Le sang chaud!

Voilà ce qui arrive quand on pousse le tempérament latin des Québécois au maximum et qu’on impose une élection dont personne ne voulait. Le sang bouille jusqu’à exploser dans un feu d’artifice aux reflets orange, avec quelques teintes de bleu et de rouge parsemées ici et là.

Comment expliquer autrement que les Québécois se soient réveillés mardi matin avec le sentiment d’avoir pris une méchante cuite et qu’en reprenant peu à peu leurs esprits, ils aient découvert de drôles de tatouages oranges et des piercings sur les mamelons, comme dans l’annonce d’une marque de bière!

Même ici, dans le très conservateur bastion de Mégantic-L’Érable, il s’en est fallu de peu qu’on se réveille avec le nom de Cheryl tatoué en grosses lettres au beau milieu du dos! Heureusement, dans les circonscriptions qui n’ont pas cédé à la saute d’humeur collective qui s’est répandue comme une traînée de poudre dans les deux dernières semaines de la campagne, le vote a été, disons, plus réfléchi.

Bizarre tout de même ce système politique où, d’un coup de gueule, l’électorat peut envoyer pointer au chômage de grands parlementaires aguerris pour les remplacer par des «n’importe qui!» ou des «nobody» dans la langue de Cheryl Voisine.
Dans ce contexte, la réélection de Christian Paradis me rassure! Ailleurs, au Québec, des hommes politiques de vingt ans d’expérience ont été évincés de leur bureau et remplacés, qui par un étudiant de 19 ans, Pierre-Luc Dusseault, qui prévoyait passer son été sur le terrain de golf à ramasser les balles pour payer ses études universitaires, comme dans Sherbrooke, ou un briqueteur-maçon de 26 ans, Jonathan Tremblay, qui, du jour au lendemain, sans jamais avoir osé imaginer le scénario, va devoir enlever ses bottes de travail et troquer le jeans pour le complet cravate et son coffre à outils pour un porte-documents, avec toute sa garde-robe à renouveler pour des vêtements bon-chi bon-genre, comme dans Montmorency-Charlevoix-Haute-Côte-Nord.

«Allo maman? Je pars pour Ottawa!» «Et mon cabanon que t’avais commencé?» «Quand j’aurai le temps! Peut-être pas avant quatre ans! Mais pourras-tu quand même repasser mes chemises que je viens d’acheter?»

La démocratie a parlé. Elle l’a peut-être condamné, sans préparation, sans carte de compétence, à faire un job qui était à mille lieues de ses habiletés à lui. Comme si, du jour au lendemain, à la fin de tes études à la Maison familiale rurale, on t’annonçait que tu venais de décrocher un poste dans un cabinet d’avocats prestigieux, quelque part en Ontario, chez les anglos qui n’entendent pas à rire. «Quossé?»

Non pas que je sous-estime la capacité de la jeunesse à faire de la politique. Christian Paradis, avec ses 37 ans et ses cinq ans d’expérience à Ottawa en est la preuve vivante, mais, bout de ciarge, quand il a inscrit son nom sur un formulaire de candidature en 2006, il avait toute sa tête!

Des Cheryl Voisine dans les rangs du NPD section Québec, ou du NDP Quebec division, dans la langue de Cheryl, y’en a eu une bonne gang! Prenez cette nouvelle élue dans Berthier-Maskinongé, Ruth-Ellen Brosseau, qui se trouvait à Las Vegas à jouer à la roulette durant la campagne électorale, qui ne parle pas un maudit mot français; ou celle-là qui s’est fait connaître dans la télé-réalité Un Souper Presque Parfait et qui va aller tenter de cuisiner le gouvernement majoritaire d’Harper. Pour elle non plus, ce sera pas de la tarte! Quatre ans pour apprendre, okay j’en conviens, mais venez pas me dire que c’est ça la démocratie, voter pour n’importe qui! Larousse définit ainsi la démocratie: «Régime politique dans lequel le peuple exerce sa souveraineté lui-même, sans l’intermédiaire d’un organe représentatif ou par représentants interposés.» Nous, c’est ça la démocratie représentative. Encore faut-il bien choisir nos représentants. À défaut d’avoir à fournir un curriculum vitae qui a de l’allure, peut-on oser exiger des candidats un minimum de compétence, à défaut d’expérience, pour un poste qui te promet un salaire de 157 731$ par année? Tout le monde voudrait un salaire pareil et n’avoir à fournir aucun diplôme, juste mettre son nom sur la liste des candidats du NPD au Québec, pendant les marées hautes électorales.

Quand Stephen Harper, Michael Ignatieff, Gilles Duceppe ou même Jean Charest commentent la vague NPD au Québec comme une démocratie qui a parlé, laissez-moi rire… La démocratie a déparlé, oui! Ce qui fait dire à des grands fédéralistes, dans les heures qui ont suivi l’annonce du résultat, que le Québec revenait vers les valeurs fédéralistes, puisqu’il avait rejeté le Bloc en bloc! Si c’est ça la lecture que Jean Charest fait du «fucking» vote NPD, qu’il surprenne tout le monde et qu’il nous annonce tout de suite que la prochaine élection provinciale en sera une référendaire! Pourquoi pas? Ce serait le bon moment pour lui d’avoir le sentiment de surfer à son tour sur le vote du bon Jack pour remonter sur le haut de la vague et éteindre la flamme souverainiste, si elle se meurt tant que çaL’élection fédérale du 2 mai est une anecdote dans l’histoire politique du Canada et du Québec. Un intermède de quatre ans qui nous réserve sans doute des surprises.

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