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Logique de prudence
Si un illuminé avait, il y a 10 ans, proposé une voie de contournement ferroviaire à 100M$ pour Lac-Mégantic, anticipant ainsi économiser plus de 500M$ en dommages éventuels advenant un déraillement, il aurait sûrement été traité d’alarmiste, ou de connivence avec des lobbys, ou encore de cinglé, car on aurait été porté à investir le magot autrement. Et si on avait réalisé sa proposition, on aurait continué à le traiter de gaspilleur puisqu’aucun désastre ne serait survenu. Cette perspective rébarbative a bien changé depuis la catastrophe avérée.
Malgré que cette idée de tracé préventif soit maintenant généralement acceptée et revendiquée, il reste encore des détracteurs soutenant qu’il suffit de réduire la vitesse de transit à 10 mph pour régler le problème de sécurité. Pas suffisant, non: le train d’enfer de 2013 reposait à 0 mph! La pente extrême persiste et le nombre de trains fantômes est toujours en croissance au pays. Il a fallu beaucoup de pression citoyenne pour obtenir la réparation partielle de la voie décadente sujette à déraillements générateurs de trains fantômes. Toutefois ces réparations peuvent pernicieusement permettre à un train fantôme de progresser plus loin et plus vite vers le bas. De plus, aucun wagon-citerne à bouclier, mieux renforcé que les dot-111 déclassés, ne peut résister à l’impact d’un déraillement à grande vitesse au bas de la côte. C’est dire que ces bonnes améliorations sont peu rassurantes pour vraiment sécuriser le centre-ville et soigner les séquelles post-traumatiques de la population.
Donc, l’urgence de corriger le vice topographique à la base de la catastrophe est maintenant reconnu; mais force est de constater que le combat contre les trains d’enfer se déroule à pas de tortue. Finalement, cette urgence a été admise par le premier ministre Justin Trudeau qui s’est engagé à accélérer le processus de construction de la vraie solution. Enfin, une bonne nouvelle!
Alors, si cette nécessité d’une voie de contournement est admise à cause du danger public réel, comment se fait-il qu’on permette, en attendant sa réalisation, le transport de produits dangereux sur le tracé reconnu fautif? Le gaz naturel est pourtant encore plus explosif que le Baken. Ce n’est pas logique. L’imprudence n’a plus sa place à Lac-Mégantic et il faut se libérer de l’illusion de sécurité habilement inculquée et incrustée à tous les niveaux de gouvernance. Au lieu de faire patienter la population sous un tel risque quotidien, c’est le train qui devrait patienter jusqu’à ce que la salutaire voie soit ouverte.
Richard Lefebvre md
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