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Brocanteur à la recherche d’une relève
La Brocante de Pierre Lavallée a beaucoup voyagé au fil des années. Locataire de la gare patrimoniale avant la tragédie de 2013, le commerce d’antiquités se fait aujourd’hui remarquer en entrant en ville par la 161, sur Laval-Nord. La vieille auto de police y attire les regards depuis neuf ans. À la recherche d’une relève, l’antiquaire de 64 ans veut passer à autre chose, lui et sa compagne Liette. «J’ai bien des passions autres, mais je manque de temps. Et si je ne force pas les affaires, je vais être ici jusqu’à ma mort!».
Le commerce est à vendre. Cet été, il a choisi d’ouvrir du jeudi au samedi, espérant en son for intérieur que le prochain client qui passera la porte ne pourra résister à la vue de tout ce bazar qui s’étend sur les planchers comme sur les murs. Combien d’articles accumulés en une trentaine d’années? «Je n’ai jamais calculé», avoue-t-il. Les objets et les meubles entrent et sortent. Il se voit un peu comme un accumulateur compulsif, à cette différence qu’un brocanteur ne doit pas s’attacher aux articles qui entrent en boutique. «Brocanteur, c’est un prétexte pour justifier ta folie d’accumuler. Dans le sens que tu fais ça pour gagner ta vie», dit-il en entrevue improvisée, où il prend le temps de réfléchir à voix haute avant l’arrivée d’un prochain client. Une conversation empreinte de nostalgie, après avoir vu toute une époque changer.
Au fait, qu’est-ce qui peut être identifié comme antique en 2024, comparativement à ce qu’il l’était à la fin des années 80? «Ça évolue beaucoup, reconnaît-il. Disons que c’est un objet qui a au moins 50 ans. Par exemple, nos jouets, nos bébelles quand on était enfant ont beaucoup de valeurs maintenant. Même les jouets de mes enfants ont pris de la valeur aux yeux des collectionneurs. Dans notre temps, les années 50-60 avaient de la valeur. Aujourd’hui, les jeunes font un retour en arrière aux années 70. Quant aux très, très vieux objets, c’est un peu moins ça que le monde cherche! On ne vend plus de belle vaisselle fancy avec la dorure dessus, datant du début du 20e siècle. Par contre, les plats en pyrex des années 65-70 ont pris des valeurs incroyables. On a vu l’autre fois sur Internet un bol se vendre 23 000$. En pyrex! C’était pas fait pour être beau, c’était fait pour être pratique! Et tu vois, ça finit par avoir une valeur de fou.»
Les habitudes d’achat des clients ont changé au fil des générations. «Les gens ne décorent plus leur maison au complet en antiquités. Tu vas voir peut-être un morceau par maison ou au maximum un objet antique par pièce. Pour vivre, il faut se fier un peu sur les collectionneurs.» Et justement, le matin même, un homme est entré à la recherche de cartes de hockey rares, qu’il n’a finalement pas trouvées! «J’avais pas ce qu’il cherchait, mais par contre, j’avais le jeu de hockey sur table le plus beau quand on était jeune. Le gars n’a pas été capable de résister, il est parti avec.»
Le marché évolue énormément et n’est pas figé dans le temps. «On dirait qu’il y a un petit retour, peut-être que les jeunes dans la vingtaine vont aimer les antiquités que nous autres, on aimait dans le temps. Rendus à un certain âge, les gens n’achètent plus parce qu’ils en ont trop. En vieillissant, ils viennent m’offrir toutes leurs belles affaires que les enfants ne veulent pas.» Les acheteurs, eux, ont en majorité entre 30 et 40 ans. Ils regardent à la télé les émissions américaines et québécoises spécialisées dans la brocante et les enchères et ils trippent.
Autres temps, autres mœurs. «Le verre soufflé, c’était le cadeau de noces classique des années 55 à 65. «C’est encore en demande, pas parce que ça vaut très cher, mais parce que la demande est forte.» Autre objet à la mode, «un bon vieux coffre dans le coin du salon. Le milieu 20e siècle, ça c’est à la mode. Les nostalgiques qui achètent des souvenirs veulent ce qu’ils ont vu chez leurs grands-parents, exemple le «toaster» chromé, rond, bombé.»
Tout revient à la capacité d’achat, selon lui. «Les babyboomers ont eu un meilleur pouvoir d’achat que les générations qui ont suivi (X, Y et autres)». Dans la conversation, il sort le gros cliché du «babyboomer avec la grosse roulotte en arrière du gros truck et la Harley.» Il généralise beaucoup. «Oui, je sais!» Suivi d’éclats de rire et d’un brin de sagesse: «Chaque époque on généralise, mais on ne devrait pas!»
Brocanteur, en voie de disparition
Pierre Lavallée n’a pas toujours misé juste sur ses achats, il l’avoue: «J’ai acheté beaucoup de choses qui ont perdu énormément de valeur, des articles que j’ai payés plus cher que le prix que je vais les vendre. Mais d’autres que je pensais mettre à la poubelle mais que les gens recherchent encore. «Dans l’temps, tout le monde voulait avoir une baratte à beurre comme décoration. Plus personne n’en demande. Plus capable de vendre de vieux rouets et pourtant, j’ai les plus beaux!»
Influencée par la télé, la jeune génération (certains, pas tous!) a envie de se mettre à filer la laine. Ils voient des émissions de forge, ils veulent avoir un feu de forge et une enclume. Si j’avais 10 enclumes je les vendrais dans la semaine! S’ils se mettent à bûcher là -dessus, ils se rendent vite compte que c’était des métiers difficiles.»
Aujourd’hui, maintenant que le recyclage est devenue une cause portée par les plus jeunes, c’est très bien vu de réutiliser les objets plutôt que d’en acheter.
D’abord bijoutier et aussi brocanteur, «cela fait 46 ans que je travaille sept jours sur sept, j’aurais dû m’arrêter. Mais la relève n’est pas évidente.» Les boutiques de brocante ont fermé à plusieurs endroits. «À Sherbrooke, il reste peut-être un antiquaire. À Saint-Georges, il me semble qu’il ne reste plus grand-chose, bref, il y en a beaucoup moins. J’ai du monde de Québec, de Thetford qui viennent régulièrement voir la boutique. Un monsieur avec sa mère viennent chaque année. Je leur ai demandé s’ils avaient de la parenté dans le coin. Ils m’ont dit non, ils viennent voir mon magasin au moins deux fois par année. «On vient voir s’il y a du nouveau (stock). On aime ça, c’est l’fun!» J’ai aimé beaucoup ça ce contact avec les clients.
Pas de plan de match pour l’après! «Je n’ai jamais rien planifié, je laisse aller la vie comme elle se présente!»
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