Oscar Brochu

La Mairesse annonce son retour... à la vie de simple citoyenne!

La Mairesse annonce son retour... à la vie de simple citoyenne! - Rémi Tremblay : Actualités

La mairesse Colette Roy Laroche se retirera en fin de mandat.

«Je suis prête à me rendre jusqu’au 1er novembre et je vais le faire comme si je continuais. Pas dans le sens que je veux prendre les décisions pour les autres mais ce qui doit être fait je vais le faire avec le même sérieux, la même rigueur et le même engagement.» Sa ville est en marche et dans les circonstances, elle ne peut pas s’arrêter maintenant. Après une longue réflexion, Colette Roy Laroche a choisi de tourner la page sur ses 13 années à la mairie de Lac-Mégantic. «C’est avec le sentiment du devoir accompli que je laisse la place à celles et ceux qui ont le goût de mettre l’épaule à la roue pour la reconstruction et le développement de notre ville.»

Les premiers avec qui elle a partagé sa décision de ne pas solliciter un autre mandat de deux ans ont été les membres de sa famille, puis ses collègues au conseil municipal, lundi, autour d’un repas. Un caucus émotif, voire silencieux, où les bouchées ont été pour certains plus dures à avaler. Puis, son équipe à l’hôtel de ville, plus tard en début de semaine. Pourtant, quatre jours plus tôt, avec sa décision bien en tête, elle avait encore tout son esprit concentré à l’action, en arpentant le chantier du centre-ville en compagnie du président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux.

«Le goût de poursuivre est fort puisque Lac-Mégantic s’engage dans l’étape de la reconstruction du secteur sinistré après deux années de réhabilitation, de décontamination et de planification du territoire. Aussi, l’appui indéfectible du conseil municipal, la compétence et le professionnalisme de l’équipe de direction, le travail réalisé et les enjeux sur l’avenir plaident en faveur de poursuivre», exprime-t-elle. Mais, ce qui a pesé davantage dans la balance, c’est la fatigue, l’épuisement et la nécessité de prendre du temps pour se reconstruire, elle! «La somme de travail exigée à la mairie, particulièrement au cours des deux dernières années, la maladie et le décès de mon mari au cours de la dernière année me dictent de ralentir, de prendre du repos, de penser à ma santé et à ma famille.»

Dans un entretien exclusif à L’Écho, mardi matin, Colette Roy Laroche a affiché un air serein et positif pour annoncer qu’elle tournait la page sur sa carrière publique. «On arrive à une étape de la reconstruction où il y a des projets qui vont lever, d’autres qui sont moins connus, qu’on sait qu’ils vont aboutir dans les prochains mois. Continuer aurait assurer une continuité ; deux ans c’est quand même pas si long.. mais à mon âge avec la fatigue!»

À l’épicerie, sur la place publique, beaucoup de citoyens lui disaient souhaiter qu’elle reste en poste. «Ça aussi c’est réconfortant, malgré le fait qu’il y en a aussi qui veulent que je parte. La question que je me posais : est-ce que je vais être capable de vivre complètement séparée des gens, me retrouver dans ma maison toute seule. Je suis arrivée à la conclusion que oui. Je suis convaincue que la vie va m’apporter encore des belles choses.»

Puis, au cours de l’entretien, elle glisse: «Je suis fatiguée, très fatiguée! Continuer avec cette fatigue-là, ça me rend inquiète. Comme j’ai encore une bonne santé, comme je me sens assez en forme pour mon âge, il reste quelques années et je veux les donner à mes enfants», dit-elle, la voix étranglée par l’émotion. Ce genre d’émotions qu’elle ne voudrait pas voir en boucle aux bulletins télévisés.

Nicole Appleby, l’ex-mairesse de New-Richmond, aura été une bonne confidente au cours de réflexion. «Elle est arrivée à la mairie de New-Richmond en même temps que moi et s’est retirée en 2013. C’est une femme à peu près de mon âge. On se parle souvent au téléphone. Elle m’a dit : Colette, ça fait deux ans que j’ai quitté la mairie et je ne fais que commencer à prendre le dessus. Ça m’a pris deux ans à récupérer ! J’ai travaillé beaucoup à la reconstruction de Lac-Mégantic depuis deux ans. Je ne peux pas prendre encore deux ans avant de me retirer. Ça prendra peut-être deux ans à refaire ma banque d’énergie, parce que je suis pas mal au fond!»

