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L’art de mêler les cartes
Le premier ministre François Legault a pris un peu tout le monde par surprise, il n’y a pas si longtemps, en demandant au chef du Parti québécois, Paul St-Pierre-Plamondon, d’avoir «le courage» de demander à son frère, le Bloc québécois, d’aider le Parti conservateur de Pierre Poilièvre à défaire le gouvernement libéral de Justin Trudeau. Mal lui en prit, puisque la motion de non-confiance portée au gouvernement Trudeau a été battue et que la seule conséquence directe de ce coup de force raté aura été de faire mal paraître le PM aux yeux des libéraux fédéraux qui conservent le pouvoir, même si le gouvernement minoritaire est de plus en plus fragilisé.
À quoi s’attendait François Legault en livrant ainsi sur la place publique sa profession de foi envers les conservateurs? Le premier ministre a suffisamment d’expérience en politique québécoise pour savoir que les amis de tes adversaires politiques ne sont pas tes amis.
Demander au Bloc québécois d’aider les troupes de Poilièvre à battre le partenaire fédéral, en espérant que les Libéraux soient battus dans une prochaine élection générale au pays n’est pas l’idée du siècle au moment où tant de dossiers fédéraux-provinciaux mériteraient de se régler par une bonne volonté des politiciens des deux côtés de la rivière Outaouais. Bien que François Legault fantasme à l’idée de voir un changement de têtes à Ottawa, il était prématuré pour lui d’annoncer si clairement ses couleurs. Le risque de jeter de l’ombre sur les relations fédérales-provinciales, là, maintenant, avec le gouvernement libéral, aussi étonné de voir le parti-pris du PM envers un parti conservateur qui est loin d’être le premier choix électoral des Québécois, contrairement au reste du pays.
«Je demande au chef du PQ, d’avoir aujourd’hui du courage et de demander à son camarade du Bloc de reculer, de ne pas appuyer le gouvernement Trudeau… et de défendre les intérêts des québécois et de la nation québécoise.» Quel calcul enchevêtré!
«M. St-Pierre Plamondon a le devoir de se lever debout, d’être courageux et d’interpeller Yves-François Blanchet.» Réponse de ce dernier: «Voulez-vous remplacer Justin Trudeau par Pierre Poilièvre? La réponse c’est non!»
Le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau n’a jamais autant navigué en eaux troubles, menacé de toutes parts depuis que le NPD de Jagmeet Singh lui a retiré son appui. S’il a su éviter la première salve tirée par les conservateurs de Pierre Poilièvre, pourra-t-il survivre à la menace du Bloc québécois de faire tomber le gouvernement? Les libéraux ont jusqu’au 29 octobre pour rendre «irréversibles» les projets de loi C-282, visant à exclure la gestion de l’offre de toute future négociation à caractère commercial, et C-319, visant celui-là à augmenter les pensions des aînés âgés de 65 à 74 ans.
François Legault pense-t-il avoir un rapport de force plus grand avec un hypothétique gouvernement conservateur au pouvoir qu’avec le gouvernement libéral actuel? La CAQ a-t-elle peur du PLQ, un parti qui pourrait reprendre des forces avant le prochain rendez-vous électoral au Québec dans deux ans? La CAQ a fait le plein de tous les déçus du PLQ et du PQ l’année où cette nouvelle formation politique a été portée au pouvoir. Après deux mandats majoritaires, quand les Québécois retourneront aux urnes, les cartes auront été brassées. C’est donc maintenant plus que jamais que François Legault doit tout faire pour ne pas perdre d’appuis. Donc, éviter les embrouilles avec les libéraux fédéraux, parce que le PLQ n’est pas mort et que François Legault ne pourra pas convaincre les Québécois que le parti conservateur de Pierre Poilièvre est la voie de la réussite pour que le Québec gagne des points dans son rapport de force avec le gouvernement fédéral.
Et le projet de voie de contournement dans tout ça? La question a été posée au député Luc Berthold. «Advenant l’élection d’un gouvernement conservateur, qu’arrivera-t-il du projet de la voie de contournement ferroviaire à Lac-Mégantic?» La réponse ne s’est pas fait attendre: «Tous les partis à la Chambre des communes ont appuyé le projet de la voie de contournement et la position n’a pas changé. Malheureusement, les libéraux traînent les pieds, ont mal communiqué avec les citoyens et aucune pelletée de terre n’a été levée. Cette lenteur a créé de la division. Et c’est la faute des libéraux. Comme j’ai très peu d’information sur l’état d’avancement du projet, je peux seulement dire que le gouvernement conservateur prendra le dossier où il sera rendu, s’assurera que les citoyens reçoivent des réponses claires et des engagements précis.» Luc Berthold a sollicité une rencontre avec la nouvelle ministre des Transports Anita Anand pour faire le point sur le dossier et l’inviter à Lac-Mégantic. «La sécurité des citoyens de Lac-Mégantic sera notre priorité», répète-t-il. Rien de plus que l’engagement libéral actuel que les ministre des Transports répètent, les uns après les autres, depuis 2018.
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