Oscar Brochu

Stopper l’exode!

Étrange le destin, tout de même! C’est dans un article du quotidien régional français Presse Océan que j’ai trouvé l’argument massue pour exhorter les municipalités de la première couronne (les voisines immédiates de Lac-Mégantic) à mettre de l’eau dans leur vin et adopter une attitude d’ouverture par rapport à l’entente à intervenir dans le dossier du Centre sportif Mégantic.

Juste à lire le sur-titre, je pensais que les grandes chaleurs me faisaient halluciner. «Le maire de Nantes au Québec veut stopper l’exode des jeunes vers les grandes villes». Puis, en titre, citant le maire Bernard Isabel, cette simple phrase en gros: «Ici, c’est difficile de trouver un job». Même le lead est révélateur: «Chômage, manque d’animations… les jeunes quittent la ville, au grand désespoir de l’élu québécois».

Petite précision, le quotidien français couvre l’actualité de Nantes, en Loire-Atlantique. Et un journaliste de là-bas voulait en savoir un peu plus sur le vécu du village éponyme québécois. D’où l’entrevue avec Bernard Isabel, qui jette un regard plutôt honnête sur la région.

«Les jeunes fuient Nantes?», interroge Jean-Pascal Hamida. Et la réponse du maire de Nantes: «L’emploi prime. C’est très difficile d’y trouver un job. À Nantes ou dans les communes voisines. Alors, ils partent ailleurs, vers les villes plus importantes.» Jusque-là, ça se tient. L’exode des jeunes fait partie des préoccupations régionales depuis des lustres, ce qui explique une démographie stagnante pour l’ensemble de la MRC. Même que notre polyvalente Montignac, construite il y a plus de trente ans pour accueillir 2 000 élèves, n’en comptera qu’un peu plus de 800 à la rentrée d’automne. En France, on s’écrierait : «Que sont nos gosses devenus?»

Mais le sujet est sérieux, voire problématique! D’où le cri du cœur d’un élu québécois dans un quotidien français. Et le journaliste de pousser le questionnement plus loin: «Comment faire?» Et le maire Isabel de décrire ainsi son combat contre l’exode: «Pas question d’accrocher les patins (que le journaliste traduit par «démissionner» pour une meilleure compréhension de la part de ses lecteurs). Je vais au batte (expression que le journaliste français doit encore adapter à la langue française «j’affronte cette situation difficile») pour encourager les entreprises à venir s’établir sur notre territoire et je ne suis pas seul, heureusement! Nous sommes vingt communes associées et nous avons créé le Comité local de développement économique pour être plus attractifs et séduire les compagnies.»

Rien à redire de son analyse de la situation. Parce que, soyons honnêtes nous aussi, si on parlait à des Français de notre vécu régional, on ferait taire nos petites chicanes de clochers pour brosser un portrait plus genre carte postale, où on aurait l’air d’une belle gang assis à une table en train de refaire le monde en cherchant et en trouvant des solutions à nos problèmes «communaux» dans un décor bucolique à souhait.

Regardez ce qui se passe avec l’accueil des délégations françaises. Ils aiment ça venir dans ce coin pittoresque du Québec, où ils découvrent une communauté qu’ils croient tissée serrée. De retour chez eux, ils doivent se dire: «Ce qu’ils sont charmants ces Méganticois!» Ils ne gardent de leur passage que de bons souvenirs. Les Nantais de France doivent se dire aujourd’hui: «Comme ils sont dynamiques, ces Nantais du Québec! De vrais battants!» Et ils doivent se bomber le torse devant la lutte épique de cette petite commune d’outre-Atlantique, d’autant plus qu’ils s’imaginent qu’elle a été défrichée et bâtie par des ancêtres communs. Ce n’est pas tout à fait le cas, mais, disons que c’est pas grave!

Imaginons un instant que Jean-Pascal Hamida décide de débarquer un bon matin en terre de Nantes, en Amérique. Admettons que, depuis l’aéroport, il emprunte la 10 vers Sherbrooke et qu’il réussisse à contourner la grande ville pour finalement virer à droite au carrefour de la 108 et de la 161 à Stornoway. Vous voyez le choc? Nantes, en France, compte près de 300 000 habitants sur un territoire d’à peine… 65 km carrés. Presque deux fois plus petit que notre Nantes à nous! L’exode, eux, ils ne connaissent pas ça, puisque chaque année, leur démographie explose de plus de 8 000 habitants. La strate des 20-39 ans représente 37% de la population totale.

Mais revenons à Jean-Pascal, avant qu’il se perde en chemin! Il vient de franchir le noyau du village de Nantes, sans trop s’en rendre compte. «C’était ça, Nantes?» Mais non, Jean-Pascal, continue, lui souffle son GPS! Et le voilà coincé dans le carrefour «entonnoir». Un peu comme la place de l’étoile, au cœur de Paris, mais avec une seule voie plutôt que 12! Où est-il? Encore à Nantes, mais lui ne le sait plus trop bien. «C’est donc par ici que s’échappent les jeunes?», se dit-il, essayant de comprendre quelque chose dans le fait que depuis son entrée en banlieue de la ville (où est-ce la banlieue de Nantes?) il vient de tomber dans un paysage magnifique, accueillant au possible, avec un parc industriel qui tourne à fond les moteurs et un centre sportif, tout ce qu’il y a de moderne! «Mais, pourquoi ils fuient Nantes, les jeunes?»

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