Actualités
Clin d'oeil
Culture
Opinion
Sports
Le temps de se réinventer
J’ai assisté mercredi dernier à la rencontre d’information et de consultation publique où l’on nous a présenté le portrait actuel de ce que l’on connaît «apparemment» de la situation environnementale, ainsi qu’une première ébauche de plan de reconstruction du centre-ville. Je suis à la fois médusée et abasourdie de constater à quel point il est facile de nous faire collaborer et approuver docilement, pauvre population éprouvée que nous sommes.
Comme représentant du Ministère de l’Environnement, un homme humain et lucide, que j’ai senti empathique quand on lui a demandé pourquoi on se refusait toujours, deux mois après le déraillement, à nous révéler ce que contenait précisément les 70 wagons. Un homme qui ne s’est pas montré faussement rassurant quant au caractère sévère et complexe de la contamination des sols. On ignore encore exactement combien de milliers de litres d’un pétrole plus ou moins identifié se sont enfouis dans nos sols, mais on nous a à tout le moins confirmé qu’on en pompait encore en grande quantité de la zone située près du Citron Vert et de la Rivière Chaudière. Que l’ampleur de la contamination est telle qu’il est pratiquement exclu de décontaminer par extraction et remplacement des sols. Soyons honnêtes: si le parc commémoratif ne fait pas l’unanimité chez la population pour l’instant, on finira sans doute par s’y résigner faute d’autre solution plausible de décontamination.
L’ampleur de la tâche est colossale. Colette s’est faite rassurante, a démontré une rigueur professionnelle et une profonde humanité. Je n’ose imaginer le stress et la fatigue qu’a supportés cette femme depuis deux mois. Cette femme qui se doit d’être forte, présente pour sa population, mais qui doit parfois se sentir si dépourvue face à l’ampleur d’un tel chantier, de décisions aussi monumentales, de tant d’incertitudes et de pressions de toutes parts. Colette, vous nous parlez et nous avons tous envie d’acquiescer, d’être de bons élèves, de se résigner un peu, parce que bon, c’est vrai, il faut reconstruire, évidemment que ça ne sera plus comme avant, que ça ne sera pas forcément beau-beau, mais mieux vaut commencer rapidement, on ne peut nier l’urgence de rétablir l’offre commerciale, on ne peut rester indifférent face à l’isolement et aux incertitudes qui doivent assaillir tant la population de Fatima, que celle du centre-ville et ses commerçants.
Or, si le PPU nécessite l’approbation de la population pour aller de l’avant, je doute que nous ayons consenti à quoi que ce soit mercredi dernier. Nous sommes loin d’une communauté qui s’est penchée sur une décision commune de l’avenir, sur ce qu’elle désire préserver, réinventer et reconstruire. Une heure trente pour qu’une trentaine de personnes éparses s’expriment à la volée sur des enjeux aussi cruciaux que la réhabilitation temporaire de la voie ferrée, sur les pouvoirs d’expropriation dont se prévaudra la municipalité, sur la nécessité de déplacer des résidents pour installer des commerces, de relocaliser des industries pour construire des quartiers résidentiels, sur les impacts à long terme pour les résidents de plusieurs quartiers, c’est peut-être une démonstration d’ouverture, mais c’est loin d’être suffisant. Je ne dénigre pas l’effort de consultation, bien au contraire. J’ose seulement espérer que ce n’est qu’un début et que nous, citoyens, ne serons pas réduits au rôle de figurants dans le processus de reconstruction.
Nous avons besoin de redessiner notre collectivité ENSEMBLE, gens de la MRC. De faire des choix pensés, étudiés, nés d’un désir commun non pas de retrouver intact ce qui ne sera plus, mais de se réinventer en étant à la puissance 10 de ce que nous étions. Nous sommes libres de ne pas devenir l’ombre d’un plan préfabriqué impulsé par un lobbying hyper intéressé qu’on finira par avaler à la petite cuillère. Nous avons l’opportunité inouïe de nous réunir, de convoquer sur notre territoire des esprits critiques, des scientifiques créatifs, des constructeurs visionnaires, des rêveurs délirants, des consciences écologistes, et surtout les gens d’ici. Mais nous avons besoin d’un peu de TEMPS pour nous asseoir, ensemble, en petites tables de discussions, pour rêver à une façon de devenir meilleurs, pour imaginer nous-mêmes notre espace urbain et collectif. Pas seulement d’ingurgiter un conte corporatif. Alors qu’on a déjà engagé des entrepreneurs pour débuter cette semaine des travaux en vue des futures constructions à caractère commercial qui s’érigeront devant le centre sportif, est-il vain de croire que nous, simples citoyens, avons encore une place véritable en tant que créateurs et décideurs de notre avenir? J’ai l’impression nauséeuse que déjà des décisions nous échappent, happées par une précipitation que l’on justifie à quel prix? J’octroie toute ma confiance à Colette et à son équipe. Aucunement à des intérêts privés qui tentent de nous émouvoir avec une vision unilatérale et strictement mercantile du renouveau. Nous ne sommes pas que des consommateurs!
Nous sommes collectivement responsables, précisément par nos choix de consommation et de nos modèles économiques, de la tragédie du 6 juillet. Et par conséquent, nous sommes tout aussi responsables de faire jaillir de cette dévastation des idées de reconstruction visionnaires, créatives, écologiques et innovatrices. Ne devenons pas de simples répliques de Bromont, de Mont-Tremblant ou du Quartier 10/30, mais bien un modèle d’une collectivité qui aura saisi l’opportunité de se rebâtir de façon consciente et responsable.
Karine Gaulin
À lire aussi
-
Culture ThéâtreUnivers parallèle rouge Kubrick
-
ActualitésDe la neige artificielle au mont Button
-
Actualitésncursion au cœur de la vie réelle des Cubains
-
ActualitésLe couple Savoie-Boulanger devra quitter sa demeure
-
Actualités MunicipalitéUn seul nouveau venu au conseil municipal de Lac-Mégantic
0 commentaire
-
Univers parallèle rouge Kubrick
-
De la neige artificielle au mont Button
-
ncursion au cœur de la vie réelle des Cubains
-
Le couple Savoie-Boulanger devra quitter sa demeure
-
Un seul nouveau venu au conseil municipal de Lac-Mégantic
-
Élections à Lac-Drolet : Sylvio Therrien obtient une écrasante majorité
-
La pauvreté, toujours une réalité sur le territoire de la MRC
-
Bloquez la loi 2 pour préserver votre santé !
6 novembre 2025
-
L’aide promise tarde à venir
25 juin 2025
-
Des faits à rétablir
17 juin 2025
Pour réagir, Connectez vous

{text}