Le malaise

La récente élection a mis en lumière un malaise, accentué par les résultats apparus sur nos écrans le soir du 3 octobre. Au Québec, la voix de presque 60% d’électeurs qui n’ont pas voté pour le parti au pouvoir sera-t-elle plus entendue qu’au cours du premier mandat de François Legault? En fin de campagne, le premier ministre sortant avait fait son acte de contrition, promettant de mieux écouter les oppositions! Une évidence, cette difficulté de concilier les univers politiques aux objectifs d’un gouvernement fortement majoritaire, alors que les voix d’opposition risquent d’être encore moins audibles à l’Assemblée nationale qu’elles l’ont été, dans la rue, ces dernières semaines.

Encore une fois, le premier ministre réélu a catégoriquement rejeté l’idée de remettre sur la sellette l’idée d’une proportionnelle. Quand t’as goûté une fois au pouvoir, t’as surtout pas envie de changer les règles du jeu. Et c’est compréhensible. Pour chaque député élu, à la fin de l’exercice démocratique, la victoire est légitime et incontestable. La population a rendu son verdict.

Trop souvent entendu: «Legault est arrogant, suffisant, son gouvernement n’écoute pas les partis d’opposition.» La crainte, avec l’affaiblissement des groupes parlementaires libéraux et des péquistes, c’est de ne pas parvenir à trouver une voix plus forte pour les Québécois non caquistes. La crainte aussi, avec un Parti conservateur sans député pour représenter la voix des laissés pour compte, de se retrouver avec des mouvements de grogne populaire qui ne seront pas canalisés. Est-ce que les partisans d’Éric Duhaime vont supporter d’être orphelins à l’Assemblée nationale? Est-ce que les conservateurs non-caquistes, à droite sur l’échiquier politique vont se trouver un autre parti pour se faire entendre?

Le lendemain du scrutin, le Mouvement Démocratie Nouvelle, présidé par l’ex-parlementaire Jean-Pierre Charbonneau, a dénoncé ce qu’il considère comme «une distorsion historique de notre système électoral. «Avec près de 41% des voix, le parti de François Legault rafle plus de 70% des sièges de députés à l’assemblée nationale et se constitue ainsi une majorité écrasante face à une opposition morcelée. Le Parti libéral du Québec, arrivé quatrième dans les suffrages, se hisse malgré tout au rang d’opposition officielle tout en concentrant plus de 75% de sa députation sur l’île de Montréal. Le Parti conservateur du Québec frise les 13% de voix mais ne fait élire aucun député. Quant au Parti québécois et à Québec solidaire, bien qu’ils recueillent chacun sensiblement le même pourcentage de votes, l’un a presque quatre fois plus de députés que l’autre.»

Jean-Pierre Charbonneau souligne d’autre part que la Coalition Avenir Québec va exercer un véritable monopole de la représentation politique dans 8 régions du Québec (Saguenay-Lac-St-Jean, Mauricie, Abitibi-Témiscamingue, Côte-Nord, Chaudières-Appalaches, Lanaudière, Laurentides et Centre-du-Québec), et c’est passé tout proche de se produire, à un siège près, dans quatre autres régions, soit l’Estrie, le Bas-St-Laurent, l’Outaouais et Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Selon lui, «une fois de plus, notre système électoral archaïque hérité de la période coloniale et construit pour un système parlementaire bipartisan a révélé ses graves lacunes. À ses yeux, la réforme du mode de scrutin devient un impératif majeur et urgent pour notre bonne santé démocratique.

En démocratie, c’est l’électeur qui choisit la formation de son gouvernement. Avec un taux de participation parmi l’un des plus faibles, soit 66%, il faudrait aussi reprocher aux citoyens de ne pas jouer réglo avec la démocratie. Tout n’est pas la faute à Legault dans le résultat obtenu.

Un gouvernement aussi majoritaire qu’est celui de la CAQ devra se donner bonne conscience et garder ouverts tous les canaux de communications pour s’assurer d’être un «bon» gouvernement pour l’ensemble des Québécois. Le gouvernement majoritaire de François Legault doit changer, dans sa nouvelle mouture. Il doit être transparent et obliger les institutions publiques à l’être tout autant. C’est sans doute beaucoup lui demander, mais il devra rompre avec les mauvais plis de son premier mandat et ne plus garder opaques les prises de décisions qui nous touchent directement. François Legault devra tenir compte de «tous les citoyens».

La violence et l’agressivité dénoncées en campagne électorale vont sans doute diminuer d’intensité, mais les ressentiments vont subsister chez plusieurs, parce que plus la situation économique va être difficile, plus les gens vont faire face aux crises (logement, main-d’oeuvre, chèreté de la vie) et plus ils vont se sentir impuissants. La relative paix sociale ne pourra être assurée que par l’engagement du gouvernement Legault à écouter les insatisfaits et à corriger le tir s’il le faut et là où il le faut.

Ici, dans Mégantic, bien des projets et des annonces ont été mis en veilleuse avant et pendant la campagne électorale, pour éviter de nourrir la grogne et le ressentiment des anti-Legault et des anti-CAQ. Maintenant que le verdict électoral est tombé François Legault au Québec et François Jacques dans Mégantic ont carte blanche. Et l’automne s’annonce particulièrement effervescent. Faudra bien remettre sur la table la distribution des 19 M$ pour Lac-Mégantic. Faudra bien dérouler les plans du futur CHSLD, maintenant que Legault s’est compromis et a promis qu’il y aurait des maisons des aînés «partout au Québec».

Ces quatre dernières années, Mégantic a plutôt été bien servi, de ce point de vue-là pas d’inquiétude, mais tout le monde aurait souhaité que le gouvernement caquiste soit «moins majoritaire» avec une opposition plus musclée.

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