Julie Boulay entourée de ses enfants Henri, Arthur et Sarah-Maud, de son neveu William et de sa soeur Sylvie. (Photo Claudia Collard)
Le soir du 27 février, Julie Boulay a vu sa vie basculer. L’explosion d’un foyer décoratif à l’éthanol l’a projetée par terre, enflammant son corps à une vitesse fulgurante. «J’ai senti la chaleur par en dedans, j’étais sûre que j’allais mourir…» Un mois d’hospitalisation plus tard, elle est de retour chez elle. Et s’il lui faudra du temps pour guérir complètement, Julie partage que l’élan de solidarité manifesté à son endroit contribue largement à son rétablissement.
Dans son salon, entourée de ses proches, Julie relate cette soirée qui l’a menée aux soins intensifs de l’unité des grands brûlés du CHUM. Ses brûlures aux mains, aux bras, aux jambes, au cou. Son visage qui a été pratiquement épargné grâce à de la neige projetée. «J’ai demandé qu’on m’apporte un miroir. Ensuite je suis devenue comme zen. J’étais encore en vie et je n’étais pas défigurée. Dans ma tête, c’était correct.»
C’est une fois dans l’ambulance qu’une douleur fulgurante l’a envahie. «Sachant que j’étais prise en charge, la pression est tombée», explique Julie.
Quelque 24 heures plus tard, elle se réveille au Centre hospitalier universitaire de Montréal. Elle apprendra que ses brûlures ont atteint le 2e degré et le 2e degré profond, ce dernier exigeant des greffes. Pendant que Julie recevait des soins spécialisés, un branle-bas de solidarité s’est organisé.
Dès le premier contact virtuel avec sa sœur, la décision de Sylvie a été spontanée. Elle allait quitter la Gaspésie pour Lac-Mégantic et y demeurer le temps qu’il faudrait pour soutenir Julie dans son rétablissement. Quitte à laisser son emploi s’il le fallait. «Je ne me voyais pas être ailleurs qu’ici», confie celle qui a pu obtenir un congé sans solde.
Pour que la générosité de Sylvie ne lui cause pas de pertes financières, Sarah-Maud, la fille de Julie a lancé une campagne de financement sur les réseaux sociaux. Objectif de départ : 5000$. En cinq heures, ce montant était atteint puis doublé le lendemain. À ce jour, près de 15 000$ ont été amassés. «Des gens que je ne connais pas ont contribué, j’ai reçu des dons anonymes de 200$. Les gens ont été vraiment généreux, j’ai reçu des repas préparés, beaucoup m’ont offert leur aide. Un vrai tsunami d’amour! C’est tellement immense que c’est quasiment difficile à prendre», partage Julie visiblement émue.
Malgré son attitude positive, Julie ne cache pas qu’elle doit faire le deuil de son corps d’avant. «Je suis une fille qui aime aller à la plage, prendre du soleil. Cet été je vais devoir demeurer en col roulé. La cicatrisation peut prendre jusqu’à un an et demi avant d’être complétée. C’est un nouveau corps que je vais devoir apprivoiser», confie-t-elle. Cette guérison physique et psychique sera grandement facilitée par tout le soutien qu’elle reçoit, assure Julie. «Si j’ai pu quitter l’hôpital plus vite, c’est grâce à ma sœur. J’ai besoin d’aide parce que je ne peux pas faire la cuisine ou le ménage pour l’instant. Toute mon énergie va être concentrée à guérir.» En plus d’une infirmière qui viendra chaque jour à la maison, Julie devra se rendre à Sherbrooke deux fois par semaine pour des traitements de physio et d’ergothérapie.
Dans l’épreuve, Julie a pu constater à quel point le monde est rempli de bonté. «Quand j’ai mal ou que je me sens triste, je puise dans le sac d’amour que j’ai reçu et que je continue de recevoir. La générosité des gens va au-delà de l’argent. Oui c’est beaucoup de sous, mais surtout beaucoup d’amour. Quand j’étais à l’hôpital, tous les messages privés que j’ai reçus m’ont gardée dans une vague positive.»
Elle adresse également de bons mots à l’endroit du personnel dévoué de l’unité des grands brûlés du CHUM et souligne la générosité de la Fondation des grands brûlés, qui lui fournit gratuitement les vêtements de compression qui favoriseront une bonne cicatrisation. Une Fondation que Julie entend soutenir en retour.
En terminant, Julie Boulay émet une mise en garde à l’endroit des poêles à l’éthanol, qui mènent chaque année plusieurs patients à l’unité des grands brûlés. C’est le réapprovisionnement en éthanol, pour une deuxième ou troisième fois dans la soirée, qui a causé l’explosion, le poêle étant encore un peu chaud, rapporte-t-elle.
{text}