Après la pétition, une grande marche le 11 octobre!

Gilles Fluet, Richard Poirier, André Lachapelle, Robert Bellefleur, Gilbert Carrette et André Blais.

«Stephen Harper, on aimerait ça qu’il vienne à Lac-Mégantic pour lui montrer des choses sur la voie ferrée.» Un vœu sans doute pieux énoncé par Richard Poirier, du comité Sécu-Rail, mais peu importe la participation ou non des politiciens, après une pétition de près de 2500 noms, une grande marche citoyenne annoncée pour le dimanche 11 octobre en après-midi viendra recentrer les projecteurs de la campagne électorale sur le thème de la sécurité ferroviaire.

La Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire veulent frapper un grand coup, huit jours avant le scrutin: amener de 3000 à 4000 personnes au centre-ville de Lac-Mégantic, de partout au Québec, afin d’exiger de nos politiciens municipaux le dépôt en cour fédérale d’une injonction interlocutoire obligeant la Central Maine & Quebec Railway (CMQR) à réparer sur-le-champ toutes les anomalies identifiées sur la voie ferrée afin de la rendre complètement sécuritaire.

Une seule confirmation de présence pour l’instant, le chef adjoint du Parti Vert du Canada, Daniel Green. «Seuls le NPD et le Parti Vert font preuve de sensibilité et de compréhension à l’endroit de la population de Lac-Mégantic en promettant rapidement la construction d’une voie de contournement ferroviaire», affirme le porte-parole de la Coalition, Robert Bellefleur.

En conférence de presse, lundi, les principaux représentants de la Coalition ont tenu à répéter que malgré les assurances données tant par la CMQR que par Transport Canada, le chemin de fer entre Milan et Frontenac présentait toujours des problèmes. «Depuis la tragédie, Transport Canada fait la sourde oreille à toutes nos demandes d’informations. Il nous semble que le cafouillage de Transport Canada soit encore bien présent, ou bien il y a carrément un manque intentionnel de collaboration», répète encore André Lachapelle.

Signaux défectueux, ponceaux dangereux, voie de déraillement encombrée, autant d’anomalies notées par les citoyens, plus vigilants semble-t-il que les inspecteurs fédéraux. Vient s’ajouter un nouveau signe que la tragédie de 2013 n’a pas encore été reléguée aux oubliettes, l’insomnie chronique dont souffriraient bon nombre de citoyens résidant à proximité de la voie ferrée.

«Les fameux trains de la CMQR crient de façon stridente dix fois plus forts que le faisaient les anciennes locomotives de la MMA. Quand ils se mettent à crier en pleine nuit, les gens se font réveiller aux petites heures du matin et ne se rendorment pas. On m’a dit que plusieurs prenaient de la médicamentation pour essayer de dormir mieux. La voie de contournement ce n’est pas un luxe!», dit Robert Bellefleur.

Après un demi-milliard de dollars d’investissements, Lac-Mégantic reconstruit son centre-ville encore plus près de la voie ferrée, «dans l’ancienne gare du CP», regrettent les membres du comité.
Selon André Blais, la population locale devrait connaître la paix, la sécurité et la quiétude. «Mais tout cela ne sera possible qu’après la réparation de la voie ferrée actuelle et la construction de la voie de contournement le plus rapidement possible.»

Omniprésent dans le discours maintes fois propagé par les sentinelles de la voie ferrée: «la plus grande partie de la population vit encore sous le choc et les traumatismes. Les trains qui passent transportent du propane et de l’acide sulfurique. À une fréquence d’environ quatre à cinq fois par semaine.

Avant la grande marche citoyenne du 11 octobre, avec départ à 13h devant le Centre sportif Mégantic, la Coalition déposera le 21 septembre à l’hôtel de ville une pétition de près de 2500 noms qu’on dit avoir obtenue en moins de deux semaines. Un très grand nombre de médecins de la région appuierait le mouvement populaire. «Les citoyens ont le droit à la sécurité de leur personne», insiste André Blais.

Son complice André Lachapelle attend toujours que le successeur de la MMA, la CMQR, fasse la démonstration d’une tout autre culture du chemin de fer. «On n’est pas contre le transport des marchandises dangereuses, on veut juste que ça se fasse de façon sécuritaire. J’ai déjà vu des conducteurs débarquer de la locomotive en marche pour venir déposer des papiers de dédouanement à la gare et repartir à la course pour remonter à bord. Ce qu’on me disait c’est, tout le monde le fait et puis, on ne va pas vite !»

Selon lui, le Canada a tout intérêt à se lier avec les Américains qui vivent la même situation. «MMA est parti de quatre employés à bord du convoi, puis à trois, ensuite à deux pour finalement se retrouver avec un seul. Qui dit déréglementation dit surveillance et compte-rendu. Ils ont la compétence et la connaissance, il manque juste la volonté de le faire.»

Richard Poirier interpelle les donateurs de la Croix-Rouge et du Fonds Avenir Lac-Mégantic: «votre présence à la manifestation est aussi importante que tout l’argent que Lac-Mégantic a reçu. Si on n’est pas capable d’atteindre jusqu’à 4000 personnes à notre manif, c’est bien de valeur mais on va devoir vivre avec dès que les élections seront passées.»

«C’est un enjeu national qui part d’une prise de conscience locale. Ici, la sécurité ne permet aucun compromis. Si nos gouvernements ont permis un allègement des lois, ils peuvent exiger un resserrement», renchérit Gilbert Carrette.

Les membres de la Coalition disent agir en collaboration avec le Comité de vigilance, la Corporation de développement communautaire et la Ville qui organisent, cette même journée du 11 octobre, un débat public et politique sur la sécurité ferroviaire au Centre sportif Mégantic, vers 14h. «Nous, disent les organisateurs de la marche, on fait une marche préalable, ensuite on se rend à l’activité débat où sont invités les principaux candidats, députés et chefs de parti.»