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Rémi Tremblay, journaliste de proximité
À la fois sage et insoumi, Rémi Tremblay rapporte l’actualité depuis plus d'un demi-siècle, dont près de 44 ans pour l'Écho. (Photo Claudia Collard)
Le 15 août 1981, Rémi Tremblay débarquait de Charlevoix pour occuper le poste de journaliste à l’Écho. Cumulant alors huit années d’expérience dans le domaine, il détient aujourd’hui plus de 50 ans de métier. Cinq décennies à vivre l’actualité et la rapporter aux lecteurs. Mais avant tout, un demi-siècle d’expérience humaine à l’écoute des réalités de sa communauté.
«J’ai acquis une sensibilité sociale et une proximité avec les lecteurs qui m’ont amené à une lecture plus humaine des situations», admet-il en toute humilité. Pas là pour se vanter Rémi Tremblay!
Pourtant son dévouement aux préoccupations des gens est sans borne. Il n’est pas rare qu’on débarque à l’improviste dans son bureau pour partager indignation, idées et aspirations. «Ça fait partie de ma nature d’écouter, ça nourrit l’information. Il y a toujours quelque chose qui m’aiguille vers un sujet, de sorte que je n’ai jamais été confronté à une page blanche. Même si au début de la semaine, on ne sait pas comment on va remplir le journal, on sait qu’on va y arriver.»
Le jeune homme de 29 ans qu’il était en 1981 oeuvrait auparavant à La Malbaie, pour l’hebdomadaire Le Confident de la Rive-Nord, qui venait de fermer ses portes. «C’est au centre d’emploi que j’ai vu affiché un poste de journaliste à Lac-Mégantic. À l’époque, je n’avais aucune idée où c’était, je pensais même que ça pouvait être en Abitibi-Témiscamingue», relate cet éternel pince-sans-rire.
Ayant vécu l’effervescence des années 70 à La Malbaie et ses effets bénéfiques sur le développement de la 138, Rémi avoue avoir trouvé étrange que personne ici ne se plaigne du piètre état des routes. «Il n’y avait pas de revendication, ni syndicale, ni sociale. À ce moment, Lac-Mégantic était isolée, même si on avait des liaisons par train et autobus. Mais les gens acceptaient leur sort. Il n’y avait pas de manifestation de colère ou de débat.»
Toutefois, nuance-t-il, la vie sociale et commerciale était fort active ici. «Les dossiers politiques aussi étaient intéressants. Dans toute ma carrière, j’ai vécu 32 campagnes électorales, incluant deux référendums, le premier dans Charlevoix. Jusqu’à tout récemment, il n’y a eu que des députés libéraux, dont Madeleine Bélanger avec qui j’ai eu de bonnes relations. Elle était franche et directe et disait même qu’elle était plus estimée quand elle était dans l’opposition. Elle pouvait davantage exiger des choses parce qu’elle n’était pas bâillonnée par la ligne de parti. Elle était hors norme», se remémore-t-il.
Avec son billet La ville des âmes en peine, écrit dans les heures qui ont suivi la tragédie du 6 juillet 2013, Rémi Tremblay a fait lui aussi l’actualité en plus de remporter des prix de journalisme. Mais ce ne sont certes pas les honneurs reçus qu’il retient de l’événement. «C’a a plus amené un constat que c’est pas nous qui choisissons. Les décisions viendront toujours d’en haut. Des décisions ont été prises qui n’étaient pas correctes mais compte tenu du court laps de temps… Dans les semaines et les mois qui ont suivi la tragédie, il y a eu comme un couvercle sur la marmite, de sorte que c’était presque des données secrètes qui étaient recueillies sur la contamination. Aujourd’hui on n’a pas plus de données qu’avant parce qu’il n’y a pas eu d’enquête publique indépendante. Les gens qui sont hantés par des réponses qu’ils n’ont jamais eues à leurs questions ne sont pas heureux. C’est déplorable parce que ça laisse des gens brisés, des familles déchirées.»
Est-il plus cynique face au pourvoir politique? «Je pense que oui. Parce que nous, on est journaliste longtemps. Les gouvernements, eux, passent les uns après les autres. Ils ont des mandats de quatre ans, parfois huit, ils ne font que passer. Notre ligne de temps est plus longue et surtout, surmontée par des vagues, des périodes faciles et d’autres plus difficiles.»
La tragédie a aussi amené dans son sillage un afflux médiatique… pour le meilleur et pour le pire. «Les journalistes anglophones avaient un côté plus humain au niveau du reportage, moins sensationnaliste que ceux des médias francophones. Ç’a été de belles expériences de côtoyer ces équipes. Mais c’est sûr que, comme hebdo local, on avait l’impression de ne pas avoir d’importance. On était de l’autre côté, celui de la population. On aurait toujours dû avoir une priorité. Et lorsqu’on nous considérait, c’était dans le but de contrôler le message. Mais je n’aurais pas voulu être ailleurs qu’au cœur de l’action, même si on n’avait pas autant de ressources que ce qu’imposait la situation.»
Aujourd’hui, Rémi constate que le dossier de la voie de contournement, loin de contribuer au rétablissement, divise les communautés. «C’est du bon monde de chaque côté. Ce n’est pas nécessairement une question de mauvaise volonté de l’un ou de l’autre; c’est plutôt au niveau des communications que ça ne passe pas. D’un point de vue journalistique tu analyses l’argumentaire et tu te dis, peut-être qu’il y a une faiblesse de ce côté-ci, une mauvaise compréhension de ce côté-là… Ce serait si facile d’accorder leurs violons. Mais je ne suis pas arbitre.»
Pas simple pour Rémi de décrocher du travail la fin de semaine, lui qui pendant des années, a ramené des dossiers à la maison les jours du congé. «J’ai longtemps eu de la difficulté à faire le clash entre le travail et la famille; c’était plus fort que moi.»
Donc s’il a décidé que pour lui l’heure de la retraite était près de sonner, ce n’est pas pour passer ses journées à se bercer. «J’écris présentement un livre sur la généalogie de ma famille. Et j’ai un projet en tête par rapport à la tragédie, sous un angle complètement différent. Ça se peut que je continue à être journaliste, mais de façon indépendante. Je ne serais pas capable de répondre à une commande gouvernementale, écrire des discours, travailler en relations publiques ou être consultant en communication. Je vais continuer à poser des questions, pour comprendre et expliquer.»
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