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Lettre à un employeur non concerné

Jeudi 6 février, première journée de grève. Ça va, on s’organise. Après tout, il faut bien faire quelque chose pour que ça change. Mercredi 2 avril, 6e jour de grève… le premier de trois jours consécutifs… On s’organise! Après tout, il faut être solidaires, il faut bien faire quelque chose! Bon… Parents de jeunes enfants durant la pandémie, ce n’est pas notre premier rodéo, n’est-ce pas?


En allant chercher ma plus jeune pour la fin de semaine (un mardi soir!), je me décide à jaser avec les éducatrices de ma fille. Découragées, elles me disent que les négociations n’avancent pas… Êtes-vous en train de me dire qu’on pensait faire quelque chose avec la grève et que ça ne donne rien? Avez-vous cerné le cynisme ici?

J’ai donc eu envie d’écrire cette lettre. Parce que même si elle n’a pas le pouvoir de changer quoi que ce soit, au moins elle me permettra de soulever une réflexion et de dire aux éducatrices de ma fille que je les supporte dans leurs demandes.

Je suis du genre à tenter de voir le bon côté des choses; une journée de congé de garderie, ça va faire du bien à ma cocotte. Ah j’oubliais! En ce beau mercredi… j’étais attendue au travail! Bon…je vais travailler de soir… Ah mais non! Les gens avec qui j’avais des réunions, ils ne travaillent pas le mercredi soir, alors on va faire les réunions à la maison, avec la petite, qui essaiera de s’essuyer toute seule, ou qui se sera coincée dans la boîte de carton que je lui ai laissée pour qu’elle joue. Une autre de ces journées qui m’aura valu 250% d’énergie, un taux de productivité de 10% et pour le temps de qualité avec ma cocotte: 0%.

Le concept est pourtant simple: nous confions nos enfants le temps de faire notre contribution sociale. Une infirmière, un ingénieur, une chirurgienne, une mère monoparentale qui font tout en leur pouvoir pour garder le fort, des médecins, des journaliers, des couples séparés qui travaillent en équipe pour gérer deux routines sans que les enfants écopent. C’est eux, ces parents-citoyens que je croise soir et matin, qui essaient de faire leur part, et oui, qui tentent de gagner leur pain, en étant la meilleure version de parents possible. TOUS travaillent bien fort pour que le temps qu’on investit à cette contribution sociale ne prenne pas le dessus sur la famille.

Pourtant, ces jours de grève nous privent de temps de qualité avec nos enfants, nous limitent dans cette participation sociale, chamboulent nos quotidiens… pour réaliser deux mois plus tard que… nos éducatrices ne sont pas entendues?

Pourquoi vous faire ce récit? Pour tenter de faire un petit pli de rien du tout dans le quotidien de nos décideurs, qui se lèveront ces matins de grève et qui réaliseront que la grève a lieu par un petit mémo en coin sur leur calendrier. «Ah ben oui. C’est aujourd’hui la grève. Eh!»

Sans exagérer, je me suis vraiment imaginée monter à Québec un de ces matins de grève, avec quelques mères, sac de jour à la main, pour passer la journée au parlement. Aucunement dans l’intention de saccager quoi que soit, je suis une mère civilisée et respectueuse quand même! Juste… aller passer la journée. Juste massacrer votre journée à coup de collations en pleine réunion, à coup de report de rendez-vous et de tricotage d’horaire, à coup de sieste au mauvais moment ou pas de sieste du tout. Pour que, comme moi, vous terminiez votre Journée en vous disant: «mais qu’est-ce qu’on est en train de faire?»

Ces premières lignes, elles viennent de la mère, impactée cette fois-ci par la grève des CPE, tantôt par celle des écoles… Les prochaines, elles viennent de l’employeur que je suis : si je gérais les demandes légitimes de mes employés comme vous le faites, mon entreprise ne survivrait pas.

Comme décideurs, pourrait-on vous demander simplement de vous rapprocher de la réalité de vos employés? De la réalité de ceux qui vous ont fait confiance en vous accordant un vote? Voir au-delà d’un budget, et peut-être de constater qu’on essaie juste de faire notre part, comme parents et comme travailleurs? Nos éducatrices, comme alliées indispensables, qui ont besoin d’une patience innommable et surtout de SOUTIEN pour avoir la flamme encore longtemps de poursuivre cette mission-là. Peut-être qu’en les supportant, en approuvant leurs demandes plutôt que de les calculer comme une dépense, ces employées resteraient plus longtemps et deviendraient des ambassadrices d’un milieu de travail enviable. Gestion des ressources humaines 101.

Justine Therrien

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