Sauvons l'humanité!

Je m’ennuie de Gaétan Barrette. C’était le punching ball pratique quand tu voulais te défouler sur le système de santé, quand t’avais l’impression que tout allait toujours de plus en plus mal. «Le &*%#* Barette» servi à toutes les sauces. L’exutoire, le déversoir idéal. Je soupçonne qu’il aimait ça les polémiques, les rixes, les guerres de mots… Monsieur Téflon!

Trois mois après les élections, le changement de gouvernement, le changement de ministre à la Santé, rien n’a pu automatiquement apporter le remède à tous les maux. Pour une simple raison, tous les jours des malades entrent à l’hôpital par la porte de l’urgence ou par transport en ambulance, tous les jours des gens guérissent et tous les jours des gens meurent…

Mon grand-père et ma grand-mère maternels sont morts dans leur maison à trois mois d’intervalle. Les 80 ans dépassés tous les deux. L’un n’a pas survécu longtemps à l’absence de l’autre. Puis le tour de la génération suivante est venu. C’est la maladie qui les a tous rattrapés à peu près dans les mêmes âges, certains plus jeunes que d’autres. C’est ça la vie depuis le début de l’humanité. On s’en fait une raison, même si chaque perte d’un être cher nous apparaît survenir toujours trop tôt, nous qui espérons avoir la chance de bénéficier de la découverte du vaccin miracle en riposte à tous les cancers, ou la technologie 3D des pièces de rechange. Une rate, un foie vendu en ligne dans une quincaillerie à l’autre bout du monde et livré chez vous avec le manuel d’instruction, tel un meuble IKEA. Et pourquoi pas la formule magique de l’immortalité?

Au pays imaginaire, personne n’est malade, personne ne meurt, personne ne soigne parce qu’il n’y a plus de maladie et personne ne pleure parce qu’il n’y a plus de mort. Dans le monde réel, les signaux sont plus sombres. Le système de santé reste toujours préoccupant, parce que la santé de la population l’est davantage. Plus malade qu’hier et moins que demain.

Mais avant d’aller plus loin dans le propos, petite parenthèse, je voulais vous dire que je n’ai pas signé le Pacte. L’engagement citoyen sur l’environnement. Non pas que je sois un climatosceptique, non, tout ce que la science nous dépeint sur l’avenir qui nous attend ne peut être que sensé. Mais je préfère mener des batailles sur ce que je peux changer. Je tri mes déchets, bac brun, bac vert, bac noir. J’essaie d’être le plus écologique possible sans tomber dans le toc de la démesure. J’aime la viande, je suis carnivore mais que la SPCA se rassure je ne regarde pas nos deux chats à la maison comme des suggestions de menus. Que voulez-vous, je refuse obstinément de me convertir à la religion du véganisme. Je ne me sens pas non plus responsable du continent de plastique qui vogue dans l’Océan pacifique et des dompes de déchets sur lesquelles vivent des populations elles-mêmes rejetées. Vous l’avez constaté à Noël, quand t’achète un minuscule jouet dans sa boite trop grande, tu hérites d’un kilo de carton et de plastique dont tu dois te débarrasser en arrivant à la maison. Y’a des emballages de plastique tellement épais que ça te prend un ciseau à métal pour en venir à bout. C’est la faute aux consommateurs ce suremballage?

Je reçois des courriels tous les jours pour envoyer de l’argent à… Greenpeace, au Parti vert, aux associations environnementales, à Sauvons Restigouche, Sauvons les baleines, Sauvons les lions, les gazelles… Sauvons tels partis politiques… Bref s’il fallait tous les écouter, ceux qui sont nombreux à nous solliciter, il faudrait donner notre chemise et tout ce qui nous reste après les impôts et les taxes pour sauver la planète! Moi je dis, sauvons l’humanité! La planète a la couenne dure. Même vieille de quelques milliards d’années, elle sait encore nous souffler ses humeurs, surtout l’hiver. Mais l’humanité en bave. Elle devrait se situer au top de nos préoccupations. On est nous aussi à risque d’extinction dans un avenir plus rapproché.

Nos proches meurent de plus en plus jeunes. Les pronostics sont sévères. Bientôt, disent-ils, le cancer touchera une personne sur deux. J’imagine que l’autre personne deviendra son proche aidant.

Au lieu de fumer, les jeunes vapotent, peu importe le risque accru sur leur santé. Ils ne nous écoutent pas, c’est normal, on n’écoutait pas nos parents non plus. C’est le propre des enfants de vouloir vivre leurs propres expériences, quitte à répéter nos mêmes erreurs contre quoi on voudrait les protéger.

On pourrait pousser ensemble sur les coups de barre à donner dans le système de santé. La crise de surcharge de travail du personnel du réseau de la santé et des services sociaux n’est pas disparue de l’actualité, la détresse du personnel du réseau non plus, les soins à domicile qui nécessitent plus de budgets, la pénurie de travailleurs qui s’amplifie. Sérieux, si on faisait une grosse campagne pour sauver d’abord l’humanité?