Au Centre de recherche du CHUS à Sherbrooke, Audrey Hamel-Thibault, professionnelle de recherche, assiste le clinicien Dr Jean-Charles Pasquier dans son projet d’études Provid-19.
Seize études sur les probiotiques et la COVID-19 sont enregistrées à travers le monde. À peine deux ou trois au Canada, dont celle du Dr Jean-Charles Pasquier, clinicien chercheur au Centre de recherche du CHUS à Sherbrooke. «Je pense qu’on est une des seules études à apporter une vision différente», partage celui qui s’est adjoint comme assistante de recherche une Méganticoise, Audrey Hamel-Thibault.
Le Dr Pasquier est à la recherche de personnes de la région ayant été testées positives à la COVID-19 pour l’aider à confirmer son hypothèse de départ: «Il se pourrait que les probiotiques puissent avoir un effet sur la COVID de longue durée et nous sommes la première étude au monde à les tester et à observer leur effet à long terme.»
Petit cours de probiotique 101: le commun des mortels possède dans le creux de son ventre une masse de deux kilos de bactéries. Une armée microscopique campée dans la flore intestinale et dont la mission renforce le système immunitaire, rien de moins!
Gynécologue et obstétricien de formation, le Dr Pasquier avait, au départ, débuté un projet de recherche sur les probiotiques et les bébés nés prématurément, pour tenter d’intervenir durant la grossesse et renforcer le système du bébé via la nutrition de la mère. L’arrivée de la COVID a bousculé son agenda. «Cela fait partie de notre devoir de citoyen de chercher des solutions», s’est-il dit, convaincu plus que jamais que les probiotiques pouvaient aussi représenter un allié efficace dans la lutte contre la COVID.
«Notre équipe propose une approche différente et complémentaire pour la prise en charge de la COVID-19. Nous pensons que le microbiote digestif pourrait jouer un rôle dans la maladie. C’est une hypothèse de recherche et nous voulons apporter une réponse à cette question.» Le Dr Pasquier a récemment perdu son père, âgé de 85 ans, victime de la COVID-19. «La vérité est une passion pour notre équipe: si l’étude n’est pas concluante, on va le dire!»
Ses arguments: «Un déséquilibre de la flore intestinale est retrouvé chez les personnes qui présentent des formes graves de la COVID-19. Nous savons que les personnes âgées, les personnes diabétiques, obèses, souffrant d’hypertension artérielle ou de maladies rénales chroniques qui sont à risque de formes graves de la COVID-19 présentent souvent une dysbiose intestinale. Par exemple, chez les aînés, il existe une baisse de la diversité du microbiote, une diminution de l’abondance des espèces bactériennes bénéfiques et une augmentation de la présence d’espèces pathogènes.»
Ne courez surtout pas à la pharmacie pour vous gaver de probiotiques. «Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé au-delà des effets nutritionnels traditionnels. Comment peuvent-ils fonctionner sur la COVID-19 ? Les probiotiques entrainent une amélioration de la barrière muqueuse, cette protection intérieure de la bouche, de la gorge et de l’intestin. Et surtout ils agissent en renforçant le système immunitaire.»
Mais attention, prévient-il, ce ne sont pas tous les probiotiques qui fonctionnent. «Avec des experts internationaux, notre équipe a sélectionné les souches que nous pensons être les plus efficaces.»
Participants recherchés
Une augmentation des cas actifs de COVID ces dernières semaines fait de la région du Granit un bon bassin de recrutement de participants à l’étude du Dr Pasquier. L’équipe recherche, ici comme ailleurs au Québec, des personnes ayant reçu un test positif depuis moins de cinq jours, âgées de plus de 18 ans, avec des symptômes, confinées à domicile et ayant un téléphone ou un lien internet.
«Nous envoyons à domicile une trousse par porteur spécial avec probiotiques ou placebo, un thermomètre, un oxymètre et un cahier de suivi. Chaque jour, le participant prend son traitement et un suivi est assuré par téléphone ou par internet.»
L’équipe reconnaît la difficulté de recruter des participants. «On en voudrait 84», précise le chercheur, ajoutant : «Si ça marchait, ce serait majeur!»
Des renseignements sont disponibles sur
Facebook. On peut également rejoindre un professionnel de la recherche au 1-866-821-7139 ou encore tester son admissibilité sur le site
provid-19.ca.
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