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André Audet : quand la perte d’un membre pave la voie de la résilience
André Audet parlant de son «membre fantôme» : «Quand je suis fatigué, j’ai mal à la main droite. Quand je nage, je sens l’eau qui me passe entre les doigts. » (Photo Claudia Collard)
Le 15 février 2015, par une nuit froide du samedi au dimanche, André Audet, alors à l’emploi de l’usine Tafisa, s’affairait à dégeler des conduits lorsqu’il a perdu sa main droite. La fin de son « ancienne vie » dira le principal intéressé, qui donne aujourd’hui des conférences pour donner un sens à ce tragique événement. Où il parle de santé et sécurité, mais aussi de son parcours, sillonné de hauts et de bas, d’où triomphe la résilience.
Invité au Village Harmonie le 16 octobre dernier pour sensibiliser les résidents aux dangers du quotidien et partager son vécu, André Audet s’est livré avec authenticité, tant durant la conférence qu’au cours d’une entrevue accordée à l’Écho au terme de l’activité.
Lorsque sa main s’est retrouvée prisonnière d’une vis sans fin, il a tiré pour s’en détacher car il risquait d’y passer. « Je me suis mis à penser à mes enfants, à ma blonde qui devrait leur dire que leur papa ne reviendrait pas à la maison », relate ce mari et père de six enfants. Et malgré ce membre en moins, il s’était dit que tout serait comme avant…
« Je me suis dit, je vais m’en remettre et ça ne paraîtra pas. Le lendemain de mon opération à l’hôpital, j’étais capable de m’habiller seul. Je suis devenu gaucher d’un coup. Dans ma tête ma vie continuerait comme avant». Encore en convalescence, il a entrepris d’imposantes rénovations dans sa maison; revêtement, fenêtres, cuisine… « Puis j’ai frappé un mur; j’ai vu que mes limitations étaient là pour rester. Je me suis rendu compte que je n’étais plus le gars d’avant… Je suis tombé bas. Si je n’avais pas eu ma blonde et mes enfants, je ne serais plus là aujourd’hui. »
Face à sa honte à l’endroit de ses limitations, les membres de sa famille ont été sa planche de salut. « Je me suis rendu compte qu’ils m’aimaient pour qui j’étais et non pour ce que j’étais capable de faire. Avant, faire mon bois de chauffage c’était ben important. Fallait que je le scie, que je le coupe et que je le fende (à la hache en plus). Puis j’ai compris que ça ne changeait ien de l’acheter fait. Parce que ce qui nous définit, c’est la personne qu’on est, le cœur qu’on a. C’est là que j’ai commencé à vraiment vivre. »
Dans tout ce processus, André Audet a aussi appris à demander de l’aide. Un jour, voyant qu’il était incapable d’accomplir une tâche seul, « j’étais tellement découragé que je me suis mis à pleurer. Un de mes enfants, il devait avoir 9 ans m’a dit : « pourquoi tu te fais du mal? Quand tu fais ça tu nous fais mal à nous… on peut le faire ensemble ». Ce n’étais pas de la pitié; c’était de l’amour. »
« Accepter mes nouvelles limitations a pris du temps. Au début, j’étais fâché contre la vie, contre tout. À force de travailler sur moi, avec ma famille, j’ai fini par lâcher prise. Quand on lâche prise sur quelque chose qui nous fait mal, qui nous ronge en dedans, on découvre une certaine paix intérieure, on devient plus serein face à ce qui nous est arrivé. »
« Aujourd’hui, ce n’est pas tout le temps drôle, mais je me sers de cet événement-là pour faire de la prévention en industrie, je vais dans les écoles dire aux jeunes que c’est important de respecter les règles de sécurité. Quand on refuse de voir nos limitations, on se cause du tort, on risque de se blesser, plus que d’améliorer les choses. Si j’évite à une seule personne de perdre un membre, de se blesser gravement, je n’aurais pas perdu ma main pour rien. »
Les conférences d’André Audet sont aussi diversifiées que le public rencontré. Lors d’une rencontre avec des étudiantes en soins infirmiers au Campus Lac-Mégantic, il a abordé l’importance de la bienveillance, qui a fait toute la différence dans son parcours de réhabilitation. «Tu vas au centre de réadaptation le matin, ça ne te tente pas, mais on te fait un beau bonjour et ça change toute ta journée. Je voulais leur faire prendre conscience qu’elles peuvent faire une différence au-delà des soins, par leur façon d’être avec les patients. Mon parcours de réhabilitation a été vraiment difficile; j’ai pris de la médication pour ne pas voir la journée et la nuit. Un moment donné, j’aurais préféré mourir. J’ai été chanceux, parce qu’à chaque étape, j’ai toujours rencontré la bonne personne. Un sourire, une main sur l’épaule, ça change tout. C’est facile de scrapper la journée d’une personne avec une parole; c’est aussi facile de lui procurer une belle journée avec une belle parole. »
André Audet l’admet sans détour, son accident l’a fait grandir. « Ceux qui ont été le plus impactés, ce sont ma femme et mes enfants. Dans mes conférences en entreprise, je mets beaucoup l’accent sur le fait que quand on se blesse, c’est nos proches qu’on blesse. Oui j’ai perdu une main, mais j’ai pas mal plus blessé ma famille que moi-même. Aujourd’hui, on m’offrirait ma main pour la personne que j’étais avant, je n’en voudrais pas. Grâce à mon accident, je suis devenu une meilleure personne. Ma vision a changé; ça m’a rendu plus humain. Ça m’a vraiment fait prendre conscience à quel point ma famille est ce qui est le plus important. Mon bonheur est beaucoup plus facile. Je ne me casse plus la tête avec des niaiseries. Je suis plus ancré sur le vrai. Tant que ma blonde et mes enfants m’aiment, je suis heureux. »
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