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Le mouvement de résistance est lancé
Yan Gabriel Gauthier de Mange ta Main dans sa cuisine.
En urgence sanitaire, les mesures mises en place par Québec pour éviter la propagation du coronavirus évoluent de jour en jour. Lundi, à son point de presse quotidien, le premier ministre François Legault a mis le Québec sur «pause», ajoutant les entreprises et les commerces sur la liste des établissements qui doivent fermer, ne laissant ouvert que les services essentiels, dont l’épicerie, la pharmacie et la chaine alimentaire dans son ensemble. Trois jours plus tôt, dans la cuisine de Mange ta Main, l’odeur était envoûtante.
Yan Gabriel Gauthier sortait les pâtés du four. Sur le comptoir, à l’accueil, un bouquet de fleurs. «On fait en sorte de passer au travers. Nous, on est encore ouvert (jusqu’au lendemain après-midi) non pas par l’appât du gain, loin de là! On pourrait fermer et je dormirais très bien, mais les gens ont besoin encore d’une étincelle. De se dire, je peux encore aller prendre un café, se rattacher à la réalité, à leur quotidien, même beaucoup chamboulé. Mais je reconnais que ce n’est pas évident de naviguer à travers ça!»
Ouvert sur la rue Villeneuve depuis bientôt six ans, le commerce est surtout familial. Yann, sa complice Martine, une employée et les deux enfants, Madeline et Franklin âgés de 7 et 9 ans, bientôt!
«À la base, personne ne croyait en notre projet; donc, on s’est autofinancé. On ne doit pas d’argent à personne et ça m’aide à bien dormir le soir, ça m’aide à tromper la situation. Le secret, c’est d’engranger le maximum de liquidités pour passer les prochains mois.» Le matin même de la conversation, sur le coin d’une table de la petite salle-à-manger déjà fermée, parce que la première directive de réduire de 50% s’appliquait difficilement, compte tenu du peu de tables offertes à la clientèle en temps normal, dans un espace plutôt restreint, Yann avait reçu plusieurs appels. «Les commerçants me demandaient comment j’allais gérer ça. Aujourd’hui, comme tu vois, il n’y a pas un chat! J’aimerais bien mieux être à la maison avec les enfants, mais on a choisi Martine et moi de tenir le fort jusqu’au bout. Quand on va juger que c’est dangereux pour la santé de tout le monde, on va arrêter.»
Ce jour-là, il planchait à un
plan B, un MTM Livraison en quelque sorte. «On invente rien, ça se fait partout. Disons qu’on y a pensé en même temps que tout le monde. On est en train de faire un menu, d’alléger l’inventaire du vrac pour l’offrir en ligne. On ne peut pas investir dans un site en ligne, on n’a pas les 10 000$ cash à mettre là-dessus, pas avant une crise financière. On va user d’imagination, on va offrir du vrac pour emporter, et on aura une carte de bouffe.»
Un cuisinier dans le «rush». «Depuis 7h ce matin que je fais des pâtés, «name it», on va en avoir quinze sortes. François (Couture) chez BBQ pis Toute (rue Laval) veut embarquer aussi.» Comme les autres commerces jugés non essentiels il a fermé boutique lui aussi mardi. «Je fais du poulet, BBQ pis Toute propose deux sauces, on va faire des ventes croisées. On a à travailler un concept de distribution via MTM de ses produits. Le menu «résistance» qui va sortir de MTM devrait aussi inclure un bouquet de fleurs de Chez Annabelle!»
Des fleurs? Pourquoi pas! «Des fleurs, ça fait du bien. C’est de la couleur dans cette petite grisaille-là. Et puis, ça rappelle le printemps. Alors, pourquoi ne pas le proposer sur le menu!»
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