La mairesse ne doute pas un seul instant qu’il y a des gens qui sont capables de prendre la relève. «Les électeurs sauront choisir les bonnes personnes pour continuer.»

Si la période de réflexion a été si longue, c’est qu’elle voulait prendre le temps de le faire et d’être bien avec sa décision. «Une fois qu’elle est annoncée, je ne voulais pas me poser la question à chaque matin, est-ce que j’ai pris la bonne décision?»

Avant lundi, seuls ses trois enfants connaissaient son choix. «Mes deux garçons étaient contents, ma fille s’inquétait pour moi; qu’est-ce que tu vas faire, maman? On a jasé ensemble et elle m’a dit qu’elle était rassurée.»

Est-ce que le changement de gouvernement à Québec, au printemps 2014, a joué sur sa décision de ne pas ajouter deux ans à son mandat prolongé ? A-t-elle eu l’impression d’être abandonnée? «Ce qui a été le plus difficile dans la transition avec le nouveau gouvernement, c’est vraiment les premiers mois. Pour nous, les urgences ne s’arrêtaient pas, les besoins continuaient et c’était difficile d’avoir des réponses. On avait parfois le sentiment qu’on était incompris. Mais je vous dirais depuis la dernière année, le climat de confiance et la complicité qu’on avait avec le gouvernement précédent s’est rétabli. Comme un apprivoisement ! Apprivoiser une nouvelle équipe avec des sous-ministres qui ont changé, et certains fonctionnaires aussi. C’était comme repartir à zéro. Un nouvel apprentissage à faire.»

Une catastrophe comme celle de Lac-Mégantic, c’est du jamais vu. Il fallait toute une adaptation aux règles. «Actuellement, on est dans les programmes normés du gouvernement qui ne sont pas adaptés à notre situation. Avec la complexité du traitement de nos besoins, il est important de comprendre la machine et accepter que ce soit long!»

Le gouvernement du Québec, les ministres, le premier ministre et les fonctionnaires sont, dit-elle, «vraiment très préoccupés par ce que nous vivons et comprennent très bien la situation. Je suis convaincue qu’ils prendront toutes les mesures pour que le développement de la ville se poursuive, même au plan financier !»

Avec le gouvernement fédéral, il restera encore beaucoup à faire après le 1er novembre. Il y a peut-être eu ce flot de nouvelles mesures adoptées par la ministre des Transports, Lisa Rait, mais, reconnaît la mairesse, elles auraient dû être mises en place bien avant la tragédie. Des opérations qui exigeaient de la rigueur, pas une simple routine. «Par rapport à Transport Canada, on est de plus en plus exigeants et de moins en moins tolérants. Depuis les derniers mois, par rapport à la CMQ c’est la même chose, mais de là à s’engager dans une vendetta, non! Je ne veux pas politiser ma sortie, je veux le faire honorablement en réclamant, en exigeant ce qui doit être considéré, mais pas dans un esprit de régler des comptes; plutôt dans celui de faire avancer le dossier de la sécurité ferroviaire. Je serai probablement plus mordante mais pour exprimer des réalités qui nous apparaissent vraiment intolérables, inconcevables, inacceptables.»

Après, ce sera aux prochains élus à mener leurs propres combats. «Je veux vraiment prendre une distance par rapport à ça. La première année, je veux vraiment me reposer, penser d’abord à moi.»

Oui, la politique est ingrate, mais pas question pour elle de ruminer les coups de fronde qu’elle a dû essuyer ces derniers mois.

Oui, la politique est parfois ingrate mais ce qui lui manquera sans doute le plus c’est ce climat d’harmonie au sein du conseil, de son administration et de son équipe municipale, malgré le champ de bataille laissé par la tragédie.

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