La mairesse Julie Morin, le président de l’Association culturelle islamique de l’Estrie, Reda Bouchelaghem, le député provincial François Jacques, Zakya Abounaidan et le député fédéral Luc Berthold.
À l’angle des rues Québec-Central et Dollard, à Lac-Mégantic, à quelques pas de l’église Sainte-Agnès, rien encore ne permet d’identifier le nouveau lieu de culte, inauguré samedi dernier. Plus qu’une mosquée, le Centre culturel islamique se veut aussi un lieu de rencontre et d’apprentissage plus orienté vers l’éducation et ouvert à tous, «de confession musulmane ou non», précise bien le président de l’Association culturelle islamique de l’Estrie, Reda Bouchelaghem.
En ce début d’après-midi du 23 octobre, ce sont surtout des femmes qui franchissent le seuil du Centre islamique. Et parmi elles, les amies de Zakya Abounaidane, du Centre des femmes de la MRC du Granit, venues en support. Le local de prières est à la fois vaste et vide. À vrai dire, le lieu de culte n’a besoin ni de chaises ni de meubles. Le hall d’entrée est grand et une salle de rencontres a tout pour accueillir des activités culturelles et sociales.
«Ce sera un lieu de rassemblement inclusif, un centre islamique pour tout le monde. Nous allons faire savoir au Québec que les deux religions, les trois religions peuvent se côtoyer avec un grand grand respect», se réjouit Zakya, toute émue en ce jour historique. Elle l’avoue, jamais elle a tant pleuré que le jour où, en avril dernier, Reda Bouchelaghem, en deux coups de fil, lui a offert toute l’assistance nécessaire et les fonds pour ouvrir le premier centre culturel islamique de la MRC du Granit, blotti entre l’église et le Centre des femmes, situé rue Villeneuve.
Établi à Sherbrooke depuis 30 ans déjà, Reda Bouchelaghem est un ingénieur gradué de l’Université de Sherbrooke en 2003. L’homme d’affaires s’enorgueillit de la présence de gens de confession musulmane dans toutes les sphères de la communauté sherbrookoise. Selon lui, une centaine de personnes de la MRC du Granit, la plupart des nouveaux arrivants, seraient susceptibles de fréquenter la mosquée. «Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il est difficile de retenir les personnes de confession musulmane hors des grands centres s’il n’y a pas de lieu de culte.» Un élément parmi d’autres pour augmenter les chances de rétention de la main-d’œuvre dans la région du Granit, reconnaît Claudia Racine, fort active dans la Brigade d’accueil des nouveaux arrivants.
Les élus tant au niveau fédéral que provincial et municipal ont participé à l’inauguration. Dans un passé récent chez Intro-Travail, la mairesse de Lac-Mégantic Julie Morin était en charge de l’accueil des nouveaux arrivants. «Qu’ils viennent de Rimouski ou d’ailleurs dans le monde, nous devons avoir une ouverture d’esprit. Et c’est un pas important que franchit Lac-Mégantic aujourd’hui, pour la région de la MRC du Granit aussi. Éventuellement, il y aura encore des esprits à ouvrir, petits pas à petits pas vers l’inclusion.»
Intégration et inclusion, voilà de quoi ont discuté le député François Jacques et Zakya Abounaidane à leur première rencontre. «Si l’on veut garder tous les gens, qu’ils soient bien ici chez eux, ça leur prend des lieux comme ici. Des espaces pour se rencontrer», partageait le député, à l’intérieur des locaux loués par son père, Jean-Pierre Jacques. «Sans ces efforts-là, des gens voudraient repartir. On a besoin de tout le monde. Le vivre ensemble est important», a-t-il rappelé, estimant que la communauté du Granit y est prête depuis plusieurs années.
À son tour de prendre la parole, le député fédéral Luc Berthold s’est dit emballé. «On est dans une région où on manque de main-d’œuvre. Oui, ça prend un lieu comme celui-ci pour que les gens puissent se retrouver dans leurs valeurs, dans leur foi.»
{text}