Oscar Brochy

Le «photographe itinérant» se sent dépossédé de son paysage!

Le «photographe itinérant» se sent dépossédé de son paysage! - Rémi Tremblay : Actualités

Pierre Lebeau aurait aimé être dans le feu de l’action tout au long du chantier. De l’autre côté d’une barrière toujours trop bien gardée!

Qui est-il celui que les passants du «vieux» centre-ville apercevaient régulièrement assis sur un banc de parc devant le Métro, appareil photo en bandoulière? Celui que certains surnommaient le «photographe itinérant»? «Je suis arrivé ici en 2006 pour me refaire une santé et je suis rapidement tombé en amour avec la place», répond Pierre Lebeau. Photographe à la pige pour l’Écho, lui aussi a vu son petit monde changer un certain 6 juillet.

Il a connu une carrière de 25 ans comme cadre dans le milieu de la santé à Montréal. Un problème de santé l’a forcé à quitter son emploi. Arrivé à Lac-Mégantic, il n’a fallu que quelques semaines pour qu’il s’inscrive comme bénévole au Centre d’action bénévole du Granit. Des journées, des mois, des années d’entraide auprès des clientèles fragiles, avec, comme passe-temps, la photo! Devant son objectif, le quotidien des gens et… les immeubles du centre-ville qu’il a capturés encore et encore, comme un témoin privilégié de la vie qui bat et qui évolue au fil des ans. Quand soudain…

«J’étais éveillé. J’ai entendu un fracas, comme une friction sur l’air. Je pensais qu’un météorite venait de tomber!». Les murs de la pièce de son appartement, rue Salaberry, ont pris une teinte orangée. Accourant à la fenêtre, il a été saisi : «Mon Dieu, le centre-ville est en feu!» Prenant son sac, il monte dans son auto et se dirige en hâte vers le stationnement du Métro. Son lieu préféré. «Son» centre-ville où il a… il avait ses bonnes vieilles habitudes. Ses repères! «J’ai vu un homme en état de choc courir en criant : allez-vous en, allez-vous en ! Ça pète de partout. J’ai perdu ma femme et mes deux enfants!» Dans le stationnement municipal, plusieurs essieux de wagons. Et plus loin, un énorme brasier. Il a fait quelques photos avant de quitter par la ruelle entre la SAQ et le Berge Glacée, et de revenir sur Frontenac vers le centre-ville.

«Il y avait une fille en pleurs qui fuyait. Je lui ai demandé si je pouvais l’aider, elle n’a pas répondu. Elle m’a contourné et je ne l’ai plus revue.»

Il s’est avancé jusque devant le bureau de poste pour prendre d’autres clichés. «Je sentais la chaleur. Un pompier m’a demandé de m’en aller.» Mais, au lieu de retraverser le pont, il a choisi d’aller voir sur le boulevard des Vétérans. «J’étais inquiet pour Mme Boulanger (une victime de 93 ans dont il s’occupait). J’ai vu un tas de flammes, des maisons déjà écroulées. Tout était à terre. Il y avait des explosions, ça revolait en mille miettes!». Il a choisi de quitter et de regagner l’autre rive de la Chaudière.

Deux semaines plus tard, il a bien tenté d’avoir une autorisation spéciale pour aller photographie le centre-ville en ruines, mais impossible. «J’ai bien essayé de défendre mon point de vue, en disant aux policiers que c’était historique, que ça prendrait une heure, qu’ils pouvaient m’accompagner, mais peine perdue!»

Et comment il se sent, trois mois plus tard ? «Dépossédé de mon paysage, comme tant d’autres.» Et dépassé de toutes ces interdictions, pas toujours justifiées. De photographe itinérant, il est devenu guide touristique itinérant, à force de passer ses temps libres aux abords du périmètre sécurisé. «Soit ils viennent vers moi, soit je vais vers eux. Pour ceux qui en sont à leur première visite, je leur donne des points de repères ! En leur montrant une photo du centre-ville d’avant, je leur indique où était le Musi-Café !»

A-t-il songé à vendre ses photos prises de l’incendie? «Non, je ne veux pas profiter de la situation. Photographier le site, je le fais pour les gens qui y sont morts, pas pour faire de l’argent avec.»
Au fil des conversations avec les gens qu’ils croisent, il lui arrive de distribuer gratuitement une photo du centre-ville d’avant le 6 juillet. «Après avoir passé de longues minutes avec eux, je me dis qu’ils valent que je leur donne une photo.» Il n’a pas trop l’esprit à faire de la business avec cette tragédie, Pierre Lebeau.

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