Le personnel de la santé dans le réseau du Granit a tenu deux journées de grève, les 8 et 9 novembre, devant le CSSS Le Granit, à Lac-Mégantic. (Photo Rémi Tremblay)
Déclenchée à minuit, dans la nuit du 7 au 8 novembre, jusqu’à minuit, dans celle du 9 au 10 novembre, la première grève depuis 25 ans du Syndicat des professionnelles en soins des Cantons-de-l’Est, affilié à la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), a exposé publiquement quelques-unes des revendications des infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques. Les conditions de travail demeurent au coeur du mécontentement de ces quelque 200 travailleurs de la santé oeuvrant dans le réseau de la santé du Granit.
Deux journées de piquetage devant le CSSS Le Granit, rue Laval, auront permis à ces syndiquées du secteur public, dont les postes sont occupés à 90% par des femmes, de constater un appui auprès de la population, par nombre d’automobilistes et de camionneurs faisant entendre leurs klaxons. Un avant-goût de la sortie du Front commun, la semaine prochaine, alors que les travailleurs de la santé et de l’éducation mèneront un débrayage de trois jours pour forcer leur employeur, le gouvernement du Québec à présenter de meilleures offres que celles mises sur la table.
Prendre la rue alors que le mercure descend sous zéro demande de la détermination. «Moi, je le fais pour les conditions de travail», indique une infirmière brandissant une affiche aux couleurs de la FIQ. «Je travaille à la salle d’opération, c’est-à-dire que mon poste vient avec de la garde, le soir, la nuit, la fin de semaine, qui n’est pas rémunéré dans mon «Rregop» (Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics) quand je vais prendre ma retraite. Ça ne compte pas, mais ça vient avec mon travail. Je peux faire 100 heures de garde par deux semaines. Je suis bachelière, donc je suis allée à l’université. De garde, je suis payée à taux simple tant que je n’ai pas atteint 40 heures, tandis que si je travaille avec une collègue qui n’est pas allée à l’université, celle-ci est payée à temps et demi.»
Un soir de Noël, elle a dû entrer d’urgence pour une césarienne. «Ma collègue était payée temps double ou temps et demi, et moi j’étais à taux simple parce que je suis bachelière. Alors, me retrouver dans la rue faire la grève, je le fais pour ça, pour qu’on soit reconnues, pour que ce soit égal. Si c’est temps et demi, que ce soit temps et demi pour toutes.»
L’exercice du droit de grève dans le réseau de la santé est encadré par la loi sur les services essentiels. Les soins peuvent être ralentis sur certaines unités, mais tous les soins prescrits par les services essentiels sont prodigués, insiste la FIQ par voie de communiqué.
«Si on est rendue à faire la grève, c’est parce que le gouvernement refuse de nous entendre. Les propositions d’augmentation de salaire vont nous appauvrir puisqu’elles ne couvrent même pas l’inflation. Et surtout, le gouvernement veut prendre une professionnelle en soins et la déplacer n’importe où, quand ça lui chante. C’est de la folie et on n’acceptera pas ça. C’est inhumain pour les travailleuses et carrément dangereux pour les patients. On a atteint un point de rupture dans le réseau de la santé et le gouvernement souhaite dégrader davantage les conditions de travail», a partagé la présidente de la FIQ, Julie Bouchard.
Dans ses dernières offres, le gouvernement Legault a présenté des augmentations de salaire de 10,3% sur cinq ans pour les 600 000 employés de l’État, en plus de bonifications représentant 3% pour certaines catégories de travailleurs ainsi qu’un montant forfaitaire pour tous de 1000$ la première année.
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