Oscar Brochu

Pour un accès public

Chaque changement dans nos habitudes quotidiennes provoque un holà! Prenez les bacs. Mon côté écolo a fait longtemps la guerre à mon côté gros colon avant que le gros bon sens vienne à la rescousse pour arbitrer le litige chaque fois qu’il fallait jeter les restants de petits pois dans la bonne couleur de bac. C’est pratique des fois de pouvoir compter sur un médiateur dans la partie cachée du cerveau pour trancher quand la bonne et la mauvaise conscience partent la chicane. Ça ne dure pas longtemps, heureusement! Le plus dur, c’est de faire appel à la raison pour réussir à convaincre les frères ennemis que le combat intérieur qu’ils viennent de se livrer n’a fait ni vainqueur ni vaincu.

Mais pas question d’étouffer ou de faire taire le gros colon. J’en ai besoin pour vivre. Mon armure, en quelque sorte. C’est seulement lui qui a la capacité de s’indigner quand quelque chose ne va pas à son goût. Le côté écolo est du genre plutôt mou, comme le contenu du bac brun qu’il pousse gentiment au chemin sans trop grogner!

L’autre jour, le gros colon s’est encore emporté. Du jour au lendemain, sans crier gare, la Ville installait une barrière au quai municipal. Et sur la barrière, qui n’obéit au doigt et à l’œil qu’à la carte de crédit, des vignettes interdisant les motos, les vélos et les piétons! Une attaque en règle à sa liberté! Fouetté par quelques commentaires sur notre site Internet dénonçant l’injustice, il est parti à la chasse aux images. Bien vrai qu’au bout de la rue Milette, la descente de bateaux n’est plus permise, deux gros blocs de béton empêchant les véhicules d’accéder au lac. Au bout de la rue Grégoire, c’est un panneau qui indique que là aussi la manœuvre est interdite. En somme, les propriétaires d’embarcation n’ont plus qu’un choix: sortir de la ville ou payer pour le service jusque-là gratuit au débarcadère de la marina.

Michel Hamel avait sans doute raison en écrivant: «Depuis que la barrière est là, j’ai vu 11 véhicules avec des bateaux arriver au stop devant l’auberge, hésiter et finalement repartir. Dans la tête des gens, la barrière veut dire : fermé! Ils n’ont même pas débarqué pour aller voir, ils sont partis. Tout ce beau monde n’a même pas dépensé d’argent ici et a dit à tout le monde qu’il connaît : ne va pas à Mégantic, le quai est fermé!»

Charles Lemoine a trouvé la solution : «Pourquoi me casser la tête avec une barrière quand je peux aller à Piopolis et tant qu’à être à Piopolis je peux manger là et acheter ce dont j’ai besoin pour ma journée sur le lac.» Pour lui comme pour bien d’autres, trop c’est comme pas assez!

«Pouvons-nous regarder pour créer de l’emploi au lieu de se faire défendre d’aller sur le quai et de bloquer les accès ici et là?», signale Paul Rodrigue. «Tant qu’à faire dans l’absurdité, pourquoi ne pas mettre des postes de péage aux quatre coins de la ville?» propose Isabelle Nadeau.

Quand Transport Canada a cédé les quais fédéraux d’intérêt local aux municipalités, il était prévu, j’imagine, que les infrastructures, qu’elles soient aménagées sur les rives du fleuve Saint-Laurent ou sur le bord d’un lac, demeurent accessibles à la population. Ici, le quai fait partie intégrante de l’histoire de la communauté. Plus qu’une simple fenêtre panoramique à écran plasma, un accès unique au lac Mégantic par le centre-ville. À l’autre bout, il y a le bureau d’accueil touristique, où c’est déjà pas évident d’arriver avec son Winnebago, tirant une remorque avec un gros «love boat» à la recherche d’un espace de stationnement.

Qu’on le veuille ou non, une barrière c’est un obstacle à la libre circulation pour mieux favoriser l’accès à une catégorie de citoyens.

Cadenasser les quais de la marina, ça se comprend facilement. Mais barrer le quai municipal, c’est une décision qui aurait dû être débattue publiquement, le quai étant une infrastructure «publique».

L’imposer maintenant, alors que le site du Centre Mgr-Bonin est un vaste chantier inaccessible, bloquant des dizaines d’espaces de stationnement, ne favorisera pas son caractère attractif.

Partout ailleurs, un quai municipal engendre des retombées économiques importantes pour les communautés. Ici, l’installation d’une barrière qui a coûté entre 35 000$ et 40 000$, rappelons-le, risque fort de susciter une réaction en chaine qui ne sera pas à l’avantage des commerces situés spécifiquement au centre-ville.

S’il fallait à tout prix trouver des façons de rembourser les dernières injections de fonds «publics» à la marina et tarifer l’accès à la rampe de mise à l’eau, sous le principe de l’utilisateur-payeur, aurait-il été plus sage de placer la barrière à l’entrée de la rampe? Ou faire comme dans certaines municipalités, tarifer le stationnement des remorques à l’aide d’une vignette quotidienne au coût de 5$? Si le poste de péage était associé à un poste de lavage et de décontamination des embarcations avant leur mise à l’eau, l’imposition d’une barrière se justifierait davantage. Parce que c’est de ce genre d’équipement que le lac Mégantic a besoin pour assurer la préservation de la qualité de son eau, alors que là, le revenu du péage servira à peine à rentabiliser l’installation de la barrière à plus ou moins longue échéance.

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