Je me souviens de ces Noëls enneigés où l’on se construisait des forts chez ma grand-mère, à Québec. Il y avait tellement de neige qu’on pouvait monter dans l’arbre en avant de chez elle facilement. Nous revenions à Lac-Mégantic et le lac avait gelé entre Noël et le jour de l’an: il avait fait -30 pendant toute une semaine. Je me souviens de ne pas me poser de questions à savoir s’il serait possible de glisser avec mes cousins et cousines et rentrer, détrempés, pour jouer au Nintendo. Et maintenant, je me demande: mes enfants seront-ils toujours dans le doute avant les fêtes? Seront-ils toujours incertains de pouvoir patiner, glisser et construire des bonhommes de neige pendant leur congé?
Malheureusement, oui. À cause de nous. Nous, qui sommes incapables de ralentir. Incapables de repenser notre consommation et d’acheter local, éthique et responsable. Incapables de fermer le moteur en attendant que notre enfant sorte de l’école ou pendant qu’on va chercher notre «gratteux» au dépanneur. Incapables de cesser d’utiliser le démarreur à distance qui fait rouler notre véhicule pendant 20 minutes pour nous chauffer les fesses pendant les 5 petits kilomètres qui nous séparent du travail. Incapables de regarder autre chose que notre nombril et s’occuper de notre propre confort.
Non, l’essence ne sera jamais assez chère. On peut se plaindre tant qu’on veut contre son prix, ça ne nous empêche pas d’acheter toujours plus, et plus gros. Et laisser rouler notre véhicule. Flauber l’environnement et notre portefeuille.
Grâce aux comportements des dernières générations, nous privons nos enfants d’un Noël blanc, à cause de nos choix au quotidien. J’aime bien la métaphore suivante: êtes-vous capable d’imaginer un renard qui briserait volontairement son terrier? Probablement pas… Et pourtant, nous, les humains, agissons comme tel: nous brisons, en toute connaissance de cause, la planète qui nous nourrit, nous abreuve et nous permet de respirer. Un peu bizarre, pour l’espèce étant censée être la plus intelligente sur Terre.
N’est-il pas le temps de repenser à nos choix, développer notre conscience collective et réfléchir aux conséquences que nos actions au quotidien ont sur l’environnement, les humains et l’économie locale? Réfléchissons avant de prendre la voiture: en ai-je vraiment besoin pour cette emplette au commerce du coin? Si nous vivions à Montréal, on n’y penserait même pas, tant on aurait du trouble à se trouver du stationnement!
Éteignons le moteur: oui oui, on éteint. Pas besoin de le laisser rouler, parce qu’on est bien habillé, c’est l’hiver. En été, on oublie ça faire rouler la voiture au ralenti pour refroidir l’auto, on a tellement attendu la belle chaleur, pourquoi ne pas en profiter?
On magasine usagé: wow les trouvailles dans les friperies! On y trouve de tout et on évite de tomber dans le piège de la fast fashion, l’industrie des vêtements bas de gamme (du type Shein) qui prennent un drôle d’angle dès leur premier lavage, qui pollue par l’utilisation incroyable de pesticides (industrie du coton) et exploite des enfants qui pourraient être les vôtres. Pensez-y: ce n’est pas pour rien que ce n’est pas cher. On ne magasine pas: voilà, c’est dit! On réduit, réduit, réduit! C’est tout simplement l’étape numéro un, qui évite tout gaspillage.
Maintenant, je vois venir les personnes légèrement fâchées sur les réseaux sociaux: « voir que la madame qui écrit l’article a un comportement irréprochable». Loin de moi l’idée de croire cela, je n’ai pas cette prétention! Mais, à travers les années, j’ai compris l’importance de la conscience collective. Cette tendance à voir plus loin que son propre confort, à réfléchir à ses choix pour qu’ils aient un impact positif mineur dans notre vie, mais immense dans la collectivité. À croire que si, tous ensemble, nous faisons un petit effort, cela amènera de grands résultats, pour le bien de tous.
Besoins d’exemples? Je ne composte pas pour moi, je le fais pour que mes déchets organiques ne dégagent pas du méthane outre mesure en étant enfouis sous une tonne de déchets. Je n’ai pas de démarreur à distance, parce que je veux des Noëls blancs et je ne veux pas que des tempêtes de plus en plus incontrôlables détruisent des maisons (même si je ne connais pas les propriétaires).
Cette conscience collective mérite d’être développée par tous. Pensons à nos choix, NOUS sommes TOUS des acteurs du monde d’aujourd’hui. Chaque petit geste compte, pour vrai. L’avenir est entre nos mains, il nous suffit d’en construire un beau, pour les prochaines générations.
Marie-Christine Picard
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