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Lui donner son bleu?
Une élection, ça change pas le monde, sauf que… Cette année-là, j’avais 24 ans, l’âge où on a l’avenir devant soi, avec des portes qui peuvent s’ouvrir d’autant plus facilement si on a un député-ministre derrière soi! Le mien, dans un ailleurs qu’ici, détenait le portefeuille des Transports dans le cabinet de Robert Bourassa. Un ministère d’influence, puisque tous ses collègues avaient besoin d’un bout d’asphalte, eux aussi, pour courtiser leurs électeurs et assurer leur réélection. Le ministre de la Santé avait besoin d’une subvention de voirie? L’asphalte servait de monnaie d’échange pour tout, y compris des budgets d’hôpitaux.
De sorte que son comté, à «mon» ministre, était généralement gâté. Même en été, avec un taux de chômage supérieur à la moyenne, des centaines de personnes travaillaient aux travaux divers, avec suffisamment de semaines à balayer le bord des routes pour se gagner des timbres de chômage pour le reste de l’année! Et tout le monde était content!
Trois mois avant l’élection, je l’avais rencontré pour une entrevue à son bureau en haut d’une tour, près du Carré d’Youville, à Québec. Au fil de la conversation, je lui avais soufflé quelques mots sur mes aspirations: devenir agent de communication pour son ministère. Fonctionnaire à vie! À moi la vie en ville, la liberté 55 et la grosse retraite! «Reviens me voir après l’élection!», qu’il m’avait lancé, le sourire en coin, ce genre de signe qui vaut son pesant d’or, plus qu’un diplôme universitaire que je n’avais pas. C’était dans la poche! Sauf que… trois mois plus tard, il était réélu, mais dans l’opposition! C’était le 15 novembre 1976! René Lévesque venait d’anéantir mes projets à moi, pour espérer faire avancer son projet à lui! La confrontation entre mes petites aspirations individuelles et un grand rêve pour un tas de gens.
Trente-quatre ans plus tard, qu’on se rassure, je n’ai rien demandé à Christian Paradis. En poste depuis cinq ans, il ne se souvenait même pas de mon nom en début de campagne! Anyway, je me verrais mal lui demander un job à Ottawa et me retrouver avec Dimitri Soudas comme «big boss!» Y’a quand même des ost… de limites!
Par contre, je n’ai rien contre Christian Paradis, même si, à son premier mandat, je me plaisais à lui accoler l’étiquette de «député de Thetford!» En cinq ans, j’ai eu l’occasion de le voir travailler. Et, sans aucun parti pris, je vous le jure, j’ai découvert en lui un «vieux» politicien malgré son jeune âge. Un homme sur qui tout glisse! L’homme de confiance de Stephen Harper a autant de pouvoir qu’un premier ministre de province. Sur ce point, il me fait penser à «mon» ministre des années 70! Un homme d’influence, capable de promettre et de livrer même de l’asphalte dans la municipalité de Val-Racine, alors que le bitume n’est pas de juridiction fédérale! Mais qui s’en préoccupe? L’asphalte n’a pas de couleur! Capable d’engager son gouvernement dans la construction du centre sportif à hauteur de 40% des coûts, ce qui ne s’est pas vu nulle part ailleurs au pays, et d’entraîner le gouvernement du Québec dans son élan d’enthousiasme par rapport au projet.
Aussitôt que j’écris son nom sur mon compte Twitter, je fais rire de moi! Une cousine m’a même conseillé de déménager! Ailleurs que dans Mégantic-L’Érable, Christian Paradis ne jouit pas du même statut. On l’associe à son chef et on le traite de «porteur de valise», quand on n’utilise pas d’autres qualificatifs beaucoup moins polis. Le parti conservateur n’est pas la saveur du mois au Québec, c’est un fait. Mais, dans son comté, on ne peut quand même pas reprocher à Christian Paradis de n’avoir rien fait! Même les organisateurs libéraux lui laissent la voie libre! Chez nous, l’organisation libérale au fédéral comme au provincial rassemble les mêmes militants. Et on verrait mal les organisateurs de la députée provinciale Johanne Gonthier travailler contre Christian Paradis, quand les deux élus ont formé le meilleur tandem, le plus productif de toute l’histoire politique de la région.
Christian Paradis a répété en début de campagne qu’il ne prenait pas sa victoire pour acquise. On a déjà vu, dans le passé, de bons députés qui ont reçu leur 4% et qui ont été balayés par des vagues populaires. On a déjà vu des députés passer du pouvoir à l’opposition. Le risque, cette fois, ce n’est pas tant de savoir quel parti va prendre le pouvoir à Ottawa, on sait déjà que ce sont les conservateurs. Le risque, c’est de voir ce gouvernement devenir majoritaire et de changer toute la dynamique par rapport au Québec.
Le mieux pour nous, électeurs méganticois-l’érabliens, c’est qu’on se retrouve à la case départ, exactement là où on en était avant le déclenchement de cette élection dont personne ne voulait. Il y a encore d’autres grands projets sur la table de dessin. D’autres rêves à concrétiser, comme une salle de spectacle. Oui, nos enjeux sont petits par rapport aux grands intérêts idéologiques nationaux, mais ce sont les nôtres. Et ce sont ces enjeux-là qu’on place dans la valise du député qu’on élit, avec la mission d’aller les défendre là où s’exerce le pouvoir politique.
Et finalement, non jolie cousine, je ne déménagerai pas! Je préfère encore la vie dans nos cantons au bitume et aux congestions de la grande ville!
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