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De plus en plus vorace le futur tronçon ferroviaire!

De plus en plus vorace le futur tronçon ferroviaire!   - Rémi Tremblay : Actualités  Voie de contournement

Dans l’ordre habituel autour de la table, Raymond Savoie, Yolande Vallée, Kurt Lucas, Michel Dallaire et Yolande Boulanger.

Plus attentifs à l’arrivée prochaine du facteur qui verra à distribuer des caisses de chèques du Plan d’arrangement avec les créanciers de la MMA, les Méganticois ignorent que, dans la cour arrière, les propriétaires de lots convoités sur le tracé retenu de la future voie de contournement ferroviaire vont de mauvaise surprise en mauvaise surprise en constatant avec stupeur que grand chantier rime avec gros appétit! Le projet gruge de plus en plus de terrains sur la planche à dessin, et cela, avant même que les plans et devis finaux soient complétés.

Pour l’instant, les véhicules de forage embauchés par Englobe pour les analyses de sol s’enlisent dans des zones humides, les arbres tombent par dizaines avant le passage de la machinerie, des expropriés se retrouvent du jour au lendemain privés d’un accès direct qu’on leur avait pourtant promis avec l’autre portion de leur terre qui sera séparée par une voie ferrée qui prend de plus en plus de terrain dans la largeur de l’emprise. Et aucun recours juridique possible avant que le gouvernement du Canada leur ait offert noir sur blanc un montant d’argent pour conclure la transaction et acheter la paix.

C’est à n’y rien comprendre, se désolent ces citoyens qui vivent depuis des années sous le spectre que le train vienne bouleverser leur quotidien.

Yolande Boulanger a perdu son mari l’an passé. La femme de 83 ans s’est battue à ses côtés contre la maladie, tout en poursuivant son combat pour protéger la terre familiale de l’invasion du chemin de fer.

 Selon elle, tout sent l’improvisation dans cet empressement à vouloir guérir la détresse et rétablir la santé mentale de la population. «C’est la réponse qu’ils nous donnent quand on demande: pourquoi tout ça?»

Elle tient le même discours depuis des années, sans parvenir à émouvoir les gouvernements: «La Ville a agi avec empressement à demander une voie de contournement du train. Elle voulait profiter de l’effet dramatique que la tragédie avait eu sur la population. Elle a exigé que les autres tracés proposés ne soient pas étudiés et de faire vite.» Si ce tracé fait tant grogner les expropriés ainsi qu’une très grande partie de la population de Lac-Mégantic et de ses environs, c’est qu’il n’est pas vraiment réfléchi et qu’il est inacceptable de A à Z avec d’énormes risques et dangers pour l’environnement.

Dans le tout dernier plan qui lui a été livré par courrier recommandé, elle perd 40 acres et demi sur sa terre. «Les évaluateurs sont venus à la maison vendredi dernier, mais il n’a pas été question d’argent!». L’élargissement de l’emprise de la voie ferrée couvre grand et touche presque le bâtiment qui abrite le troupeau de 22 bovins Galloway ceinturés. La grande fierté de la ferme familiale. Et comme le train passera 10 mètres en-dessous de la 204, la remontée sur les terres familiales des Boulanger nécessitera de creuser une tranchée dans le roc de granit. Avec, pour conséquence, que la maison et le bâtiment principal seront enclavés dans un espace grand comme un mouchoir de poche. Pour conserver un accès au reste de la terre, des dépenses supplémentaires seront nécessaires de la part du donneur d’ouvrage pour aménager un pont de traverse d’animaux… au-dessus de la voie ferrée! Plus bas vers Frontenac, un petit lac qui sert de réserve d’eau en cas d’incendie va se retrouver sur la portion de terrain achetée par le fédéral. Sans compter les «trois épaisseurs de clôture à neige qu’ils prévoient installer de chaque côté du fossé pour éviter que le vent pousse des lames de neige dans le trou, en bas, où vont passer les convois! Ce qui m’insulte le plus, c’est qu’ils me disent vous allez être bien compensée. Y’a pas juste l’argent dans la vie, il y a aussi le gros bon sens!»

À cette rencontre impromptue autour de la table de cuisine chez madame Yolande, des voisins sont venus dérouler les plans de leurs terres charcutées. Chez les Mercier, pour deux parcelles convoitées, la tranche grugée par le fédéral passe en deux ans de 18 299 à 25 093 mètres carrés. Chez les Dallaire, la bouchée de 7,5 acres au tout début a doublé de volume avec 14 acres désormais réclamés. Chez les Vallée, d’avril 2019 à août 2021, l’empiètement passe de 10 201 à 26 980 mètres carrés. Presque le triple! Rue Wolfe, Raymond Savoie, de la Coop communautaire La Chaîne, devra relocaliser sa maison plus que centenaire. La raison est bien simple, le pont ferroviaire à ériger au-dessus de la Chaudière passerait à quelques mètres à la hauteur de son deuxième étage, presque quatre mètres au-dessus de la rue! L’emprise sur son terrain est passée de 44 099 à plus de 50 000 mètres carrés. Pour l’exproprier, ils devront payer les frais de déménagement de la bâtisse. Et ce n’est pas donné. Plus de 450 000$ selon un estimé préliminaire qui pourrait possiblement doubler en raison du casse-tête imposé. Chaque pierre du revêtement extérieur devra être numérotée pour conserver le cachet patrimonial!

