Après un départ à la fois tardif et chaotique, une «candidature libérale d’exception pour Mégantic», celle de Ratiba Fares, annoncée le 26 août et retirée à peine 48 heures plus tard, le PLQ a finalement tout misé sur Eloïse Gagné, une avocate en droit d’affaires de Montréal. Démonstration évidente que les 40 ans de dynastie libérale associée à Fabien Bélanger, son épouse Madeleine et Johane Gonthier, se sont écroulés en 2018 avec le ratissage hors métropole de la Coalition Avenir Québec et la victoire dans Mégantic du caquiste François Jacques.
Si Robert G. Roy a obtenu une deuxième position dans le résultat final avec 19,84% des votes exprimés en faveur du Parti libéral, la question se pose: jusqu’où la dégringolade de ce parti s’arrêtera ce soir, avec une candidate qui ne s’est pas manifestée publiquement, du moins pas dans cette partie-ci de la circonscription? Que le choix de la candidate se fasse, cette année, par l’organisation nationale plutôt que par l’équipe libérale de la circonscription en dit long sur l’état de santé de ce parti dans son ancien château fort.
Seulement deux chefs de formation politique, le premier ministre sortant François Legault pour la Coalition Avenir Québec, deux fois, et Éric Duhaime du Parti conservateur du Québec, lors du lancement de la campagne de son candidat Mathieu Chenard, ont fait une incursion dans cette partie du comté. Le député sortant François Jacques a toutes les chances d’être élu, 99% selon le modèle statistique de projection électorale Qc125, de sorte que sa campagne a été discrète, sans rassemblement de militants.
M. Jacques est la cible de toutes les attaques sur l’affichage électoral, avec un niveau d’agressivité encore jamais vu. Particulièrement dans la municipalité de Stornoway, au croisement des routes 108 et 161. Ce qui a amené le député caquiste à dénoncer la violence en campagne. Ciblé par tout ce qui se rapporte à une grogne populaire tout acabit portée par les anti-vaccins, les opposants aux mesures sanitaires et les complotistes, François Jacques a préféré ne pas souffler sur les braises d’une crise sociale qui a été nourrie par deux ans de pandémie de COVID-19.
Pas de grand mouvement de foule depuis le début de la campagne, sauf la visite du chef conservateur Éric Duhaime à Saint-Romain qui a mobilisé quelques centaines de militants et de partisans. Pour le reste, le PQ a aussi tenu des petits rassemblements, mais plus intimes, alors que les deux passages du premier ministre François Legault et son autobus de campagne se sont déroulés devant un cercle restreint d’invités, le chef de la CAQ évitant les bains de foule.
Tombé quatrième au classement de 2018, avec seulement 12,5% des votes exprimés, cédant la troisième place à Québec solidaire, le Parti québécois n’a pas abandonné l’espoir d’un Québec pays et d’une remontée dans le vote populaire de Mégantic. Le candidat André Duncan s’est consacré entièrement, jour après jour, à la campagne terrain, avec l’appui d’anciens ténors dont Maurice Bernier, Serge Cardin et le député sortant de Jonquière, l’ancien ministre des Transports, des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire sous Pauline Marois, Sylvain Gaudreault.
Selon les projections de Québec125.com, au 21 septembre, dans Mégantic, la CAQ remporterait 49% des suffrages (+-8%), dominant QS (15%), PCQ (14%), PLQ (11%) et PQ (9%). Un sixième nom se retrouve sur le bulletin de vote dans Mégantic, André Giguère du Parti 51. Actif depuis 2016, le Parti 51 revendique l’annexion du Québec aux États-Unis. Son chef est l’avocat Hans Mercier de Beauce, qui s’est fait connaître dans le dossier des victimes de la tragédie du 6 juillet 2013 à Lac-Mégantic.
Au Québec, les projections de Qc125 favorisent la CAQ (39%), avec 94 sièges, QS occupe la deuxième place avec 16% et seulement 12 sièges, le PCQ d’Éric Duhaime 15% des intentions de vote, mais aucun siège, contrairement au Parti libéral avec 15% des intentions mais une possibilité de 16 sièges, ce qui lui permettrait de demeurer le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, alors que le Parti québécois, cinquième dans les intentions de vote avec 13%, pourrait occuper trois sièges. Les performances du chef péquiste dans le dernier droit de la campagne pourra-t-elle redistribuer les cartes?
Avec un bassin d’un peu plus de 40 000 électeurs, sur une population de 48 975 personnes, sur un territoire couvrant 5 266 km carrés, Mégantic s’était exprimé avec un taux de participation de 69,15% des électeurs en 2018. Qu’en sera-t-il au terme de la journée?
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