Oscar Brochu

Maudite politique de coq-l’œil!

Bien qu’elle soit souvent la source du problème, elle fait pourtant partie de la solution. Méchante galère! Sans surprise, ils sont contre. Ne soyons pas négatifs: disons qu’ils sont pour être contre. Contre la patrouille nautique, contre la bibliothèque, contre à peu près tout ce qui vient de la ville centre qu’ils honnissent sans la moindre gêne. Ils acceptent l’idée d’un aréna mais pas nécessairement celle d’un centre sportif parce qu’ils devinent la fin de l’accommodement utilisateur-payeur. Ils se plaignent de ne pas avoir été consultés, mais depuis trois ans, ils refusent de signer l’entente inter-municipale. Pour des gens qui n’ont pas été consultés, en ce qui concerne la bibliothèque, on peut dire qu’ils étaient tout de même bien renseignés parce que leurs représentants -parfois maire ou conseiller- siégeaient et siègent encore au conseil d’administration de la bibliothèque, et ce, bien avant que le conseiller municipal de la ville n’y accède.

Dans ce dossier, ils n’ont pas l’excuse de l’ignorance. Est-ce que leur présence au c.a. de la bibliothèque a fait avancer le projet? Au contraire! Il se trouve aujourd’hui dans un no man’s land révoltant pour les bénévoles qui lui ont consacré temps et énergie depuis des années. À ce que je sache, c’est à l’unanimité que les trois municipalités refusent, à répétition, de signer l’entente de la bibliothèque sinon, elle serait déjà une réalité. On se serait attendu à plus de solidarité de leur part. Normalement, les membres d’un c.a. partagent les mêmes valeurs quand ce n’est pas le même enthousiasme.

En attendant que les parties se voient comme un tout, ensemble nous payons 54 000$ de loyer à la MRC mais la ville paie en plus 50 000$ en frais de chauffage et d’entretien pour maintenir La Canadelle en état. Pendant que la subvention ratatine comme une peau de chagrin, la ville assume seule cette facture. Ajoutez à cela les restrictions budgétaires du gouvernement et le fait qu’il s’agisse d’un équipement culturel, éternel parent pauvre de toutes les administrations, ce n’est pas demain la veille que l’esprit prévaudra sur les jambes. Nous sommes à la merci de municipalités qui vivent de Lac-Mégantic sans avoir la politesse de le reconnaître.

Les ententes utilisateurs-payeurs dont elles rêvent sont non seulement injustes, mais une insulte à l’intelligence des Méganticois qui devraient assumer seuls l’immobilisation tandis qu’elles se contenteraient de partager les frais d’opérations. Nous avons un devoir de solidarité d’autant plus que nous avons besoin les uns des autres. Les régions ont besoin de Montréal. Comme 42% des Québécois ne paient aucun impôt et que celui tiré des régions ne suffit pas à les faire vivre, d’où viennent les subventions que nous allons quêter? Ne me faites pas rire avec «c’est notre argent!» Collectivement nous avons intérêt à ce que Montréal soit prospère, que ses universités fournissent la main d’œuvre qualifiée pour faire tourner l’économie québécoise. Lac-Mégantic a besoin de Sherbrooke en éducation comme en santé. Sa faculté de médecine doit sa survie à une entente avec le Nouveau-Brunswick qui n’a pas les moyens de s’en payer une. Le CHUS amène chez lui des spécialistes internationaux qui forment les nôtres qui, à leur tour, viennent en région poser des gestes médicaux qui nous facilitent grandement la vie. Nous avons intérêt à ce que Sherbrooke soit prospère.

Si on peut se construire à Nantes, Frontenac ou Marston, c’est qu’il y a des services accessibles tout près et que la ville centre investit une fortune dans la zone industrielle et la qualité de vie. Notre prospérité, c’est aussi la leur. On peut rêver couper la tête de la poule, mais ce faisant, on ne pourra pas continuer à récolter les œufs.

Il est facile de se construire en périphérie ou d’y avoir pignon sur rue pour soi-disant économiser quelques centaines de dollars qu’on redonne en frais de transport ou en prime d’assurance. Chacun est libre de s’installer où il veut. Si j’en avais les moyens, je serais le premier à vivre au bord de l’eau à Frontenac ou à Marston. Le problème n’est pas dans la liberté de choix, mais dans le mensonge et la hargne que l’on voue à Lac-Mégantic parce que le risque est réel de créer un déséquilibre qui fera mal à tout le monde si la majorité persiste à se complaire dans l’indifférence. À creuser le trou de beigne comme on le fait, viendra le jour où la ville n’aura plus les moyens de développer son économie, de garantir une qualité de vie et d’attirer des travailleurs spécialisés qui nous font défaut, nous tomberons alors dans le grand trou que nous aurons creusé sans penser au lendemain. Au fond du puits, paniqués, nous monterons les uns sur les autres pour chercher un peu d’air.

D’ailleurs, c’est déjà commencé. En moins de deux ans, j’ai perdu une demi-douzaine d’amis et de connaissances qui ont décidé de plier bagages à cause du manque d’ouverture de certains employeurs et surtout à cause de la petite politique qui épuise l’avenir. Je n’ai pas tenté et je ne tenterai pas de les retenir: s’ils avaient raison, j’aurais contribué à leur malheur. Que se passe-t-il quand on chausse les souliers du maire ou du conseiller? Ce sont pourtant des gens respectables. On dirait que les valeurs humaines capitulent devant la dictature de la calculatrice, comme si, tout à coup, il n’y avait rien d’autre que le compte de taxes, et que les services étaient des dépenses superflues. Bien sûr, il faut tenir compte de la capacité de payer, mais il faudrait aussi qu’on finisse par s’entendre sur le nécessaire, l’utile et l’agréable. Bref, il faudrait que nous soyons une société au lieu de nous contenter d’être une collection d’individus plus ou moins anonymes et égoïstes. L’espoir est permis parce que souvent les citoyens semblent voir plus loin que les élus. Beaucoup de citoyens de Frontenac et de Nantes sont impliqués à fond dans divers organismes méganticois parce qu’ils comprennent la nécessité de la solidarité. Maudite politique de coq-l’œil! Il y a quelque chose de louche à garder les yeux dans la même orbite: on finit par perdre la profondeur des choses. Ne pas prendre position, c’est prendre position.

Finalement, ce qui me déçoit le plus, ce n’est pas tant la maudite politique que l’indifférence des gens qui s’en amusent. Le pire, ce sont tous ces gens instruits qui devraient savoir plus que tous les autres la valeur de l’éducation et l’importance de la lecture, ces gens qui s’inventent des prétextes pour ne pas se mouiller. Peut-être sont-ils la preuve que l’éducation ne sert à rien. La lutte au décrochage scolaire doit commencer longtemps avant l’entrée à l’école parce que, de toute urgence, il faut que l’enfant associe le livre au plaisir, avant qu’il ne soit confronté au manuel scolaire qu’il associera aux devoirs et obligations. Sinon, comme beaucoup d’adultes, il ne voudra rien savoir des livres et des études. «Vous croyez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance pour voir.»

Paul Dostie
Lac-Mégantic

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