L’un des voisins de Mme Boulanger, sur des terres situées en haut de la colline, Kurt Lucas, déplore à son tour ce qu’il qualifie de «manque de rigueur» de la part des professionnels pour ce projet de tronçon, qui deviendra la portion de chemin de fer la plus dispendieuse au Canada. «Sur terrain plat, on estime le coût de la construction d’une voie ferrée à 1 M$ par kilomètre. Ici, on parle de 30 M$ du kilomètre et les plans et devis se font encore attendre! Toujours des surprises à mesure que le temps passe, mais jamais d’explications!»

Sa contribution au nouveau passage du train a grimpé, lui aussi, de 4 000 à 17 000 mètres carrés. Kurt Lucas n’est pas un ingénieur mais sa vue est tout de même assez bonne pour constater qu’un petit lac, dans son environnement, a perdu 15 pouces d’eau après les tests effectués sur le terrain. «La quantité et la qualité de l’eau a changé. Là-haut (dépassé la montagne de la croix sur La Fontaine) l’eau coule en abondance, sécheresse ou pas.» Ses voisins et lui craignent pour la nappe phréatique, avec tous les bouleversements que le chantier va amener.

 Yolande Boulanger n’en démord pas. «Si l’environnement tient vraiment à cœur à M. Trudeau, comme il nous l’a laissé sous-entendre durant sa campagne électorale, il ne devrait jamais accepter un tracé tel que celui proposé actuellement, ne serait-ce que pour le danger de la contamination de la nappe phréatique qui serait un désastre plus qu’énorme, car elle abreuve entre autres les citoyens de Lac-Mégantic et de Laval-Nord, à Nantes. Le problème n’est pas l’emplacement du tracé actuel, qui existe depuis plus de 100 ans, mais plutôt le manque d’entretien de la voie et les règlements de sécurité qui ont été trop relâchés. Si ces problèmes ne se règlent pas, on reverra malheureusement d’autres tragédies survenir. Tout ça, sans parler des coûts astronomiques pour la construction de cette voie de contournement ferroviaire qui ne cessent d’augmenter. N’oublions pas que ce tronçon de voie ferrée sera donné au CP, après qu’elle l’ait construit entièrement avec des fonds publics et que la facture sera donc refilée à tous les contribuables canadiens et québécois. Qu’on soit pour ou contre cette voie, nous allons tous payer la facture. Et elle promet d’être salée!»

Madame Yolande se bat encore, mais… «je sais bien que je vais être obligée d’accepter la réalité !», laisse-t-elle échapper. Ils devaient procéder au creusage de quatre forages sur ses terres, pour faire l’analyse des sols. Ils en sont à plus d’une vingtaine! L’autorisation pour accueillir les équipes de spécialistes lui rapporte 2 000$, la même somme pour tout le monde, peu importe le nombre de dérangements que cela occasionne.

Un nouveau BAPE? 
Transports-Canada a tellement remanié les cartes depuis deux ans, qu’il serait tout à fait approprié selon elle qu’un nouveau BAPE vienne entendre les citoyens. «On ne sait plus à quel saint se vouer», déplore-t-elle. 

L’idée d’un nouveau BAPE plairait bien à Sylvain Côté, sur l’autre rive de la rivière Chaudière, lui aussi affecté par l’entêtement du fédéral à construire le nouveau tronçon en droite ligne selon les plans initiaux.

À l’intersection du 10e Rang et de la 161, Sylvain Côté a bien du mal à suivre les péripéties du dossier. «En juin 2019, ils prenaient une emprise de 58 mètres de large, qui est devenue 81 mètres en octobre de la même année. Ils demandent maintenant 104 mètres de large. Au total, 28 000 mètres carrés!»

Celui qui s’est battu ardemment mais sans succès pour que le tracé 2.1, passant au nord plutôt qu’au sud de la 161, soit privilégié ne comprend plus rien de l’approche de Transport-Canada. «Ce qui nous est présenté aujourd’hui n’est plus du tout pareil au projet qui a été soumis au BAPE ! Le projet a tellement changé depuis qu’on ne sait plus où on est rendus. Le tracé par le nord avait été rejeté parce qu’il faisait 18 km de long plutôt que 12 km. Ils estimaient que le tracé de 18 km allait nécessiter trois mois de plus pour les travaux, 30 mois au lieu de 27. Et pourtant, les impacts environnementaux, en passant par le nord, auraient été beaucoup moins sévères, et les obstacles physiques beaucoup moins importants!»

Alors que les règlements de l’environnement sont supposés être protégés, lorsque des chantiers de cette nature se développent, ici, les autorités n’hésiteront pas à bouleverser des terres humides et même déplacer des ruisseaux.

Représentant les intérêts de ses parents, Yolande Vallée constate elle aussi que l’emprise demandée sur la terre familiale a connu une poussée de croissance phénoménale de près du triple en deux ans. Un 10 201 mètres carrés en août 2019, quelques mois plus tard 22 972 mètres carrés et finalement, au dernier décompte, 26 980 mètres carrés.

Michel Dallaire voit son fond de retraite fondre comme neige au soleil. Le potentiel de son développement résidentiel, sur des lots zonés blancs du quartier Fatima est de plus en plus réduit. «On en est là aujourd’hui parce qu’il y a eu un manque de sécurité et personne ne l’assume», résume Yolande Vallée. 

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