Lorsque les mots se muent en tableaux

Diane Roy C expose à la Médiathèque Nelly-Arcan jusqu’au 30 novembre.

«Les peintres sont des évadés du mot». Une citation de Marc Gendron reprise dans l’œuvre de Robert Lalonde. Tout comme l’écrivain met ses propres lectures au service de ses récits, Diane Roy C s’est inspirée de son auteur préféré pour créer ce corpus d’œuvres présentées à la Médiathèque Nelly-Arcan jusqu’au 30 novembre.

L’exposition intitulée «Les peintres sont les évadés du mot» définit bien le rapport entre la démarche de l’artiste et son auteur de prédilection. Il y a une bonne vingtaine d’années que celle qui a mené une carrière en enseignement des arts plastiques au secondaire à Québec chérit l’œuvre de Robert Lalonde. «J’ai trouvé à travers mes lectures les mots qui font le lien avec ce que je perçois, ce que j’aime laisser comme traces sur la toile», partage Diane Roy C, dont le chalet à Lambton est devenu résidence permanente depuis sa retraite.

Bien que Robert Lalonde l’accompagne en quelque sorte dans son processus créatif, Diane n’a jamais rencontré l’auteur avec qui elle partage une sensibilité intrinsèque et un lien profond avec la nature. «Je l’ai vu une fois dans un café de Montréal mais je n’ai pas osé le déranger. De toute façon, je serais bien trop gênée de l’aborder; il est tellement érudit… Mais ses écrits ne sont pas difficiles à comprendre», s’empresse d’ajouter sa grande admiratrice.

Il n’en demeure pas moins que l’écrivain québécois, qui mène aussi une carrière de comédien, n’aurait pas à rougir de l’hommage artistique rendu à ses mots. Réalisée sur trois années, la série de tableaux et de photographies s’enrobe à la fois de mystère et de transparence.

Les peintures à l’acrylique offrent cette sensation de flottement, donnant lieu à un voyage intérieur bien personnel. «Pour citer Robert Lalonde, il faut laisser à voir de telle sorte que celui qui regarde comprenne qu’il est malaisé et illusoire de définir les choses (Le seul instant). Le sens d’un tableau, c’est moi qui le donne en le créant. Mais lorsque quelqu’un d’autre le regarde, ce sens n’a plus d’importance. Chacun y trouve sa propre interprétation. Le processus de création continue avec celui qui sera en contact avec le tableau.»
Les mots de Robert Lalonde accompagnent chacun des tableaux. Parfois, l’œuvre de Diane est directement liée au texte. D’autres fois, c’est une fois le travail accompli que la citation est choisie. « Quand je lis et que des phrases m’accrochent, je les note dans un cahier et je les revisite plus tard. Donc, l’inspiration de départ peut venir d’une de ces phrases sans que j’en sois consciente. J’ai aussi ma propre sensibilité; mes peintures sont un va-et-vient entre ce que je vis, lis et rencontre.»

Il y a une dizaine d’années, Diane a renoué avec la photographie, qu’elle pratiquait à l’adolescence. Son exposition en présente quelques-unes, souvent de type macroscopique et toujours en lien avec la nature. « En macro, on entre dans l’univers de l’infiniment petit et on en découvre toute la poésie. J’aime aussi présenter seulement une partie d’un lieu», décrit-elle, en montrant le cliché d’un morceau de fleuve, où contemplation et zénitude dévoilent l’œil derrière la caméra.

Bref, rien d’anecdotique dans l’œuvre de Diane Roy C. Pour en saisir toute la profondeur, il faut se rendre à la Médiathèque. Toute la population est d’ailleurs conviée au vernissage, ce vendredi 30 septembre à compter de 18h.