Actualités
Culture
Opinion
Sports
Le scénario de Jonathan
J’évite de parcourir la page Facebook du Carré Bleu. Trop glauque, pas assez bleu! Trop complotiste, pas assez réaliste! Le scénario de Jonathan est lugubre. Il joue sur des personnages trop caricaturaux, ses cibles préférées sont louches à outrance. Son regard sur les «cliques» qui nous manipulent est subjectif, plutôt pamphlétaire. Ses propositions, rien à redire!
Il a son public qu’il nourrit de ses scandales tout droits sortis de raccourcis retords. Le parti pris l’emporte sur son jugement. Il aime ou il n’aime pas! Mais bon, le metteur en scène fait ce qu’il veut avec son film, le chroniqueur avec sa chronique, le créateur avec «son» œuvre! Son cinoche à lui, rien à redire!
Il a choisi de porter un combat, de défendre la veuve et l’orphelin. Sa présence agace terriblement les élus locaux qui se sont faits conseiller de ne pas prendre les armes légales, de ne pas répliquer. Son combat à lui, rien à redire!
Mais voilà, sa récente bataille sur les réseaux sociaux a fait mouche! Tout le monde s’emmêle les pinceaux, y compris le député François Jacques qui «soutient sans hésiter les familles et les personnes qui se sentent actuellement inquiètes ou troublées par l’annonce surprise et récente de la production d’une série télé dramatique sur la tragédie de Lac-Mégantic», une sortie applaudie par la Coalition des citoyens et des organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic.
Persona non grata dans les cercles de pouvoir civil et politique, Jonathan est-il aujourd’hui écouté par nos élites, lesquelles, il n’y a pas si longtemps encore, ne cachaient pas leur exaspération devant ses coups de gueule?
Quoi? Quossé qui s’passe?
Le réalisateur Alexis Durand-Brault a reçu une volée de bois vert, ces derniers jours, après l’annonce de son projet d’une série télé intitulée «Mégantic» sur Club Illico, produite par Sophie Lorain, en collaboration avec Quebecor Contenu. Saisissant la «bombe» au bond, Jonathan s’est mis aussitôt à grincer des dents, à rager, prenant à témoin de son indignation personnelle des proches des victimes de la tragédie. Avant même que le projet ait entamé son processus de tournage, il crie au vol d’appropriation culturelle d’un drame humain, d’une catastrophe. Il tire sur la corde sensible de l’éthique.
La tragédie de Lac-Mégantic a inspiré des livres, dont l’essai d’Anne-Marie Saint-Cerny «Mégantic: une tragédie annoncée», qui s’est retrouvé en lice pour les Prix littéraires du Gouverneur général en 2018, et celui de Bruce Campbell «Enquête sur la catastrophe de Lac-Mégantic», publié chez Fides. Elle a aussi inspiré une BD, «La dernière nuit» de Marie-Hélène Rousseau, Marie Eve Lacas et Myriam Roy et une œuvre théâtrale, Les Hardings, d’Alexia Burger, en 2019. Cette année-là, le cinéaste Philippe Falardeau a annoncé qu’il signerait une série documentaire sur la tragédie de Lac-Mégantic, basé sur l’essai d’Anne-Marie Saint-Cerny. Cette dernière avouait: «Le projet demande une infinie délicatesse, parce que les plaies sont encore béantes et une persévérance pour aller chercher les faits malgré tout.» Je ne crois pas trahir un secret en ajoutant que Falardeau a senti le besoin de rencontrer Colette Roy Laroche, en faisant la recherche pour son film, en juillet dernier. Dans le courriel qu’il m’adressait : «Il est vrai que c’est le livre qui m’a directement inspiré la série et que nous nous en inspirons dans nos recherches. Anne-Marie a été très généreuse pour nous lancer sur plusieurs pistes (…) cependant, la ville de Mégantic est très critique à l’égard des propos d’Anne-Marie et nous souhaitons garder de bonnes relations avec eux. Nous avons rencontré la mairesse Morin à son bureau (…) pour lui expliquer notre démarche. Elle m’a demandé si j’adaptais le livre d’Anne-Marie. Je lui ai dit que c’était la bougie d’allumage mais que j’allais maintenant faire ma propre démarche, ce qui est vrai. Il est important pour moi d’entendre la voix de la ville et celle de Colette et je ne voudrais pas qu’ils reculent en pensant que j’endosse 100% de ce qui est dit dans le livre d’Anne-Marie. J’ai un devoir de neutralité à cet égard.»
Voilà ce qui me gosse dans le nouvel épisode du mélodrame de Jonathan, devenu une affaire d’état! Pourquoi, tout d’un coup, on remue toute cette soupe avec ce nouveau projet de télé-série? Parce qu’il n’a pas reçu l’imprimatur de Jonathan et de la Coalition? Juge et jury dans le procès contre Alexis Durand-Brault, Jonathan a même réussi à amener le député de Mégantic et la mairesse Julie sur son terrain de jeu glissant vers la censure. Toutes les histoires écrites ou visuelles sur la tragédie de Lac-Mégantic ont puisé à la source d’un même souci de se coller à la réalité. Accepter l’interférence politique dans le processus créatif n’apportera rien de bon au résultat final. Attention, zone de turbulence!
À lire aussi
-
Actualités
Un regroupement de plusieurs OMH recommandé
-
Actualités Société
Le 6 décembre, une journée pour faire taire le silence
-
Culture Théâtre
La dernière cassette, puissante réflexion sur l’après
-
Actualités Communauté
Kathia Bélisle, la joyeuse signaleuse!
-
Actualités
Le train des fêtes attire encore les foules
0 commentaire
- Un regroupement de plusieurs OMH recommandé
- Le 6 décembre, une journée pour faire taire le silence
- Phil Lauzon, Luke Combs Edition
- La dernière cassette, puissante réflexion sur l’après
- Kathia Bélisle, la joyeuse signaleuse!
- Le train des fêtes attire encore les foules
- Le Sauro prend le 3e rang avec deux victoires
-
Camping de Piopolis : l’envers de la médaille
5 décembre 2024
-
Camping Piopolis: un projet qui s’autofinance
28 novembre 2024
-
Pour aider, il faut toute une communauté
31 octobre 2024
{text}