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Ces homards qu’il faut réserver
J’ai passé ma petite enfance aux Iles-de-la-Madeleine. Aussi loin que mes souvenirs me le permettent, le homard a toujours fait partie de mon alimentation. C’était tout naturel de manger de ce crustacé; les homards ne m’ont donc jamais répugnée et j’aime tellement les déguster que je comprends mal que certains n’osent même pas y goûter.
Enfin bref, vous voyez le portrait. Rien d’un tel qu’un homard tout frais pêché qu’on fait cuire soi-même ou bouilli directement à la poissonnerie une fois choisi… Ma dernière expérience avec un homard frais remonte à l’été dernier, à Old Orchard. Je ressens encore ce délice dans ma bouche, moment partagé avec ma fille aînée qui en raffole autant que moi.
Lac-Mégantic n’est pas un port de mer. Ni une grande ville où les homards en vivier sont une réalité permanente. Normal qu’il soit plus rare d’avoir droit à cette gâterie, qui plus est, à un prix abordable.
Heureusement qu’il y a une fête des mères et avec elle des spéciaux sur le homard vivant. Cette année, la circulaire de l’épicerie du centre-ville les annonçait à 5,99$ la livre. Une aubaine doublée d’une récompense bien méritée, ne serait-ce que pour avoir passé à travers l’hiver.
Hors donc, 5,99$ la livre, je vais en acheter deux, nombre équivalent aux personnes mangeant du homard dans ma petite famille. Ça va être super, je vais pouvoir les choisir j’imagine… Moi ce sont les pinces que je regarde en premier.
Enfer et damnation! Pour ceux et celles, dont moi, qui n’étaient pas au courant, je vous informe qu’il faut apparemment RÉSERVER ses homards vivants à l’épicerie du centre-ville. Réserver! Ben oui! Soit plusieurs le savaient déjà ou quelques-uns en ont réservé plusieurs, enfin bref, les homards vivants étaient TOUS réservés! J’en rage encore! Pourquoi alors ne pas mentionner dans la circulaire qu’il faut procéder de la sorte? À mon avis, la réclame concernant ces homards annoncés à 5,99$ s’avère une publicité trompeuse.
Était fâchée la madame! Oui et je le suis encore! Je n’ai pas eu de homard vivant, mais il restait les autres, déjà cuits, au même prix. Je les ai pris, bien sûr, c’était la fête des mères après tout! Est-il nécessaire d’ajouter que leur goût n’était aucunement comparable à ceux dévorés à Old Orchard l’été dernier?
J’ai pas fini. Pendant que j’entendais pour faire peser mes deux homards pas vivants, un monsieur est venu chercher ses homards vivants réservés. Il aurait voulu les choisir mais il n’en était pas question, les crustacés était tous étiquetés d’avance ou je ne sais quoi. Est-il nécessaire de mentionner qu’à Ord Orchard l’été dernier j’avais choisi mes homards?
J’imagine qu’il ne faut pas comparer l’incomparable. Mais l’achat local passe aussi par l’accès à des produits de façon démocratique, surtout s’ils sont annoncés comme tels à l’ensemble de la population. En tant que consommatrice, j’aime avoir le choix. Et cette fois, le choix a eu le dessus sur moi.
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