La leçon de vie de Gabrielle

La centenaire, Gabrielle Godin-Poulin, en compagnie de son demi-frère, Louis Godin, ancien membre du 22e Régiment, qui a également été honoré le 19 mai. (Voir article sur celui qui a servi dans les Forces armées canadienne durant plus de 30 ans, dans notre édition du 24 mai)

«Tout est dans l’attitude: elle aime la vie par-dessus tout; elle s’entoure de ceux qu’elle aime; elle a des projets en tête et envoie en arrière les irritants!» Des trucs à la portée de tous? Pour Gabrielle Godin-Poulin de Lac-Drolet, la vie ne se conjugue pas uniquement par la chronologie des événements, mais plutôt par le bonheur qu’elle en tire. À 100 ans, entourée de l’amour de ses enfants et de sa longue lignée, «Gaby» est heureuse… visiblement!

La première dame centenaire à être fêtée à Lac-Drolet, dimanche dernier, reçoit les hommages, la lettre de la première ministre Pauline Marois, celle du député Ghislain Bolduc, celle du premier ministre Stephen Harper, du Gouverneur-général, du ministre Christian Paradis et bientôt sans doute, celle du pape François 1er, avec beaucoup de philosophie. «Je suis contente de ma vie!», résume celle qui vit seule dans la même maison qu’elle habite depuis 1939.

La célébration à la salle communautaire a regroupé environ 150 personnes, surtout des parents et quelques amis de l’âge d’or. Sa descendance comprend 15 enfants vivants, dont trois d’un premier mariage, 26 petits-enfants et 22 arrière-petits-enfants.

Son aînée, Martha, a 85 ans; François 84, Lauréat 82, puis son mariage avec Albert Poulin lui a donné des enfants à la douzaine, au rythme d’ un par année : Gilles 72 ans, Claire 71, André 70, Marie-Louis 69, Lise 68, Robert 67, Suzanne 66, Nicole 65, Pierre 63, Diane 62, Denis 61 et le petit dernier Carol 59.

«Je fais une belle vie, j’ai de bons enfants qui s’occupent bien de moi et que j’aime beaucoup, j’ai de bons amis! Finalement, je n’ai pas eu de malheur, ben ben!» «Elle n’est pas malcommode, mais elle sait ce qu’elle veut», intervient Gilles, le plus vieux des fils d’Albert, décédé en 1997 à l’âge de 93 ans.

Après tout un siècle, Gabrielle conserve un beau visage, une très bonne mémoire et son lot de près d’une dizaine d’amies qu’elle reçoit à la maison chaque jeudi pour un après-midi de cartes où elle prépare quasi religieusement un petit lunch pour ses invitées. Une habitude très importante pour elle. Le reste du temps, elle lit son journal chaque matin et demeure active en tricotant de grandes couvertures qu’elle distribue généreusement à sa famille et ses amies. Son médecin termine chaque visite avec la même bonne nouvelle: «Vous allez mourir en santé!» À elle de répondre : «Soigne-moi comme il faut en attendant!»

L’âge n’a pas d’importance!
À 84 ans, son fils aîné, François, reconnaît que c’est un privilège pour un «enfant» de son âge de pouvoir encore dire «maman» à quelqu’un qui vous écoute. Tant qu’on est encore le fils ou la fille d’une mère bien vivante, le vieillissement semble ne pas avoir de prise. Le fondateur de l’Institut François de Courval à Québec, créé il y a déjà 50 ans, poursuit une quête de sens dans l’univers de la régénérescence cellulaire de la peau et une quête de beauté. «Quand on l’invoque, la nature est miraculeuse», dit le dermoesthéticien en cette journée de fête plus que spéciale. «L’âge n’a pas d’importance. La question qu’il faut plutôt se poser devant ma mère: a-t-elle atteint sa plénitude?» Gabrielle est rayonnante. Elle est unique. Une vie d’amour qui ne semble pas prête de se terminer.