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De CSSS performant à simple point de services ?
Pierre Latulippe, partagé entre l’insécurité de ses troupes et la confiance que la région du Granit réussira à bien tirer son épingle du jeu de la réforme Barrette.
Malgré des coupures budgétaires récurrentes de 1,3 million de dollars au cours des cinq dernières années, le CSSS du Granit fait toujours figure de gestionnaire modèle parmi les petits établissements éloignés. Avec le taux d’encadrement le plus bas au classement des 93 centres de santé et de services sociaux au Québec, celui du Granit réussit à faire la démonstration de son efficacité, au sein d’un vaste réseau qui connaît son lot de problèmes structurels. N’empêche, la réforme du ministre Gaétan Barrette ébranle les murs de l’édifice de la rue Laval et, même si son avenir à lui dans l’organisation reste incertain, le directeur général Pierre Latulippe se dit que dans les mois qui vont suivre, avant le 1er avril 2015, date probable de la mise en application de la réforme, aussi bien chercher à profiter de ce délai pour influencer à l’avantage de la région les décisions qui seront prises au Ministère.
«Pour nous, ce qui était prévisible c’était les regroupements, mais pas de cette ampleur-là», a réagi le directeur général, quelques jours après le dépôt du projet de loi 10 qui annonce la fin des Agences régionales de santé et de services sociaux, la fin des CSSS et la création des centres intégrés. Dans les faits, le CSSS du Granit était le seul sur les sept en Estrie à ne pas être impliqué dans une démarche de regroupement, avant l’annonce des intentions du ministre Barrette. C’est son éloignement de Sherbrooke qui lui sauvait la mise.
Pierre Latulippe ne voit pas trop bien comment être plus performant, après des compressions successives subies année après année. «Où couper dans l’encadrement? On est déjà au minimum partout! On a encore un petit bas de laine; au prochain budget, on va aller gruger dedans!»
Lors de la visite du ministre Gaétan Barrette, le 4 juillet dernier, le directeur général lui avait déjà soufflé le message: couper davantage dans les cadres, c’était briser une organisation qui obtenait de bons résultats partout, avec une bonne mobilisation des troupes et un taux d’absentéisme le plus faible du réseau. «Je lui disais: ça va nous prendre des outils, mais son plan était fait.» Le projet de loi 10 est détaillé dans un document de 75 pages qui ne peut pas avoir été rédigé en l’espace de seulement quelques semaines.
Maintenant, ce qu’il veut surtout éviter c’est la démobilisation du milieu. «Chose certaine, notre Fondation est là pour rester. Les gens de la MRC veulent des services locaux, ils y croient et participent financièrement à l’achat d’équipements. Je demeure confiant que notre offre de services, déjà la plus diversifiée en Estrie, sera maintenue à cause de la distance, puisque notre éloignement nous a toujours bien servis, mais ce qui m’inquiète c’est le plus long terme. La population ne va pas en augmentant.»
Pierre Latulippe a sursauté quand il a vu la projection de croissance démographique des sept MRC de l’Estrie d’ici 2036, publié par l’Institut de la statistique du Québec. Le Granit loge tout en bas du classement, avec une perte appréhendée de 0,9% de sa population, de 22 305 en 2011 elle passerait à 22 100 en 2036, alors que ses voisines vivront des croissances démographiques, jusqu’à 20,3% de plus pour la MRC Memphrémagog. Une population davantage vieillissante et, donc, susceptible de réclamer plus de services en santé, à proximité de chez elle.
Comme le Ministère établit ses paramètres budgétaires au pro rata des populations à desservir, cette décroissance pourrait nuire à l’établissement de santé du Granit, devenu un simple point de services sur la carte estrienne. La direction locale devra batailler fort pour convaincre l’administration du futur CISSS Estrie de sauver toute la gamme de services. Et ça ne sera pas la faute à Gaétan Barrette, cette fois!
Le compteur tourne. Il lui reste moins de six mois pour tenter d’influencer la nouvelle organisation. Il demeure confiant: «Ce que l’on vit n’est pas agréable pour nos équipes. C’est quand même insécurisant.» Du peu qu’il en sait, le soutien administratif devrait être regroupé à Sherbrooke, mais Pierre Latulippe ne doute pas qu’après des décennies de batailles de structures et de gains de services, notamment en obstétrique, la région du Granit saura demeurer, avec l’Estrie, une région avant-gardiste. Le corridor créé avec les établissements de santé de Sherbrooke pourrait même, à l’image d’un pipeline inversé, amener plus d’activités à Lac-Mégantic, notamment dans les blocs opératoires, afin de soulager la métropole estrienne qui n’en finit plus de grandir dans des vêtements devenus trop petits.
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