La victime de Daniel Côté témoigne à visage découvert

La victime de Daniel Côté témoigne à visage découvert - Rémi Tremblay : Actualités

Kim Bernard

Reconnu coupable en janvier 2020, au palais de justice de Sherbrooke, de trois chefs d’agressions sexuelles sur une fille d’âge mineur à l’époque des gestes posés, un individu de Nantes, Daniel Côté, 56 ans, doit revenir en cour le 23 avril au palais de justice de Lac-Mégantic, pour connaître la date du prononcé de la sentence. Un soulagement pour la victime, Kim Bernard, la nièce de l’accusé, qui a tenu en janvier dernier à faire lever l’ordonnance de non publication rendue le 9 juillet 2018, au tout début des procédures judiciaires. Sa mère l’a épaulée dans cette demande à la cour.

Aujourd’hui âgée de 32 ans et habitant à l’extérieur de la région, Kim Bernard veut que son histoire soit connue. «J’avais 11 ans. J’ai vécu toute ma vie avec ça. Je voulais briser le silence et dénoncer. Je voulais lever le voile» sur des faits qui se sont produits dès 1998, à Nantes et à Lac-Mégantic.

Sa décision d’aller porter plainte à la police est venue 18 ans après les gestes reprochés au frère de sa mère. Pourquoi pas avant? À l’époque, les parents de Kim étaient divorcés. Elle vivait avec sa mère qui avait la garde complète des enfants. «Elle (Kim Bernard) ne voulait pas causer de peine à sa grand-mère qu’elle aimait beaucoup», lit-on dans le dossier de cour. 

En 2016, un mois après le décès de sa grand-mère, elle s’est rendue aux autorités policières, la Sûreté municipale de Lévis, pour déposer une plainte formelle contre l’accusé. Le dossier a aussitôt été transféré à la Sûreté du Québec de la MRC du Granit, qui a fait enquête.

Daniel Côté a été arrêté le 13 octobre 2016 à Lac-Mégantic et relâché. La dénonciation a été assermentée le 31 août 2017 et l’accusé a été appelé à comparaitre le 21 septembre 2017. 

Il a été accusé et inculpé d’avoir, entre le 23 avril 1998 et le 22 avril 2001, commis des attouchements de nature sexuelle et des voies de fait à l’égard de sa nièce qui était alors âgée de moins de 14 ans, ainsi que de l’avoir incitée à le toucher à des fins d’ordre sexuel.

L’enquête préliminaire s’est déroulée à huis clos le 9 juillet 2018. Le procès devait d’abord se tenir devant jury et débuter en mai 2019. Le 30 avril, l’accusé a plutôt opté pour un procès devant juge seul et le 7 mai, l’avocat initialement au dossier a été autorisé à se retirer.

Extrait du document de cour consulté par l’Écho : «Après la séparation de ses parents, la plaignante a vu en l’accusé une figure de confiance, une forme de lien de remplacement de son père qu’elle ne voyait plus. Elle vivait à la maison certains différends dans la relation avec sa mère et son beau-père. Elle entretenait un bon contact avec l’accusé qu’elle voyait régulièrement chez elle ou à la maison de sa grand-mère où résidait l’accusé.»

Au cours du procès, la plaignante a raconté comment elle avait été abusée. Selon la preuve déposée en cour, les premiers événements sont survenus à l’été 1998, avant le début de son secondaire, le tout premier à l’intérieur de la roulotte d’un autre de ses oncles, installée au camping Baie-des-Sables, où elle se trouvait pour garder un cousin, plus jeune qu’elle. Un deuxième serait survenu dans l’auto de son oncle où elle raconte avoir été maintenue contre son gré et s’être «sentie comme un morceau de viande.» Un troisième souvenir, plus insistant et violent, se rapporte à un contact au sous-sol de la résidence où elle vivait avec sa mère. Des événements que l’accusé a tous catégoriquement niés.

Se trouvant devant deux versions contradictoires, le juge Éric Vanchestein a rejeté la version de l’accusé qu’il qualifie de «ni crédible ni fiable.» Il relève le fait que, dans son récit des événements, Daniel Côté a dit avoir toujours eu de bons contacts avec les autres cousins et cousines de la plaignante, ajoutant au sujet de Kim Bernard : «c’est la seule avec qui je n’ai pas jeunessé!»

Par contre, le tribunal a cru en la sincérité du témoignage de la plaignante. «La plaignante vit un sentiment de honte important et ressent physiquement l’étouffement ou le sentiment d’être coincée, une émotion qui perdure», écrit le juge Vanchestein.

Dans l’énoncé de son verdict, le juge fait état d’un jugement rendu dans une autre cause similaire où la juge Guylaine Tremblay note: «Le sentiment d’avoir consenti ou de ne pas avoir manifestement exprimé son désaccord est souvent une source de confusion et de douleur pour les victimes d’abus sexuels.» Kim Bernard a témoigné avoir fait une tentative de suicide à l’âge de 12 ans. À l’âge de 14 ans, elle a quitté la résidence de sa mère pour aller vivre chez son père jusqu’à l’âge de 17 ans.

L’état mental de la plaignante avant l’âge de 14 ans, est-il fait mention, «était celui d’une fille triste, non loin d’être dépressive, n’ayant pas l’humeur d’une fille de son âge.» 

Le verdict de la cour: coupable aux trois chefs d’accusation soit, d’avoir à des fins d’ordre sexuel touché une partie du corps de la plaignante, commettant l’acte criminel décrit à l’article 151 du Code criminel, de s’être livré à des voies de faits, selon l’article 266a et d’avoir à des fins d’ordre sexuel invité, engagé ou incité K.B. à le toucher, contrevenant ainsi à l’article 152.

Aujourd’hui infirmière, Kim Bernard termine l’université. «Je fais mon projet de baccalauréat sur la violence sexuelle. J’ai aussi un projet de livre portant sur le sujet et j’aimerais un jour faire des conférences dans les écoles secondaires afin de sensibiliser les adolescents et adolescentes.» 


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