Encore beaucoup de questions sur le tracé de la voie de contournement.
Malgré toutes les assurances données par Transports Canada quant aux plus de 200 mesures d’atténuation qui seront mises en place pour contrer les impacts potentiels de la construction de la voie de contournement ferroviaire sur la nappe phréatique et les puits d’alimentation en eau potable, le spectre d’un manque d’eau continue de hanter les résidents, surtout dans le secteur de la 204 à Frontenac. «Moi, c’est un des projets qui me terrifie le plus, si je perds mon eau! Je n’y crois pas à vos engagements», a lancé un résident de Frontenac à la brochette d’experts venus répondre aux questions de la population, le 8 novembre, au Centre sportif Mégantic. «Nous non plus», ont entonné en cœur d’autres citoyens, sous les applaudissements.
«L’engagement de Transports-Canada, c’est de s’assurer que vous aurez de l’eau», venait de leur adresser Luc-Alexandre Chayer, le porte-parole jusqu’à tout récemment de Transports-Canada, assis tout juste à côté de celle qui portera désormais le dossier, Catherine Hudon, une spécialiste de la gestion de crise.
Isabelle Boulanger demeure dans le développement Roy, à peu de distance de sa mère, Yolande, rue Salaberry. «Ça fait 28 ans que je demeure là, je n’avais aucun problème d’eau jusqu’au moment où ils ont creusé des puits de (tests) chez ma mère. Mon eau est devenue grise. Comment garantir que la nappe phréatique va être protégée, qu’elle ne sera jamais contaminée par les travaux?»
Simon Bouchard représente Englobe à la table où sont assis côte à côte des représentants de Transports Canada, d’Aecom et d’Englobe:«Les risques de contamination, lorsqu’il y a des travaux, il y en a. Les contaminants en lien avec les travaux seront traités par pompage dans des bacs. Le suivi environnemental va permettre de valider l’impact.»
Dans la pile d’informations rendues disponibles aux personnes présentes à la séance: «Les activités qui sont les plus susceptibles d’avoir un impact sur l’eau souterraine et les puits sont reliés à la construction des tranchées (excavation et dynamitage). En raison du rabattement de la nappe phréatique près des tranchées, certains puits de surface pourraient être asséchés. Les puits profonds pourraient subir une diminution du volume d’eau et la qualité d’eau pourrait être perturbée par endroits», reconnaît Transports Canada.
T-C se veut rassurant: «Des mesures d’atténuation ont été identifiées par le MELCC pour tenir compte des effets potentiels sur le niveau de l’eau causés par les activités de construction sur les puits privés; après examen de l’étude hydrologique, 8 nouvelles mesures d’atténuation ont été identifiées par Transports Canada pour assurer la qualité et la quantité de l’eau dans les puits privés. Un programme de suivi des puits sera mis en place avant, pendant et après la construction pour s’assurer que les citoyens ne se retrouvent pas sans eau.»
Rien pour rassurer un propriétaire touché par le tracé, Kurt Lucas. «Il est urgent de mettre fin à ce projet, afin de garantir que les riverains de la zone concernée n’en subissent pas les impacts négatifs majeurs et l’atteinte à leur qualité de vie.» Selon lui, les mesures d’atténuation apportent plus d’inquiétudes que de solutions effectives. Il n’en démord pas : «La zone d’excavation sur 70% du parcours et la zone de dénoyage sur la moitié du parcours à l’est de la rivière Chaudière représentent une aberration en termes technique et financier.»
Et que faire du million de tonnes de roches à excaver et à évacuer dans le secteur de Frontenac, au moment de dynamiter dans la montagne un tunnel de deux kilomètres sous la 204 vers le sud? La Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) a refusé d’autoriser Transports Canada à se servir de certains terrains identifiés dans les plans originaux comme sites de dépôts, mais… «On a trouvé des solutions alternatives avec la Ville», a indiqué Luc-Alexandre Chayer, laissant sous-entendre que plusieurs camions iront décharger le roc dans le parc industriel. Un irritant pour les uns, une opportunité d’affaires pour les autres.
Rejetée du revers de la main, la possibilité d’une nouvelle étude du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), demandée par le citoyen Jacques Gagnon.
Prochaines étapes
Les prochaines étapes pour Transports Canada: compléter le processus d’acquisition des terrains avec les propriétaires et finalisation des plans et devis (automne 2022), début du processus de révision par l’Office des transports du Canada et appel de propositions pour les travaux de construction (hiver 2023), obtention des autorisations réglementaires (OTC, Pêches et Océans Canada, Loi sur les eaux navigables, Loi sur la sécurité ferroviaire) (Printemps 2023).
La construction va prendre 36 mois, et après la mise en opération de la nouvelle voie, il y aura le démantèlement de la voie existante et le transfert des terrains aux municipalités.
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