’est-ce qui doit guider l’avenir des caisses populaires, aussi petites soient-elles? Les grandes avancées technologiques, qui deviennent choses du passé trois mois après avoir été créées, ou la coopération, cette toute première valeur au cœur de Desjardins? Qu’on arrête aussi de comparer la fermeture des caisses à celle des églises. Sinon, qu’on abolisse aussi les municipalités, parce que les élus n’y ont plus un grand pouvoir. Et pour leur rentabilité, on repassera!

Plus ça va, plus j’admire Saint-Robert Bellarmin. Une population de 669 habitants, en 2009. Leur petite caisse à eux, un centre de service affilié à la Caisse Desjardins Haute-Chaudière, ne profite pas encore des grandes retombées économiques promises par le développement des éoliennes. Pas de grandes industries. L’Internet haute vitesse presque mur à mur sur le territoire municipal. Et pourtant, même si c’est possible pour eux de faire toutes leurs transactions en ligne, leur centre de service, ils y tiennent TOUS. Ces «propriétaires» de caisse peuvent choisir de faire leurs opérations bancaires de façon électronique ou au comptoir. On leur laisse le CHOIX! Est-ce qu’on l’a laissé, ce choix, aux «sociétaires» de Desjardins à Saint-Sébastien et à Saint-Romain? Non! La décision est venue d’en haut! On ferme, un point c’est tout. Une intransigeance et un ton hautain qu’on ne leur connaissait pas.

L’ex-maire Michel Poulin estime que l’offre de telles technologies à Saint-Robert n’empêche en rien le maintien d’une petite caisse, même avec une seule personne au poste. Des caméras de surveillance assurent la sécurité. Là-bas, la force et le pouvoir de leur petite coopérative de télécommunications leur permettent de confronter des géants, tel Bell, qui se nourrissent à la base pour enrichir leurs actionnaires. Je ne pense pas que les Bellarminois cèderaint à d’autres le pouvoir de fermer leur petit centre de service. Pourquoi en serait-il autrement à Saint-Sébastien et à Saint-Romain?

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