La bourse ou la vie?

Nous n’en sortirons pas vivants. Trudeau vient d’hypothéquer le marché du carbone et Couillard d’autoriser l’exploration pétrolière de nos lacs et rivières tout en se drapant de la virginité d’Anticosti. L’énergie fossile fera tourner l’économie encore un certain temps mais signera notre perte. On calcule ce que l’investissement rapportera à court terme, mais on oublie volontairement ce qu’il coûtera au niveau écologique, sociologique, médical et financier. La bourse ou la vie? Belle entourloupette : on nous répond que le billet est vert. Pourtant, vous le savez, les profits sont privés, les catastrophes et les dettes, elles, sont publiques. A-t-on besoin de faire un dessin au lendemain de la crise bancaire de 2008 et de la tragédie du 6 juillet 2013?

Le cirque électoral est lancé. Pas de projet de société ni de vision stratégique, qu’une surenchère de promesses dont le seul but est de damer le pion. L’écologie est un véritable mensonge électoral. On déverse au besoin nos eaux usées dans le fleuve, on autorise encore le suremballage, on tolère les pesticides dans nos assiettes, on laisse les chalutiers ratisser le fond des mers. Et ce, c’est sans compter que l’on coupe dans les services à la population pour mieux distribuer des bonbons électoraux. On nous ment sachant que nous ne demandons qu’à croire.

L’environnement ne devrait pas être qu’un simple enjeu électoral mais une stratégie commune exempte de « partisanerie. » Six mois avant les élections, on devrait obliger les partis à négocier une plateforme commune assorti d’une déclaration commune afin que la campagne se fasse sur la différence d’approche, de moyen ou de valeur. Si nous sommes plus qu’une multitude, mais une communauté, il doit bien y avoir plus d’idées qui nous réunissent que d’idées qui nous séparent. Si on réussit à conclure des accords, même entre pays ennemis, pourquoi les partis qui se disent à notre service ne parviendraient-ils pas à s’entendre? Ensemble, nous allons dans cette direction. Voici ce qui nous rassemble, voilà ce qui nous distingue. Cela aurait le mérite d’être clair et chacun des partis gagnerait notre respect parce que le bien commun l’emporterait sur la joute. Si en plus on forçait les partis à reconnaître ne serait-ce qu’une de leurs erreurs et aussi à reconnaître un bon coup chez leurs adversaires, les politiciens apparaîtraient plus crédibles et humains. Nous pouvons, un moment, avoir erré parce que la situation et les êtres évoluent.

Hélas! la plupart de nos candidats sont encore des politiciens d’hier : des subventionneurs de tout et de rien au lieu d’être des visionnaires, des carriéristes qui magasinent leur adhésion, manière de dire que le «Je» prévaut sur le «nous». À l’évidence, le plan de carrière passe avant le bien commun, quitte à démissionner si on n’est pas nommé ministre.

À écouter la publicité électorale, on constate, là aussi, qu’on s’adresse au «je» électeur bien plus qu’au «nous» collectif. «Que ferez-vous pour moi?» Passé de mode le projet collectif du pays indépendant parce que le Québécois rêve maintenant d’être un citoyen du monde. Pourtant, celui dont la devise est «Je me souviens», celui-là oublie bien vite que ce sont les impôts des Québécois, non pas ceux d’outre frontière, qui l’ont instruit, soigné et nourri ses rêves… Faisons tout de suite une croix sur le pays québécois, le pays canadien et sur le grand tout idéal si nous ne parvenons pas à nous entendre pour sauver notre environnement.

Malheureusement, nous nous percevons davantage comme des consommateurs que des citoyens. La démocratie en souffre parce qu’elle ne peut se résumer à la dictature de l’opinion publique ou à un vulgaire exercice de comptabilité. Nous sommes piégés, au niveau économique comme au niveau environnemental. Même politiquement: le premier octobre, voter PQ pourrait faire élire le parti libéral. En étant pour, il nous arrive d’être contre. Psychose ou schizophrénie?

Pour tasser la démocratie dans le coin, le capitalisme est parvenu à faire des citoyens que nous étions des consommateurs invétérés: une maison, une piscine, une auto, un VUS, une motoneige, un tout-terrain, un vélo de 3 000$, dix paires de souliers « high-tech », des vacances à la mer et quatre cartes de crédit bien pleines. L’endettement des familles canadiennes est de 1,69$ par dollar de revenu. Nous avons beau nous croire libres, c’est une illusion: endettés jusqu’au cou, nous ne pouvons plus prendre le moindre risque ni même penser autrement. C’est d’ailleurs pour cette raison que la peur est un argument si efficace.

Avec les accords internationaux, le capitalisme sauvage a réussi à bâillonner la démocratie une fois pour toutes et ce, avec la complicité des États. Souvenez-vous de l’accord européen que M. Trudeau s’apprêtait à signer et que les Belges ont dénoncé, accord dans lequel on autorisait les multinationales à poursuivre les gouvernements. Le problème, ce ne sont pas les accords, mais la soumission des États. L’Alena saura le démontrer si le lobby du lait américain l’emporte. En esquintant la gestion de l’offre, on fera de nos producteurs laitiers des assistés économiques. C’est utile des gens qui n’ont d’autre choix que de manger dans votre main. La péréquation et les subventions servent parfois à ça.

Vous voterez pour qui vous voudrez. Tout ce que je souhaite, c’est que collectivement nous soyons assez intelligents pour ne pas tuer l’idée de l’indépendance parce que tôt ou tard, nous devrons y revenir, assez intelligents pour permettre à Québec solidaire d’apprendre, de l’intérieur, les rouages de l’état parce l’opposition est une nécessité démocratique. Le Canada n’intègrera jamais le Québec parce qu’il est trop différent de langue et d’esprit à moins d’en faire, par le multiculturalisme, une province comme les autres ou pire, une minorité parmi d’autres. On sera aussi obligé d’y revenir parce que notre poids au Canada diminue dangereusement (22,6%). Ottawa n’a plus besoin de nous pour élire un gouvernement majoritaire. Au-delà de l’identité, on devra y revenir pour protéger nos lois, nos programmes et notre territoire. Il y a là urgence pour tous les Québécois, autant ceux de souche que les autres. Comme le Québec est aussi endetté que ses citoyens (181 milliards, soit 52% du PIB), pouvons-nous encore rêver?

Après avoir contribué à coups de milliards à financer l’industrie automobile de l’Ontario et le pétrole de l’Alberta, voilà qu’Ottawa rechigne à nous allouer notre part des chantiers navals au profit d’Halifax et de Vancouver. À quoi bon nous plaindre: les Québécois aiment beaucoup voir passer les bateaux. Bien plus, Ottawa investit des milliards dans l’hydroélectricité de Terre-Neuve afin qu’elle vienne directement concurrencer le marché d’exportation de l’Hydro-Québec. Pourtant, le fédéral n’a jamais investi un seul cent dans notre électricité. Un déloyal deux poids, deux mesures. Comme nous ne tenons pas à être au courant, il a beau jeu. Ajoutez à cela, la voie maritime qui permet aux énormes paquebots et porte-conteneurs de nous passer sous le nez pour aller enrichir Toronto à nos dépens. Merci pour la péréquation.

À bien y penser, il n’y a plus d’espoir ni pour le Québec ni pour l’environnement. L’aide médical à mourir, c’est fédéral ou provincial? Comme Québécois, je préfèrerais «l’aquamation», mais je ne voudrais pas polluer l’eau. L’incinération serait une solution plus canadienne: c’est comme un aller-retour Montréal-Vancouver. C’est si beau les Rocheuses!

Paul Dostie

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