Récemment, lors des audiences publiques de mai dernier à Frontenac, concernant les oppositions aux avis d’intention d’expropriations pour la voie de contournement ferroviaire à Lac-Mégantic, j’ai été témoin d’une grande vague de solidarité. Au front pour le bien commun, des expropriés ont engagé des experts afin d’éclaircir et objectiver les risques associés à la construction de la voie de contournement ferroviaire.
Plusieurs organismes se joignent à la cause pour démontrer le non-sens de ce projet. Des avocats commencent à s’intéresser de plus près afin de défendre nos droits. D’autres citoyens se sont armés de courage pour témoigner leurs inquiétudes face à leur approvisionnement en eau potable, entre autres. Tous avaient des propos à la fois cohérents et empreints d’incertitude et d’insécurité. Lorsqu’il est question des risques potentiels pour l’approvisionnement en quantité et en qualité de l’eau potable, c’est effectivement très inquiétant. Je ne suis pas certaine que les gens dans la région comprennent réellement l’ampleur du problème faute d’informations accessibles et transparentes. Je tiens à rappeler que la principale cause du risque est le creusage et le dynamitage du roc sous le seuil de la nappe phréatique. La tranchée sera si large et profonde que le dénoyage est évalué à plusieurs millions de litres d’eau par jour. Cette même nappe phréatique a été choisie par le passé pour sa capacité à répondre à une demande d’approvisionnement d’environ 5 760 litres/minute (Source : École polytechnique de Montréal). Je suppose ces faits à partir des informations que j’ai tirées d’un contrat d’engagement de 2005 entre la Ville de Lac-Mégantic et les contribuables des municipalités de Frontenac, Nantes et Sainte-Cécile-de-Whitton. Auparavant foré pour remplacer le pompage de l’eau du lac Mégantic, l’aquifère de Frontenac approvisionne maintenant non seulement les puits privés de la route 204 et les quartiers résidentiels environnants, mais aussi une partie des puits municipaux de la Ville de Lac-Mégantic. Le contrat autorisait la Ville à puiser jusqu’à 4300 litres/minute. «Les études commandées par Lac-Mégantic ont démontré que la mise en opération des puits de Lac-Mégantic pouvait engendrer dans cette zone aquifère des risques de rabattement dans les puits privés existants et en opération qui pouvaient être de faible (10m à 0m), de moyen (30m à 10m) à élevé (40m à 30m).» S’il existe déjà un risque de rabattement à la simple utilisation quotidienne, qu’adviendra-t-il durant et après les travaux de creusage et de dynamitage? Sans parler du risque de la montée de boue dans nos plomberies, la contamination par les produits explosifs et les inondations secondaires probables.
J’invite les hydrologues engagés par la Ville de Lac-Mégantic à nous expliquer dans la prochaine parution du journal les impacts que ça aura sur les approvisionnements dans l’avenir. Particulièrement le secteur Fatima à Lac-Mégantic, à Frontenac, Nantes et même à Ste-Cécile-de-Whitton, puisque si l’aquifère de Frontenac ne suffit plus en quantité ou en qualité de consommation, la Ville devrait y pomper davantage d’eau des autres puits forés. J’invite les contribuables à poser des questions à leurs élus.
Pour terminer, je me questionne grandement sur les raisons que l’on a d’appuyer ce projet alors que l’on connait les risques. N’est-il pas défini dans les mandats des intervenants municipaux, de la MRC du Granit, du provincial et du fédéral de protéger l’environnement et de garantir l’accès à l’eau potable?
On nous propose des mesures d’atténuation pour corriger les affections, mais la priorité ne devrait-elle pas être de protéger plutôt que de compenser ou remplacer? Le message doit être clair! L’eau potable est un bien essentiel, nul ne devrait la menacer. On doit exiger que tous les moyens soient mis en œuvre pour assurer la sécurité de nos milieux humides et nos réserves d’eau. L’eau c’est la santé, c’est la vie! Nous sommes en train de laisser brimer notre droit d’accès à l’eau potable et notre doit à l’égalité. Exigez un référendum. Exigez des réponses et des garanties claires. En connaissant les risques, j’invite nos élus et représentants municipaux, régionaux, provincial et fédéral à revoir leur priorité. C’est votre devoir de nous représenter et défendre nos droits pour le bien commun de votre communauté et non en faveur des compagnies privées.
Maude Lambert
Frontenac
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