Mourir peut-il être un choix ?

C’est l’État qui traduit par ses lois, les choix et les valeurs d’une société. Pas les tribunaux, ni même la Cour suprême et ses neuf juges. C’est l’État, par la délibération de son Parlement et non pas par le résultat des sondages populaires.

L’État canadien a maintenant moins de trois mois (c’est bien peu) pour donner suite au jugement Carter de février 2015 rendu par la Cour suprême qui autorisait l’aide médicale à mourir. Faut-il légaliser l’aide à mourir? Ou plutôt la décriminaliser ? Ou enfin maintenir le statu quo en recourant à la clause nonobstant?
La réponse n’est pas que légale. Elle est inséparablement une dimension anthropologique, philosophique et spirituelle encore plus importante que sa dimension juridique. C’est un choix de société pour l’avenir, bien davantage qu’un simple reflet de l’évolution des mœurs.

Mourir peut-il être un choix? Un simple choix individuel, comme celui d’un produit, d’une préférence ou d’un désir? Ou mourir est-il un mystère qui nous échappe, comme celui de la vie elle-même, la nôtre comme celle de l’univers?

Oui, la science a immensément progressé, rendant possibles des conceptions jusqu’ici stériles, faisant désormais vivre des bébés jusqu’ici morts-nés et prolongeant, parfois très longtemps, des vies jusqu’ici terminées prématurément. Mais la science ne crée toujours pas la vie. Pas plus qu’elle ne devrait donner la mort.

Faut-il autoriser, par une loi, l’aide médicale à mourir ? Je suis convaincu que non, pour des raisons non pas religieuses mais politiques et anthropologiques. Notre société doit continuer de choisir la vie et non pas commencer à cautionner la mort. Notre société doit prioriser en tout une culture de la vie, et non pas accepter que la mort puisse devenir un choix personnel, comme n’importe quelle autre marchandise.

Je suis très sensible aux drames qui peuvent accompagner certaines fins de vie, tout comme aux détresses que peuvent vivre des personnes lourdement handicapées ou atteintes de maladies dégénératives ou incurables. Même dans la réponse à ces drames et à ces détresses, notre société doit privilégier une culture de vie plutôt qu’une culture de mort. La mort, bien sûr, est inéluctable. Et elle peut parfois représenter un moindre mal. Mais jamais un bien, choisi et recherché. En fin de vie comme avant la naissance.

C’est pourquoi je crois que le Parlement canadien devrait choisir la voie de la décriminalisation, plutôt que celle de la légalisation : que l’aide médicale à mourir ne soit désormais plus un crime, et non pas qu’elle devienne un droit. Comme c’est le cas, au Canada, pour l’avortement. Pour une société, cela fait une énorme différence. Provoquer la mort demeure un interdit social, un mal réprouvé par notre société. Même s’il peut être toléré, comme un moindre mal, dans certaines circonstances, d’où sa décriminalisation. Mais il ne devient pas désormais un droit ou un bien, comme si on le légalise.

Les sociétés n’ont cessé d’évoluer à travers les âges, y compris avec la science, vers un plus grand respect de la vie, de la dignité des personnes et en particulier des plus faibles et des plus vulnérables. Il est essentiel que le Canada continue de privilégier cette culture de la vie et qu’il refuse d’avaliser tout ce qui pourrait banaliser peu à peu une culture de la mort, comme on vient de le constater avec le rappel du Collège des médecins du Québec au sujet de l’obligation de réanimer les patients qui ont tenté de se suicider.

Dominique Boisvert
Scotstown

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