S’accrocher à des ancrages plutôt qu’à une corde!

À des lieues du discours moralisateur et culpabilisant souvent utilisé dans les campagnes nationales, les paroles d’Accroche-sourire, une chanson du groupe Six pieds sur terre, propose une avenue aux personnes qui cherchent dans la mort une solution à la souffrance. Porte-parole local de la Semaine de prévention du suicide, le groupe chante ce refrain: «Je veux t’accrocher pour te dire que la vie est un cadeau et quand on s’accroche un sourire, le monde est beaucoup plus beau!»

Sous le thème «Ici on tient à chacun, le suicide n’est pas une option», du 5 au 12 février l’organisme L’Ensoleillée appelle à l’engagement des milieux pour mettre un frein à un phénomène qui a encore touché fortement la population du Granit dans la dernière année.

«La conscience citoyenne est plus grande que jamais. On sait aujourd’hui que le suicide, que l’on envisageait à tort par le passé comme un choix personnel, est plutôt une absence de choix. Le thème de cette année montre la valeur que l’on accorde à chaque personne dans la communauté», a lancé la directrice générale de L’Ensoleillée, Linda Gendreau, en point de presse, lundi.

Selon les statistiques utilisées par JEVI, le Centre de prévention du suicide en Estrie, si, en 2009, la région de l’Estrie a connu un total de 52 suicides, relevés par le bureau du coroner en chef, la MRC du Granit n’en a dénombré qu’un seul, affichant donc le plus bas taux parmi les sept MRC de la région. Sherbrooke occupe la tête avec 21 cas.
Dans 82% des décès par suicide, le geste a été commis par des hommes et la pendaison demeure le moyen le plus utilisé. Mais au-delà des chiffres, aucun mode de calcul peut cerner la problématique de la souffrance vécue par les personnes les plus vulnérables.

Pour sa participation à la campagne de prévention du suicide, le CSSS du Granit a publié une brochure, dans laquelle on rappelle l’importance de repérer des signaux d’alerte. Parmi les messages directs livrés par des personnes suicidaires: «Je veux en finir», «C’est trop dur, je n’en peux plus», «La vie n’en vaut pas la peine», «Je m’en sortirai jamais».

Un réseau de 70 sentinelles a été mis en place dans les milieux de travail de la région. Des collègues formés pour dépister les signes avant-coureurs et intervenir en cas de besoin.

À la Commission scolaire des Hauts-Cantons, le Centre d’éducation des adultes, sur la rue Cousineau, à Lac-Mégantic, a saisi la perche que lui tendait le groupe Six pieds sur terre. En plus d’un atelier intitulé Les états d’être : pivot de la santé mentale, animé par L’Ensoleillée, durant la semaine, le CEA a obtenu la présence du groupe de musique le jeudi 9 février, sur l’heure du midi. «Les élèves du Centre d’études collégiales pourront se joindre au groupe d’Éducation aux adultes pour un spectacle de Six pieds sur terre qui a un message positif à livrer», communique l’intervenante sociale Nathalie Lemay.

Les élèves auront également l’occasion de prendre part à la création d’une murale collective ayant pour titre Je m’accroche à la vie!

Parmi les autres activités organisées par L’Ensoleillée: distribution d’un dépliant d’information à 250 entreprises et organisations de la MRC, une activité avec ses membres sur les ancrages dans la vie et l’offre d’ateliers sur la santé mentale.

«Le suicide n’est pas une solution à la souffrance. En amont de la crise ou de la détresse, il est important de s’éduquer aux états d’être humain et apprendre à répondre à nos besoins émotionnels et psychologiques», conclut Linda Gendreau.