Oscar Brochu

Filer au nord, vers l’ouest ou rester en région?

Filer au nord, vers l’ouest ou rester en région? - Rémi Tremblay : Actualités

Le système de «fly-in/fly-out» ne convient pas à tous les travailleurs. Pour ce groupe de Méganticois parti dans la nuit du 12 février, l’idée de trois semaines de travail intensif suivies d’une semaine de congé, de retour dans la famille, représente surtout l’appât d’un salaire élevé, l’esprit d’aventure et un choix de vie pour une période indéterminée.

Les «runnes» payantes dans le Nord québécois, plusieurs travailleurs de la région connaissent déjà. Et pas seulement dans les mines de Fermont! Il y a des besoins en construction tout aussi grands à combler dans les villages inuits de la rive est de la Baie d’Hudson. Depuis des années, le système des «fly-in/fly-out» opère à petite échelle dans la région de Mégantic. On troque le boulot quotidien à l’usine pour des contrats de plusieurs semaines voire plusieurs mois d’absence, loin de la famille. Boulot, boulot et boulot! Pour ramasser le pactole et engranger des économies. À l’horizon, se pointent le Plan Nord et ses opportunités d’affaires. Et cette nouvelle route qui s’ouvre vers l’Ouest! Un exode qui inquiète, dans la mesure où, très bientôt, la région de Mégantic devra se remettre en mode recrutement… quand les nuages noirs sur l’économie se seront dissipés.
Quarante ans après la Baie James de Robert Bourassa, Jean Charest fait du Plan Nord le défi de l’avenir pour les travailleurs québécois. Le futur au présent puisque des entreprises de la région, dont Les Roulottes R.G. de Saint-Romain, y ont vu une manne à saisir.

Pas étonnant, alors, que la directrice générale du CLD de la MRC du Granit, Michèle Tardif, tente depuis septembre 2011 de planifier l’envoi d’une délégation dans ces régions arides et encore peu hospitalières, histoire de mieux comprendre comment le grand Mégantic pourra participer à cette nouvelle ruée vers le Nord.

«La question que l’on se posait: qu’est-ce que ça prend pour faire des affaires dans le Nord, alors qu’il y a tant de projets miniers dans l’air, des projets d’énergie, d’exploitation forestière, la préparation de chemins d’accès et les infrastructures à mettre en place?» À défaut de voyager vers Val d’Or, c’est le Nord qui est venu se présenter à eux, le 15 décembre dernier, au Delta de Sherbrooke. Ainsi en a décidé le gouvernement du Québec, Jean Charest à sa tête. À peine une heure de route, pour finalement découvrir la nordicité québécoise et tout ce que la face cachée du Québec a à offrir comme nouveaux défis.

Près de 2000 personnes, en majorité des gens d’affaires, ont pris part à la rencontre. La petite délégation de la MRC du Granit comprenait des représentants du CLD, de la SADC et le préfet Maurice Bernier.

Parmi les témoignages cette journée-là, celui de Martin Lagacé, directeur administratif chez RG Solution (Les Roulottes R.G.). L’entreprise de Saint-Romain fabrique des roulottes spécialisées, adaptées aux conditions du nord canadien. «Elle est présente depuis longtemps sur ce marché de niche en forte croissance et ses représentants ont témoigné de leur expérience devant une salle de conférence bondée», raconte Michèle Tardif.

Le leadership de RG Solution a des retombées sur d’autres entreprises de la MRC, notamment Portes et Fenêtres Vallée de Frontenac, une entreprise qui a développé des produits sur mesure pour ce client. Le CLD a ramené de son excursion à Sherbrooke quelques petites pistes à explorer, mais il faudra encore des rencontres, des tête-à-tête, pour que les entrepreneurs d’ici prennent conscience de tout le potentiel du Plan Nord de Jean Charest.

L’autre Eldorado
Au même moment, à Medicine Hat, au sud de l’Alberta, la présence de travailleurs méganticois est la bienvenue. Alberta Hydro y mène un important chantier d’installation d’une ligne électrique qui doit se prolonger jusqu’au Texas. Une publicité dans l’Écho, durant le temps des fêtes, a attiré l’attention: «Urgent-Alberta. Besoin de 500 hommes». Recherchés, des journaliers, des assembleurs de structures d’acier, 50 mécaniciens de machineries lourdes spécialisés… pour du temps plein, avec un horaire de travail exigeant : 21 jours pour sept jours de congé. L’entrepreneur Martin Fredette a passé des journées complètes à recevoir des appels de candidats, d’aussi loin que de la Gaspésie. En l’espace de quelques jours, près de 300 curriculum vitae s’accumulaient sur son bureau.

Depuis le début de janvier, deux périodes de trois semaines ont été complétées. La vingtaine de travailleurs partis dans la nuit du 11 au 12 février est attendue ce week-end. Contrairement au Plan Nord, l’Alberta c’est maintenant. Les conditions sont bonnes et la paie s’annonce intéressante.

La difficile rétention de la main-d’oeuvre
Mais tous ne partent pas! Les enjeux locaux de main-d’œuvre occupent une grande place dans les préoccupations des organismes économiques du milieu. Le Comité d’adaptation de la main-d’œuvre (CAMO) planche sur une nouvelle campagne de recrutement de travailleurs, en prévision d’une reprise de l’industrie manufacturière qui ne manquera de se faire aussitôt que les États-Unis se seront sortis de la crise économique qui affecte, de façon particulière, le secteur de la construction.

Et quand la machine se remettra en marche, les entreprises devront être en mesure d’augmenter la cadence et de livrer les commandes. D’où l’importance pour la région de Mégantic de demeurer attrayante pour les sans-emploi venus d’ailleurs et assez accueillante pour garder les nouvelles familles en région.

«Oui, la région de Mégantic a un certain pouvoir d’attraction, mais on connaît tous des gens qui sont venus ici avec l’espoir d’un avenir meilleur et qui sont repartis, parce que l’adaptation ne se faisait pas comme ils l’avaient imaginé!», relance Michèle Tardif.

De l’eau a coulé sous le pont d’Agnès depuis que la ville de Lac-Mégantic s’est vue accoler le titre accrocheur de «ville Cendrillon», parce qu’elle connaissait un véritable boum économique. Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé. «Tout est à repenser», reconnaît la directrice du CLD. Des emplois vers le Nord et vers l’Ouest, ce n’est pas pour tout le monde. La boule de cristal des démographes n’annonce rien de bien positif et le vieillissement de la population colle à l’image de la région davantage que son légendaire dynamisme industriel.

Le personnel du CLD traite encore beaucoup de projets, mais ils sont plus difficiles à monter. Et lorsqu’ils ont traversé toutes les étapes, les institutions financières ne sont pas toujours au rendez-vous.
Une économie locale en mode essoufflement, mais les acteurs du milieu sont loin de vouloir baisser les bras. Si ce n’est pas encore le Pérou, on s’accroche à des signaux encourageants, qu’ils viennent du Sud, du Nord ou de l’Ouest !

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