Oscar Brochu

De grâce, un délai!

Mettre la charrue avant les bœufs, c’est comme aménager des voies d’accès et des stationnements asphaltés autour d’un centre sportif dont la charpente métallique n’est pas encore tout à fait complétée. C’est comme couler le ciment des trottoirs autour des poteaux d’Hydro avant que la société d’État trouve le temps de les déplacer.

À la défense des promoteurs des grands chantiers d’infrastructures municipales, ils n’ont guère le choix de bouleverser le calendrier des travaux prévus à l’origine et d’intervertir l’ordre des priorités à mesure que l’hiver approche, parce que les plans d’asphalte sont frileux et que bientôt ils seront fermés jusqu’à l’été prochain. Alors, on met les bouchées doubles et on asphalte par ci et on asphalte par là pour que ces dépenses soient admissibles aux programmes gouvernementaux d’infrastructures dans lesquels tant Ottawa que Québec ont investi des milliards de dollars de votre argent. Le 31 décembre 2010 pour certains, le 31 mars 2011 pour d’autres. Dans un cas comme dans l’autre, les municipalités implorent les gouvernements d’assouplir les règles et d’étirer l’élastique encore quelques mois.

C’est le cas, par exemple, de la Fédération Québécoise des Municipalités (FQM), en congrès en fin de semaine, qui fait écho de plusieurs de ses membres disant ne pas être en mesure de compléter les travaux d’infrastructures dans les délais prévus. Les municipalités ont leur mot à dire parce qu’elles apportent leur pleine contribution dans ces chantiers dont les politiciens au pouvoir à Ottawa et à Québec se pètent les bretelles.

«Il serait injuste de pénaliser les municipalités québécoises, d’autant plus que la lenteur de Québec et d’Ottawa à signer les ententes administratives a fait en sorte qu’elles ont reçu beaucoup plus tardivement qu’ailleurs la confirmation du lancement des programmes gouvernementaux», soulignait récemment le président de la FQM, Bernard Généreux.

Et quand le feu vert a finalement été donné, rappelez-vous, tous les promoteurs ont couru après les entrepreneurs pour en trouver de disponibles pour réaliser les travaux au meilleur prix possible. Les appels d’offres ont donné lieu à des maux de tête pour les responsables des chantiers, parce que les chiffres apparaissant au bas des soumissions étaient généralement plus élevés que ceux prévus par les prévisions des firmes de génie-conseil. Dans bien des cas, l’exercice des soumissions a été repris, retardant d’autant le début des travaux.

Le chantier du Centre sportif Mégantic s’est mis en branle plus tard que prévu et, comble de malchance, les fonctionnaires de l’Environnement ont mis leur grain de sable dans l’engrenage, ce qui fait que pendant un mois, alors même que la machinerie attendait sur place, rien n’a bougé sur le terrain derrière la gare.

Quand on voit les maires des municipalités se mettre presque à genou pour supplier le ministre Christian Paradis de les aider à convaincre son collègue des Transports et des Infrastructures pour étirer les délais, le spectacle est triste sans bon sens! Surtout qu’au Canada, c’est à dire de l’autre côté de la frontière québécoise, il paraitrait que la province de Québec en plus d’être la plus corrompue est la plus pauvre du pays. Faut-il en plus qu’on s’agenouille?

Qu’est-ce que le ministre québécois des Affaires municipales, Laurent Lessard, attend pour s’asseoir avec son collègue des Infrastructures au fédéral pour que les deux s’entendent sur le capital politique qu’ils se donneraient auprès des élus s’ils faisaient preuve d’ouverture et acceptaient de prolonger les délais pour les sommes engagées et signées?

«Maintenez la cadence», a dit Christian Paradis à la mairesse Colette Roy Laroche, vendredi dernier, en parlant du Centre sportif. Madame Colette aurait pu très bien lui répondre : «Repoussez la date limite», mais elle est trop bien éduquée. Elle aurait pu rétorquer qu’elle s’est mise elle-même la tête sur le billot en pilotant un projet de cette ampleur et que c’est elle, et non pas le puissant ministre, qui fera face à la grogne des contribuables si sa ville est pénalisée par des délais trop courts. Elle aurait pu l’amener voir ceux qui auront à payer la facture sur les dépassements de coûts, s’il faut augmenter la cadence coûte que coûte et faire travailler les ouvriers sept jours sur sept pour respecter l’échéancier. Elle aurait pu lui faire rencontrer les dirigeants de la compagnie de chemin de fer qui jouent avec nos nerfs, en tenant tête aux élus en rapport avec l’accès de la rue de la Gare. Elle aurait pu lui organiser un tête-à-tête avec les maires de la première couronne qui s’obstinent à ne pas signer d’entente pour le partage des coûts du centre sportif.

Mais elle a de l’éducation, Madame Colette.

Les citoyens, par contre, devraient lui donner un coup de main. Quand vous recevrez l’une des multiples communications que vous adresse votre député fédéral, répondez-lui, sans frais postal, qu’il aurait intérêt à rassurer la population sur la participation de son gouvernement aux engagements financiers déjà signés.

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