Oscar Brochu

L'attente aux urgences et le stationnement payant, c'est malade!

Excusez-moi de prendre encore la parole; je ne le fais pas de gaieté de cœur, mais l’attente aux urgences est inacceptable. Les employés sont soumis au devoir de réserve et les gens ont peur de passer pour des « chialeux » ou de subir des représailles comme s’ils ne payaient pas, aujourd’hui, le prix nauséeux de leur silence. Il faut cesser de craindre le débat parce que notre apathie confère de l’arrogance au pouvoir et aux ayatollahs de la finance. On le voit avec l’évasion fiscale qui profite de lois volontairement pleines de trous et avec le recours à l’austérité qui vise à faire le plein pour les cadeaux de la prochaine élection. Rien de moins que de se faire acheter avec son propre argent. Je suis indigné et je n’arrive pas à me taire; peut-être suis-je malade? Un cousin perspicace dit que je souffre de logorrhée. Ça se soigne? Question d’urgence?

Je ne comprends pas qu’on puisse laisser poireauter, huit, neuf ou dix heures, des patients malades et inquiets qui n’ont d’autre recours que de se rendre aux urgences parce que le CLSC n’offre pas de service de consultation, parce qu’il n’y a pas de clinique sans rendez-vous et parfois, parce qu’ils n’ont même pas de médecin de famille.

Depuis le temps que cette situation perdure, pourquoi ne parvient-on pas à changer, un tant soit peu, l’organisation des soins. Qu’on me comprenne bien, je ne critique pas la qualité des soins : pris en charge, nous sommes bien soignés. C’est le mode de gestion que je questionne.

Il n’est pas normal qu’un seul médecin assume la responsabilité de la salle d’attente aux urgences, l’arrivée des ambulances et la tournée, à l’étage, des gens hospitalisés. Ce médecin là est forcément débordé. J’en conclus que l’attente est une donnée planifiée et le service, une priorité aléatoire.

J’aimerais que les gestionnaires nous expliquent le blocage et leur démarche de résolution de problème. Bref, l’entrave vient-elle de l’enveloppe fermée allouée aux soins d’urgence ou d’un choix politique mesquin? Mettre le doigt sur le bobo, le nommer, c’est appeler la suite logique. Il paraît qu’aux urgences de l’hôpital de Thetford, l’attente n’est pas aussi longue. Il faudrait inviter quelques ingénieurs à siéger au conseil d’administration, comme ils sont formés pour trouver des solutions, ils pourraient peut-être même imaginer utiliser, à profit, l’inertie des autres, embourbés dans le statu quo.

Depuis vingt-cinq ans, le gestionnaire a sans doute des tonnes de statistiques qui lui permettent de poser un diagnostic pointu. Il sait sûrement combien de temps, en moyenne, les soignants consacrent à un enfant fiévreux, à un accidenté du travail, à un patient grippé, à une personne âgée sur-médicamentée ou confuse. Combien de temps entre la salle de tri, la première rencontre du médecin, la radiologie et le retour devant le praticien pour le diagnostic? Combien de temps pour obtenir l’avis d’un spécialiste ou pour compléter le rapport médical? Combien de temps pour la transition entre les quarts de travail, combien pour le souper et les pauses? La liste est probablement incomplète. À l’évidence, un seul médecin ne suffit pas. De 8h à 16h, deux médecins pourraient travailler de concert et vider la salle d’attente. Le soir et la nuit, un seul pourrait suffire à la tâche.

Il est inacceptable qu’on contraigne une mère à bercer, promener, langer et consoler, des heures durant, un bébé fiévreux. C’est oublier que le numéro 41 ou si vous le préférez, que le petit a une famille, que ses parents ont leur journée de travail dans le corps, que le souper, les bains et les leçons des frères et sœurs sont perturbés par la gestion inhumaine des soins. C’est aussi oublier que les aidants naturels qui accompagnent de vieux parents ou un membre de la famille leur ont probablement consacré beaucoup de temps avant de se résoudre à se rendre à l’hôpital, qu’ils sont eux aussi fatigués, qu’ils ont un ou une conjointe qui attend. C’est souvent une famille qui ronge son frein, qui mériterait qu’on la perçoive autrement que comme un dommage collatéral.

La santé n’est pas un service comme un autre. Quand le client est mieux traité que le patient, je me dis que nous avons un problème éthique. Je sais, le mot patient n’existe plus; les longues heures d’attente n’ont pas sauvé le mot, au propre comme au figuré. Si nous ne sommes plus des patients, sommes-nous encore des personnes?

Ajoutez l’insulte à l’injure: il faudra désormais payer pour aller à l’hôpital comme si c’était un choix. Ce n’est pas assez de moisir neuf heures aux urgences dans les miasmes des uns et le blabla insipide de la télé, il faudra en plus payer le temps de notre prise en otage. A-t-on oublié, encore une fois, les aidants naturels, le fils ou la fille qui va faire manger un père impotent ou une mère confuse? A-t-on oublié ceux qui s’occupent des grands malades, font leur lessive, les coiffent ou entretiennent la conversation afin de les détourner de leur angoisse et tous ceux qui donnent ainsi un peu de répit au personnel? Belle reconnaissance!

En ville, les gens peuvent toujours mettre à profit leur carte de transport par autobus; ici, l’auto n’est pas un caprice. Que la direction ait discuté avec le gérant du centre commercial –qui me semble plus accueillant et compatissant que le service des soins- c’est dire le respect que l’on voue aux patients et aux aidants: «Allez vous faire voir ailleurs » C’est comme si elle nous disait : « Parquez votre handicapé ou votre père atteint d’alzheimer au bord de la porte, courez vous stationner de l’autre côté de la rue, faites le pied de grue au feu de circulation en attendant votre droit de passage et revenez au pas de course récupérer votre «Confucius» avant qu’il ouvre une porte qu’il ne devrait pas ou qu’il improvise un numéro embarrassant. Au besoin, réquisitionnez un ami. Un aidant, c’est bien; deux, c’est mieux.» Tout ce brouhaha pour échanger quatre trente sous contre une piasse? Étrange! Lac-Mégantic a retiré ses parcomètres par égard pour les clients du centre-ville et parce que ce n’était pas si rentable. Étrange!

L’administration a sûrement étudié la question: combien rapporteront les places réservées aux employés et celles des visiteurs? Combien coûteront l’équipement, la surveillance et la gestion? Quel est le profit attendu? 3,75$, c’est cette année; combien, dans deux ans? À quoi servira cet argent? Ira-t-il se perdre dans les méandres de l’administration? Sera-t-il dédié à un projet précis? Addition et soustraction faites, ne pourrait-on pas aller chercher cette somme autrement, sans imposer cette solution frustrante? De grâce, expliquez, justifiez. Ce serait la moindre des choses. Ah! J’ai compris: c’est un poisson d’avril! Non? Mais vous nous croyez muets comme des carpes!

Paul Dostie

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