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Émilien Mercier, gardien de la mémoire du lac
De la fenêtre de son appartement du Village Harmonie, Émilien Mercier continue d’observer le lac. À 101 ans et des poussières, l’homme actif, qui ne manque pour rien au monde ses deux promenades quotidiennes, avoue s’ennuyer d’un rituel qu’il a perpétué pendant des décennies et abandonné quand il a quitté sa maison, rue d’Orsennens: aux premiers signes de la froidure installés, planter un sapin sur le bord de la rive gelée, en ligne droite avec le pont Agnès!
«J’ai toujours aimé ça aller sur le bord», confie-t-il à l’Écho. Sa mémoire du lac est sans faille, et pour cause. «Dans les années 40-45, j’ai travaillé à charroyer la glace pour la grosse glacière du Canadien Pacifique (dans la cour de triage) et jusqu’en haut de la ville. Les gens n’avaient pas encore de frigidaires, dans l’temps!»
Il raconte qu’après la Fête des rois, dès que la couche de glace au large du parc des Vétérans atteignait une épaisseur de 6 pouces (15 centimètres), des hommes s’empressaient d’enlever la neige à la surface pour renforcer le manteau de glace. Et quand l’épaisseur atteignait 20 à 22 pouces (de 50 à 56 centimètres), les opérations commençaient. À l’aide de sciottes, on découpait des blocs de glace, acheminés aux entrepôts avec l’aide de chevaux.
À cette époque, le lac gelé servait de voie de transport plus accommodante que les routes en été. «Il y avait beaucoup de trafic sur le lac, dans ce temps-là. On voyait des voitures tout le temps, sur le chemin balisé entre la rue Milette et le Trou-des-Ours (baie Victoria, à Marston). Pour tracer la route, on utilisait des fois des sapins, mais aussi toutes sortes d’arbres. Il y avait beaucoup de monde qui voyageait entre la ville et le chemin Victoria.» Le plus grand danger, la craque devant la Pointe à Gobeil. Plusieurs incidents et même des drames s’y sont joués.
En ville, les gens avaient l’habitude de marcher à pied sur le lac entre la beurrerie (qui est devenue plus tard la Coop) et le parc des Vétérans. Émilien se souvient bien de l’incendie de la beurrerie, survenue le 1er avril 1939. «Ce jour-là, un gars avait pris son cheval pour faire le trajet. C’était risqué, aussi tard dans la saison.»
Il a lui-même empêché des désastres. «J’ai sorti des chevaux qui s’étaient enfoncés. Ça arrivait souvent!» Le lac avait beau être sécuritaire dans toute sa longueur, il arrivait que les ruisseaux et les rivières qui débouchaient au lac débordent, lors des coups d’eau.
Ses promenades sur la glace lui manquent, il ne s’en cache pas! Perché plus haut, rue de l’Harmonie, il regarde le lac comme un véritable livre ouvert sur un passé très actif.
«Quand j’étais jeune, je devais avoir 20 ans, il se faisait de la drave sur le lac, l’été.» Pour les besoins de la scierie de Lake Megantic Pulp, entre les rues Milette et Victoria. «Et Cliche faisait pareil!»
Au fil des ans, il a vu arriver les changements climatiques. Surtout cet hiver, anormalement doux! Il a conté à son fils Robert qu’il avait déjà vécu ça, en 1950. Preuve que sa mémoire des faits et des événements marquants est restée intacte. À la mi-janvier, il n’était pas trop inquiet de voir des nappes d’eau libre à quelques endroits. «Le lac tarde, mais ça finit toujours par prendre!» Et cet hiver lui a donné raison. Le 19 janvier, toute la surface était gelée.
Le lac gèle plus tard et dégèle plus tôt. «Ça dépend des saisons», dit Émilien, le sage!
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