La tragédie selon Guy Corneau

Le célèbre auteur et psychanalyste Guy Corneau a fait salle comble à l’auditorium Montignac le soir du 15 octobre.

«La vie ne peut pas tolérer qu’on ne soit pas nous-mêmes. Les grandes tragédies viennent questionner notre structure et nous offrent une opportunité de changement. Il n’y a pas de sens objectif aux épreuves; leur sens se construit. S’aimer, au fond, c’est donner une chance à l’être vrai qu’on est. Lorsque vous faites ça, la vie a plus de sens.» Le soir du 15 octobre, Guy Corneau donnait une conférence adaptée sur mesure à la réalité des Méganticois. L’événement, offert gracieusement par le célèbre psychanalyste et auteur, a fait salle comble à l’auditorium Montignac.

C’est devant un public attentif que Guy Corneau a partagé sa vision et son expertise, ouvrant une nouvelle fenêtre sur l’après-tragédie, présentée comme une occasion de découvrir sa force créatrice. Selon lui, la vraie tragédie est arrivée bien avant celle du 6 juillet. C’est celle de la personnalité qu’on s’est construite pour plaire ou se protéger et dans laquelle on devient peu à peu enfermé. Tout comme le corps qui envoie des messages qu’on choisit d’ignorer ou d’écouter, la vie offre des occasions de remise en question… ou non.

«Notre personnalité qui a peur de l’inconnu n’est pas liée à la tragédie. Vivre, c’est combler l’écart entre sa personnalité et qui on est réellement.» Le conférencier laisse entendre que, tout comme le centre-ville de Lac-Mégantic, il faut se reconstruire, se mettre en mouvement pour passer à travers la tragédie et faire circuler son énergie créatrice. «Ça, c’est de la résilience. Mais ça n’enlève pas la pleine et la douleur reliées à la perte; on ne peut pas passer à autre chose si le deuil n’est pas vécu.»

«Notre vie ne dépend pas de ce qui nous arrive mais de comment on réagit à ce qui nous arrive», considère Guy Corneau, qui a invité les membres de l’auditoire à utiliser leur imagination créatrice afin de transformer leur état intérieur, au moyen d’un exercice dirigé. Sous une musique inspirée de la harpiste-thérapeure Louise Legagneur, le psychanalyste a proposé d’accueillir son état actuel sans jugement puis de s’imprégner d’images et d’émotions de la transformation souhaitée. Une transformation qui s’opère sous le plan individuel mais aussi d’un point de vue collectif. «Tout ce qui a été créé a d’abord été rêvé. Je vous invite à rêver votre futur centre-ville, à imaginer comment vous souhaiteriez qu’il devienne», transmet-il, indiquant que la solidarité permet la résilience collective.