Oscar Brochu

Coupures à l’aide sociale : Le ministre Sam Hamad dénoncé

La Table d’action contre l’appauvrissement en Estrie (TACAE) et les Associations coopératives d’économie familiale (ACEF) de l’Estrie et de la région Amiante-Beauce-Etchemins dénoncent les intentions du gouvernement du Québec qui, il y a à peine cinq jours, dévoilait un plan quinquennal de lutte à la pauvreté manquant d’ambition et, dans la même semaine, annonce des coupures à l’Aide sociale. Elles rappellent au ministre Sam Hamad que les personnes assistées sociales sont les plus pauvres de la société et que cette politique de fonds de tiroirs manque gravement de discernement.

Les personnes touchées, soit les prestataires de 55 ans et plus, les mères monoparentales et les parents d’enfants d’âge préscolaire, feront les frais de la recherche aveugle du déficit zéro. Ainsi, d’amputer 121 $ par mois de leur chèque d’Aide sociale (ce qui représente une baisse de revenu de 17 %) est présenté par le gouvernement comme étant un incitatif à intégrer le marché du travail. Cette mesure méprisante repose sur une vision simpliste des problèmes sociaux qui postule que les gens ne travaillant pas actuellement refusent de rejoindre le marché du travail parce qu’elles vivent trop bien avec leur chèque mensuel de 713,08 $. Quel confort! Et que si nous leur rendons la vie un peu moins douce, en leur retirant près du cinquième de leur revenu, alors elles trouveront la motivation, les ressources, les compétences et les aptitudes nécessaires pour rencontrer l’offre d’emploi de leur région, et pouvoir s’y maintenir. Or, pour ces gens qui ont moins que le minimum, une telle coupure n’est nullement un incitatif! C’est plutôt la promesse d’une misère accrue, d’une pauvreté plus criante, d’une société malade d’un mauvais leadership et des conséquences désastreuses qu’il entraîne. Ne nous le cachons pas : une prestation de 713,08$ par mois n’est pas suffisante pour subvenir aux besoins essentiels d’une personne vivant dans notre société. Il est même impensable que des personnes aient moins que ce barème d’aide sociale.

D’autre part, la promesse faite par le ministre Sam Hamad que les personnes assistées sociales participantes à quelque mesure de formation offerte par Emploi-Québec seront gagnantes au bout du compte est de la poudre aux yeux. Le ministre nous balance cette demi-vérité comme si des programmes existaient pour tout le monde, que chacun y était admissible, et que le tout dépendait de la seule bonne volonté des personnes en cause. Le ministre fait ainsi reposer le fardeau de la preuve sur le dos des assistés sociaux.

En fait, la réalité est autrement plus nuancée que la vision réductrice présentée par le ministre responsable de la lutte à la pauvreté. Quand elles arrivent à l’Aide sociale, les personnes prestataires ont souvent tardé à demander cette aide de dernier recours, l’ayant fait seulement après avoir épuisé toutes les ressources qui étaient les leurs. Dans la situation de pauvreté où elles sont alors confinées, il est outrageant qu’elles se voient ainsi se faire retirer une part importante de ce qui est moins que le minimum. Le ministre leur manque ainsi de respect en sous-entendant que ceux qui souffriront de cette politique auront fait délibérément le choix de ne pas travailler, par manque de volonté ou par paresse.

Les personnes touchées n’ont pas automatiquement accès à tous les programmes et mesures, et elles n’ont pas nécessairement le contexte facilitateur dont elles ont besoin pour qu’une telle participation soit envisageable : la garderie (ne manque-t-on pas de places?), le transport (tous n’ont pas de moyens de transport, que ce soit individuel ou collectif), l’historique socio-professionnel, la santé…

Enfin, quand on annonce ainsi des millions pour un plan de lutte à la pauvreté, on devrait arriver avec une hausse des barèmes d’aide pour le hisser minimalement au niveau de ces personnes présentant ce que l’on a coutume d’appeler des contraintes temporaires à l’emploi, et non subitement leur dénier arbitrairement ces contraintes et ainsi aller gratter les fonds de tiroirs en vue de combler sans imagination le déficit budgétaire.

Line Marcoux, TACAE
Sylvie Bonin, ACEF-Estrie
Martin Cloutier, ACEF Amiante-Beauce-Etchemin

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