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L’église de Woburn toujours sur le marché

Rémi Tremblay 16 mai 2024

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L’église de Woburn toujours sur le marché - Rémi Tremblay : Actualités Immobilier

Presqu’en face de l’église, le cimetière de Saint-Augustin-de-Woburn peut encore accueillir les défunts de la paroisse. (Photo Rémi Tremblay)

Mise en vente en octobre 2023 par l’archidiocèse de Sherbrooke au prix demandé de 125 000$, l’église Saint-Augustin-de-Woburn se retrouve encore sur le marché, sept mois plus tard. Le nouveau prix affiché sur le site immobilier Re/Max D’abord: 100 000$ plus taxes. Et ce n’est pas faute d’acheteurs intéressés!

S’il n’y a plus de culte à l’intérieur du bâtiment, la dernière messe ayant été célébrée le 25 décembre 2023, la Fabrique de la paroisse Saint-Joseph-des-Monts n’en continue pas moins d’acquitter les factures de chauffage, d’électricité et d’assurances. Son président, Raoul Proteau, avait refusé que l’Archidiocèse cède le bâtiment pour 1$ à la municipalité de Saint-Augustin-de-Woburn, estimant que la Fabrique laissait une dette de 50 000$ qu’elle tenait coûte que coûte à honorer, pour ne pas la laisser en fardeau aux autres communautés de la Paroisse. «L’église n’est pas en train de tomber, elle est en faillite technique», résumait-il à l’Écho, dans l’édition du 24 octobre dernier.

Ces temps-ci, Raoul Proteau fulmine. Sur les cinq acheteurs potentiels qui se sont manifestés depuis le début de l’année, un entrepreneur de Saint-Jean-sur-Richelieu proposait 135 000$, soit 10 000$ de plus que demandé, pour acquérir l’église et la convertir en un immeuble résidentiel de 12 logements. M. Proteau soutient que l’offre avait même été acceptée par l’Archevêché. Le bâtiment date de 1923 et a bénéficié de travaux de restauration extérieure importants en 2011. Le terrain couvre une superficie de 4 048 mètres carrés. Bâtiment et terrain sont inscrits à 232 200$ sur la fiche d’évaluation municipale 2023. Une fois l’offre dûment déposée, l’entrepreneur avait 10 jours pour faire procéder à une inspection des lieux. Avant la fin de l’expiration du délai, l’entrepreneur a retiré son offre. Retour à la case départ pour la Fabrique et l’Archevêché.

«On a perdu un acheteur, c’est insultant», se désole M. Proteau, qui soupçonne une ingérence municipale. Une question de droit de passage ou de servitude aurait pu compromettre l’installation projetée d’un champ d’épuration devant desservir le futur immeuble résidentiel.

À Sherbrooke, l’Archevêché confirme que la vente de l’église est toujours entre les mains de l’agent immobilier Gina Dubé de Re/Max D’Abord. «Il n’y a pas de nouveauté dans le dossier. Celui qui a fait l’offre s’est désisté», résume Anne-Marie Laffage.

Église et cimetière
Dans son numéro de mai-juin 2024, Le p’tit journal de Woburn, sous la plume de Johanne Carbonneau, a tenté d’éclaircir la situation. Le terrain derrière l’église fait-il l’objet d’une servitude ou non? Questionne-t-on. «La firme d’arpenteurs-géomètres Ecce Terra n’a rien trouvé de son côté. Et à la demande du P’tit journal, après avoir effectué des recherches approfondies dans les archives municipales, la municipalité de Woburn n’a rien trouvé de son côté, aucune servitude.»
À sa séance mensuelle d’avril, le conseil municipal a déposé un avis de motion afin de modifier un règlement de zonage, afin de faciliter la vente de l’église. Le zonage actuel prévoit des activités de loisir ou communautaire. En greffant le terrain de l’église à la zone mixte adjacente, le terrain se retrouvera dans une zone résidentielle ou commerciale.

De l’autre côté de la rue, tout juste voisin de l’édifice municipal, le cimetière connaît sa part de problèmes. Celle qui est présidente du conseil de gestion de l’église depuis une vingtaine d’années, Diane Dubrûle, a présenté sa démission, effective en juin 2024.

Entre-temps, la paroisse a perdu sa secrétaire et le responsable bénévole du cimetière quitte en mai. La paroisse affiche un poste de secrétaire-comptable à combler. Si personne ne se manifeste, le cimetière sera fermé à partir de juin 2024. «En clair, écrit Johanne Carbonneau, cela signifie qu’il n’y aura plus d’enterrement de cercueil ou d’urne, ni achat de terrain.» Ce qui est difficilement envisageable tant pour la journaliste du P’tit journal de Woburn que pour Diane Dubrûle, qui gardent toutes les deux espoir. Pour la gestionnaire bénévole démissionnaire, il apparaissait respectueux qu’un citoyen de Woburn y trouve son dernier sommeil, au terme d’une cérémonie religieuse qui va se dérouler à Lac-Mégantic, le 14 juin.

Quand l’église de Woburn sera enfin vendue, c’est l’Archidiocèse qui encaissera les montants de la vente, mais c’est la Fabrique de la paroisse Saint-Joseph-des-Monts qui soumettra des projets et qui dépensera les sommes, après avoir acquitté ses dettes.

Anne-Marie Laffage explique que la Loi sur les fabriques et la Loi sur les cimetières sont distinctes, l’Archidiocèse reconnaissant sa responsabilité dans le dossier des églises, mais indiquant que, pour les cimetières, toute la responsabilité au niveau de leur gestion, revient entièrement à la fabrique. «Ici, au Diocèse, on veille à ce que cela fonctionne bien.»

La Paroisse Saint-Joseph-des-Monts gère également l’église Saint-Ambroise de Milan, celle de Notre-Dame-des-Bois, Saint-Léon de Val-Racine, l’église Saint-Paul de Scotstown, l’église Saint-Zénon de Piopolis, l’église Saint-Pierre de La Patrie. Quant à l’église Décollation-de-Saint-Jean-Baptiste de Chartierville, mise en vente elle aussi en 2023, l’appel de propositions s’est terminé le 6 octobre dernier. «Là aussi le dossier suit son cours. La vente est en voie d’être complétée.»